A 24h de la célébration du Grand Magal, les fidèles mourides qui continuent d’arriver par milliers à Touba, allient, pour la plupart d’entre eux, ferveur religieuse et activités commerciales, axées sur la vente et l’achat d’aliments, mais aussi et surtout de talismans tirés du Coran, de portraits et d’accessoires à l’effigie des différents khalifes de la confrérie fondée par Cheikh Ahmadou Bamba.Serigne Fallou, la trentaine approximativement, a fini de disposer sur son étal situé face à la grande mosquée de petits papiers blancs remplis d’écritures en arabe. Appelés « kiis » en wolof, ils coûtent chacun 200 FCFA et sont « prompts à vous donner une intelligence vive dans les études», assure le commerçant dont la taille est ceinte d’une grande ceinture comme celle que portent habituellement les Baye Fall (une des branches du mouridisme).
«Quand vous vous levez le matin après la prière de l’aube, vous infusez ce papier dans de l’eau, puis vous y versez du miel » avant de le boire, explique-t-il à ses nombreux clients, composés majoritairement de jeunes. A voir la mine radieuse qu’ils affichent en s’en allant avec leur « kiis », on devine leur conviction d’être tombé sur une bonne affaire.
« C’est du Coran cela » et par « la grâce de Serigne Fallou », un des anciens khalifes des mourides et fils du fondateur du mouridisme, « ça va se passer comme je te l’ai dit », rassure-t-il à un client.
Beaucoup de commerçants comme Serigne Fallou font de bonnes affaires sur l’axe qui mène tout directement vers l’imposante Grande mosquée de la ville, un lieu de culte qui attire tous les regards à cause de son long minaret appelé « Lamp Fall », du nom du chef des Baye Fall, Mame Cheikh Ibrahima Fall, célèbre compagnon de Cheikh Ahmadou Bamba.
Un peu en avant, Omar « Saloum-Saloum » (personne venant de la région centre du Sénégal, particulièrement de Kaolack) vend des t-shirts à l’effigie de guides religieux du mouridisme. Moins heureux que Serigne Fallou, il n’a pas pu satisfaire un jeune client qui voulait un t-shirt en coton portant l’image du fondateur du mouridisme.
« La plupart des clients ne demandent que ce t-shirt mails il est en rupture de stock », affirme Omar dans sa place louée à 5000 FCFA durant toute la durée du Grand Magal, un événement qu’il ne rate pas depuis 3 ans en tant que commerçant de ces vêtements vendus entre 500 et 2500 FCFA la pièce.
Il n’y a pas que les Sénégalais à se lancer dans le petit commerce durant le Magal. D’autres ressortissants africains, comme les Nigériens, ne sont pas en reste, même si la plupart cachent les montants de leurs bénéfices journaliers.
Venus depuis plus de 6 mois au Sénégal en provenance d’une ville très éloignée de Niamey, la capitale du Niger, deux hommes dont les visages portent des balafres commercialisent, depuis hier vendredi à Touba, des chéchias et bonnets de différentes façons et couleurs.
S’exprimant à la fois dans un français et un wolof approximatif, ils confient que « les choses ne marchent pas encore » comme ils le pensaient en partant de Dakar où ils achetés leurs produits pour les vendre entre 1000 et 3000 FCFA la pièce.
En dehors de la commercialisation des articles religieux, plusieurs produits alimentaires sont également vendus, à l’image notamment de l’ananas proposé à tous les rues et ruelles de la cité religieuse.
Contrairement à Dakar, la capitale, où, selon les périodes, des fruits comme les oranges ou la pastèque tiennent le haut du pavé, ici à Touba c’est l’ananas qui est le plus vendu. Découpé en rondelles coûtant chacune 100 FCFA ou proposé en entier, pour des prix variant entre 500 et plus de 1500 FCFA, selon Mamadou Saliou, un Guinéen.
Confiant avoir convoyé ses fruits depuis Kindia en Guinée et « avec toutes les difficultés de transport que cela entraine», il affirme que ses affaires « ne marchent pas pour le moment ».
Cette mauvaise passe de Mamadou est loin de décourager les nombreux vendeurs occasionnels du Magal qui placent toute leur confiance « au propriétaire de cette cité (Cheikh Ahmadou Bamba) » dont la baraka pourrait constituer, d’ici demain, jour J, un déclencheur dans la marche de leurs activités, vu l’affluence de personnes qui continuent de se déverser dans la ville religieuse.