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Abassi Madani, chef historique du FIS, enterré samedi en Algérie

Le corps d'Abassi Madani, chef historique du Front islamique du Salut (FIS) algérien, parti islamiste d'opposition dissous en 1992, est…

Le corps d’Abassi Madani, chef historique du Front islamique du Salut (FIS) algérien, parti islamiste d’opposition dissous en 1992, est arrivé samedi pour être enterré à Alger, où des centaines de partisans sont venus lui rendre hommage, selon des journalistes de l’AFP.

Abassi Madani est mort mercredi à l’âge de 88 ans après une longue maladie, dans un hôpital de Doha où il vivait en exil depuis 2003.

En 1992, il avait appelé à la lutte armée après l’interruption par l’armée du processus électoral, face à la victoire annoncée du FIS aux premières législatives multipartites du pays qui avait ensuite sombré dans une décennie de guerre civile.

La dépouille du chef islamiste est arrivée samedi dans l’après-midi à l’aéroport d’Alger, selon des sources de sécurité et des proches.

Elle a ensuite été transportée dans la maison familiale dans le quartier de Belcourt, dans le centre d’Alger, où se sont rassemblés des centaines de partisans.

« Madani doit être enterré dans le cimetière Sidi M’Hamed, non loin de la maison », a indiqué une source de sécurité à l’AFP.

En marchant vers le cimetière, les partisans de Madani ont scandé « Allah Akbar » et « Il n’y a de dieu que Dieu, et Mohamed est son prophète, c’est pour le Front que nous vivons, pour lui que nous mourrons et que nous atteindrons Dieu », un slogan connu du FIS dans les années 1990.

L’un de ses compagnons de route, Ali Belhadj, qui avait été emprisonné avec Madani au début des années 1990, a indiqué sur sa page Facebook avoir été « empêché d’assister aux funérailles », sans donner davantage de précisions.

Abassi Madani avait quitté l’Algérie en 2003 après avoir été libéré de prison où il avait purgé une peine de 12 ans pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Il avait été aussi interdit de toute activité politique.

– « Décennie noire » –

Pour de nombreux Algériens, les noms d’Abassi Madani et du FIS resteront tragiquement associés à la « décennie noire » dans laquelle l’Algérie a plongé au début des années 1990.

Après la large victoire en juin 1990 du FIS aux élections locales – premier scrutin pluraliste de l’histoire de l’Algérie – Madani s’est comporté en successeur virtuel du président Chadli Bendjedid, en fin de mandat.

Arrêté en juin 1991, c’est depuis sa cellule, qu’il a assisté à la fin de cette même année à la victoire du FIS au 1er tour des législatives, puis à l’annulation du 2e tour et à la dissolution de son parti début 1992.

Cette dissolution du FIS a interrompu le processus démocratique et le pays a basculé dans la guerre civile, groupes islamistes armés contre forces de sécurité.

Mais les civils figureront en nombre parmi les 200.000 morts officiels du conflit, victimes notamment des attentats ou massacres attribués aux maquis islamistes.

Le décès de Madani survient trois semaines après la démission du président Abdelaziz Bouteflika, porté au pouvoir par l’armée en avril 1999 et qui s’était employé à rétablir la paix, via des lois d’amnistie.

Le pays est en proie depuis le 22 février à des manifestations inédites depuis 20 ans qui réclamaient dans un premier temps le départ d’Abdelaziz Bouteflika et qui veulent désormais la fin du « système ».

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