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A Malte, l’unique survivant d’un petit canot raconte l’enfer à bord

Un Ethiopien secouru lundi dans un état critique sur un petit canot parti de Libye 11 jours plus tôt a…

Un Ethiopien secouru lundi dans un état critique sur un petit canot parti de Libye 11 jours plus tôt a raconté à Malte l’enfer à bord et la mort lente de ses 14 compagnons de voyage.

« Nous étions 15 sur le bateau et je suis le seul en vie. Dieu a envoyé les Maltais me sauver », a expliqué Mohammed, 38 ans, dans un entretien au Times of Malta, réalisé sur son lit d’hôpital avec l’aide d’un interprète.

Membre d’un groupe rebelle en Ethiopie, il raconte avoir fui il y a 15 ans en Erythrée puis au Soudan. Sur les conseils d’amis installés en Allemagne, il a récemment rejoint la Libye pour tenter de les rejoindre en Europe.

Pour 700 dollars (630 euros), il a embarqué le 1er août de Zaouia, à 45 km à l’ouest de Tripoli, à bord d’un petit canot pneumatique bleu. Avec lui, deux Ghanéens, dont une femme enceinte, deux Ethiopiens et dix Somaliens.

Le passeur « nous a donné un GPS et nous a dit +allez à Malte+ ».

C’est le carburant qui a manqué en premier, puis la nourriture, puis l’eau. « Nous avons commencé à boire l’eau de mer. Au bout de cinq jours, deux personnes sont mortes. Ensuite, il y a eu deux morts chaque jour », raconte l’homme au crâne dégarni et à la courte barbe.

« Nous avons vu beaucoup de bateaux. Nous avons crié +au secours, au secours !+. Nous leur faisions des signes mais ils passaient sans s’arrêter. Un hélicoptère aussi est passé et reparti », dénonce-t-il.

Avec la chaleur, l’odeur des corps est vite devenue insupportable. Aussi Mohammed et Ismail, un Somalien qu’il avait rencontré en Libye, les ont-ils jetés à l’eau un à un, jusqu’à rester seuls à bord.

Mohammed n’a pas souvenir d’avoir vu Ismail mourir à son tour. Il ne se souvient pas non plus de l’arrivée de la marine maltaise, prévenue par un avion de l’agence européenne Frontex qui avait repéré le petit canot bleu. Transporté en hélicoptère, il s’est réveillé dans un hôpital de Malte.

Depuis que les navires militaires se sont retirés de la zone de secours au large de la Libye et que les navires humanitaires font face à des obstacles croissants, Malte s’est régulièrement retrouvée en première ligne ces derniers mois pour accueillir les migrants.

Depuis le début de l’année, le plus petit pays de l’UE a secouru et accueilli plus d’un millier de migrants, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

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