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À Copacabana, les Brésiliens votent plus par rejet que par conviction

Dans un bureau de vote avec vue imprenable sur la plage de Copacabana de Rio de Janeiro, la plupart des…

Dans un bureau de vote avec vue imprenable sur la plage de Copacabana de Rio de Janeiro, la plupart des électeurs disent qu’ils vont départager Jair Bolsonaro et Fernando Haddad en votant davantage par rejet d’un candidat, plutôt que par conviction pour le programme de l’autre.

Au milieu de la file d’attente d’une vingtaine de personne qui s’est formée à une demi-heure de l’ouverture du bureau de vote pour ce second tour de la présidentielle, Elias Chaim est le seul jeune parmi les personnes âgées, dans ce quartier aisé et touristique où vivent de nombreux retraités.

Avec ses cheveux longs et frisés aux reflets bleus et un autocollant « Haddad » sur son t-shirt rouge, le jeune homme de 23 ans ne passe pas inaperçu.

Pourtant, cet étudiant ingénieur et producteur musical n’est pas totalement convaincu par le candidat du Parti des Travailleurs (PT, gauche) pour lequel il va voter.

« Je n’aime aucun des deux candidats qui sont au second tour, mais j’ai décidé de voter Haddad à cause du discours de haine et d’intolérance de Bolsonaro », explique-t-il, rappelant les nombreux dérapages racistes, misogynes ou homophobes du candidat d’extrême droite.

« Au premier tour, j’ai voté nul, mais aujourd’hui j’ai dû prendre position parce que nous vivons un moment critique dans notre pays », souligne le jeune homme.

Quelques mètres derrière lui dans la file d’attente, sous le ciel nuageux et près d’une des plages les plus célèbres au monde, Francisco Kacprzak n’est pas non plus emballé par le candidat qu’il a choisi.

Mais ce médecin de 65 ans va tout de même donner son suffrage à Jair Bolsonaro, favori du scrutin.

« Je n’ai pas la moindre sympathie pour lui, mais je n’a pas le choix. Je préfère voter Bolsonaro que de donner ma voix au PT, je suis contre la gauche depuis toujours », affirme cet habitant de Copacabana aux petites lunettes et au crâne légèrement dégarni.

Au premier tour, il avait voté pour Geraldo Alckmin, candidat du traditionnel parti de centre droit PSDB, qui n’a obtenu que 4,76% des voix.

– Climat délétère –

Alexandra de Souza, 44 ans, elle, se dit « lassée des hommes politiques, qui n’inspirent plus confiance ». Elle critique notamment le PT de Fernando Haddad, qui est resté 13 ans au pouvoir (2003-2016) et s’est retrouvé au coeur de nombreux scandales, de corruption notamment.

« Le PT, on sait déjà comment ça marche, on a vu ce que ça a donné, donc je préfère tenter quelque chose de nouveau en votant Bolsonaro », déclare-t-elle, tenant par la main son fils Thiago, 8 ans.

Vania Livia Pontes, 65 ans, regrette le climat délétère de la campagne, avec des familles et des amitiés de longue date parfois déchirées à cause des divergences politiques, dans un Brésil extrêmement polarisé.

« J’ai vu beaucoup de conflits, de bagarres, mais j’ai préféré rester neutre », a affirmé cette retraitée, qui espère que la poigne de Bolsonaro, chantre de la dictature militaire (1964-1985), pourra régler les problèmes de violences qui secouent Rio.

« On ne peut plus rester dans la rue, hier encore une fusillade a éclaté près de chez moi », a-t-elle déclaré.

Joelle Rouchou, fonctionnaire de 61 ans qui a toujours voté à gauche, se dit « inquiète de voir tant de gens croire que Bolsonaro est le messie ».

« Je ne suis pas très optimiste, mais j’ai tout fait pour convaincre des gens autour de moi de changer d’avis pour laisser un pays démocratique à mon petit fils », conclut cette ancienne journaliste dont la famille a des racines françaises.

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