Mercredi 18h50: à l’heure exacte à laquelle a débuté lundi le terrible incendie qui a dévasté Notre-Dame de Paris, « Marie-Joséphine », le bourdon de la basilique Notre-Dame-de-la Garde à Marseille, retentit, à l’instar des cloches des cathédrales françaises, de Rennes à Saint-Denis-de-la-Réunion.
En « solidarité avec le diocèse de Paris », la Conférence des évêques de France avait annoncé sur Twitter que toutes les cloches des cathédrales de France sonneraient à cette heure-là. D’autres cathédrales européennes, comme en Pologne ou à Prague, devaient faire de même.
A Rennes, à l’heure dite, la cathédrale Saint-Pierre est archi-pleine quand les cloches carillonnent. Dans la foule, des représentants des communautés protestante, juive et musulmane. « On vient témoigner notre solidarité à la communauté catholique », déclare le président du Conseil régional du culte musulman, Mohamed Zaïdouni.
Au même moment, à Reims, 300 à 400 personnes sont devant la cathédrale Notre-Dame. Quelques instants de recueillement puis des applaudissements nourris quand les cloches se taisent.
Applaudissements aussi à Saint-Denis-de la Réunion, avec deux heures d’avance en raison du décalage horaire, après cinq minutes de carillons.
Partout, les images de Notre-Dame en feu ont soulevé une immense émotion. « C’est comme si la Bonne mère se mettait à brûler. Même si je ne suis pas croyante ça fait de la peine », témoigne Marjorie, 45 ans qui s’est rendue à Notre-Dame de la Garde, qui surplombe Marseille.
« Si ça peut amener de la communion dont on a tous besoin, qu’on soit croyant ou que nous ne croyions pas au ciel, je pense que c’est quelque chose de tout à fait fondamental, qui nous donne un peu de souffle », commente Laurent Chanignon, membre du diocèse, sur le parvis en sortant d’une messe consacrée à Notre-Dame de Paris.
« Pour nous chrétiens, c’est quelque chose de très parlant, c’est la semaine sainte qui mène vers la résurrection, donc peut être que c’est une résurrection », poursuit ce catholique pratiquant.
– « une vraie catastrophe » –
« Notre-Dame c’est à la fois l’Eglise et la République », estime Jean, 75 ans, venu se recueillir au son du bourdon sur le parvis de la cathédrale Sainte-Cécile à Albi, classée patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
A Lille, à 18h50, une trentaine de personnes sont debout, émues, tournées vers la cathédrale Notre-Dame de la Treille. Plusieurs dizaines d’autres, attablées en terrasse ou passées par hasard, lèvent les yeux et interrompent leurs conversations.
« Nous avons habité la région parisienne et étions très attachés à ce monument vraiment exceptionnel. On a été très touchés et très tristes quand on a compris que ce n’était pas un petit incendie mais une vraie catastrophe », raconte François Lammin, 63 ans, venu avec sa compagne se recueillir. Originaires du Sud et de passage à Lille, le couple passera par Paris, sur le chemin du retour, car « même si nous ne sommes pas particulièrement croyants nous voulons lui rendre hommage ».
A Bordeaux, quelques centaines d’habitants, certains sortant du travail, et de nombreux touristes se sont immobilisés pendant dix minutes, le temps d’entendre les trois cloches et le bourdon de la Tour Pey-Berland du 15e siècle.
A la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, Stéphane Girard, mormon, est venu avec sa femme et ses trois petites filles, tous à vélo, parce que « c’était la chose la chose la plus importante à faire ». Environ 150 personnes sont rassemblées sur le parvis, à l’écoute des cloches. Puis un trompettiste amateur entame l’Ave Maria.