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A Washington, l’Italien Salvini affiche sa proximité avec les Etats-Unis de Trump

Matteo Salvini, le ministre de l'Intérieur d'extrême droite qui s'impose toujours plus comme l'homme fort du gouvernement populiste en Italie,…

Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur d’extrême droite qui s’impose toujours plus comme l’homme fort du gouvernement populiste en Italie, a affiché lundi à Washington sa « proximité » avec l’administration de Donald Trump.

Pas de rencontre avec le président des Etats-Unis mais le vice-Premier ministre italien a été reçu par le secrétaire d’Etat Mike Pompeo puis, à la Maison Blanche, par le vice-président Mike Pence.

Le premier a salué la « valeur » des relations italo-américaines tandis que le second a insisté sur les « priorités partagées » par les deux pays.

Matteo Salvini, dont la Ligue vient de remporter les élections européennes et de renforcer sa position au sein du fragile gouvernement de coalition avec les antisystème du Mouvement Cinq Etoiles, n’a que peu évoqué sa propre action dans la lutte contre l’immigration clandestine.

Il a en revanche tenté de se forger une stature internationale en soulignant sa « vision partagée » avec le gouvernement du milliardaire républicain « sur l’Iran, le Venezuela, la Libye, la situation au Moyen-Orient, le droit à l’existence d’Israël et sur les inquiétudes quant à l’arrogance chinoise à l’égard de l’Europe et du continent africain ».

Comme Donald Trump, il a plaidé pour un dialogue avec la Russie de Vladimir Poutine afin de « rapprocher Moscou du système de valeurs occidentales plutôt que de la laisser dans les bras de Pékin ».

Comme lui, il a dénoncé la gabegie imputée aux Nations unies.

Et comme le président américain, il a défendu pour son pays une baisse des impôts massive malgré les réticences de Bruxelles liées au déficit et à la dette publics de Rome, allant jusqu’à plaider pour la mise en oeuvre d’un « budget trumpien » dans la Péninsule.

– Invitation à Pompeo –

Quitte à donner, sur le sol américain, des coups de griffe à son propre gouvernement.

Il a ainsi une nouvelle fois pris ses distances avec la signature d’un accord sur le projet chinois des « Nouvelles routes de la soie », que l’Italie a été le premier pays du G7 à rejoindre, au grand dam des Etats-Unis qui y voient l’outil des velléités hégémoniques de la Chine.

Tout comme il a déploré que son exécutif n’ait pas encore formellement reconnu l’opposant vénézuélien Juan Guaido comme président par intérim, à l’instar de Washington et d’autres pays européens. « Si ça n’en tenait qu’à moi, on l’aurait déjà reconnu », a-t-il glissé lors d’une conférence de presse.

Quant à l’Union européenne, que Donald Trump ne manque jamais d’égratigner, Matteo Salvini en a critiqué les « fragilités ».

« Je crois pouvoir dire que l’Italie est le pays le plus fiable, cohérent et crédible comme interlocuteur pour les Etats-Unis en Europe vu que d’autres, à Berlin et à Paris, ont mis en avant d’autres idées », a-t-il lancé après sa rencontre avec Mike Pence, se présentant en « alternative au superpouvoir franco-allemand ».

L’administration Trump et le milliardaire lui-même ne cachent pas leurs affinités avec le gouvernement populiste italien, qui s’est fait le chantre à Washington de « l’Italia first ».

« L’approche de Salvini en matière de politique étrangère (…) s’inspire fortement de la stratégie +America First+, l’Amérique d’abord du président Trump, ce qui crée des fractures avec le Mouvement Cinq Etoiles et des incertitudes dans les équilibres européens », souligne la chercheuse italienne Giovanna De Maio, du cercle de réflexion américain Brookings Institution.

Evoquant les liens du chef de la Ligue avec « les cercles d’extrême droite américains », et notamment avec Steve Bannon, l’ancien proche conseiller de Donald Trump, elle rappelle qu’un soutien de l’administration américaine peut lui donner du poids en Europe dans sa tentative de s’imposer en tant que « chef de file du front souverainiste ».

Matteo Salvini, qui a dit avoir convaincu Mike Pompeo de se rendre à l’automne dans les Abruzzes, région du centre de l’Italie d’où étaient originaires les grands-parents du chef de la diplomatie américaine, a tenté de surfer sur ces affinités, les élargissant à d’autres pays.

« Entre l’Italie, les Etats-Unis, Israël, Brésil, la Pologne et la Hongrie, il y a une proximité dans la vision du monde, des droits et des valeurs », a-t-il assuré, martelant que la Ligue n’était pas « isolée ».

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