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Accéder à beIN, un casse-tête pour les fans de football en Arabie saoudite

Abdelrahman, un fan du FC Barcelone, a trouvé la parade. Pour continuer à suivre son club, il a renouvelé son…

Abdelrahman, un fan du FC Barcelone, a trouvé la parade. Pour continuer à suivre son club, il a renouvelé son abonnement à beIN Sports via un ami koweïtien, contournant le bannissement du bouquet qatari en Arabie saoudite.

Conséquence de la crise du Golfe qui oppose Ryad et ses alliés à Doha, il est devenu impossible d’accéder depuis l’Arabie saoudite au bouquet du Qatar.

« beIN Sports couvre tous les championnats et tous les tournois. Il est incontournable », dit à l’AFP le jeune homme qui a préféré taire son nom de famille en raison de la sensibilité politique du sujet.

« J’adore Barcelone (…). Je suis victime d’une crise politique dans laquelle je n’ai rien à voir », ajoute-t-il.

En juin 2017, le royaume saoudien, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations avec le Qatar et lui ont imposé un boycott économique.

Les quatre pays accusent Doha de soutenir les groupes extrémistes, de se rapprocher de l’Iran et de semer la discorde dans les pays arabes via sa chaîne Al-Jazeera, ce que l’émirat nie.

Dès le début de la crise, Ryad a interdit la vente et la distribution de récepteurs beIN, l’accès à ses sites internet et les transactions financières avec le Qatar.

Les six distributeurs de beIN ont fermé leurs points de vente et le logo de la chaîne a disparu des rues et des devantures des cafés.

– Marché noir –

« J’ai dû faire un virement bancaire à un ami au Koweït pour qu’il renouvelle mon abonnement de là-bas », explique Abdelrahman, en relevant que cela a entraîné des frais supplémentaires.

Le bouquet beIN conserve les droits de diffusion exclusifs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de la plupart des grandes compétitions sportives internationales et régionales.

Installé en Arabie saoudite, Abdelmoneim, un ingénieur égyptien de 34 ans, doit lui aussi contourner les restrictions pour regarder les matchs de son club cairote préféré, Zamalek.

« J’utilise un VPN (réseau privé virtuel, NDLR) et je passe par le service de paiement en ligne Paypal », confie-t-il, ajoutant avoir agi sur les conseils d’amis malgré la « complexité » du procédé.

L’interdiction de beIN a favorisé l’émergence d’un marché noir, dont l’épicentre se trouve tout au long de la rue Al-Hamdani, dans le centre de Ryad, avec ses nombreuses boutiques de récepteurs de télévision.

Les passants sont abordés par des vendeurs à la sauvette, pour la plupart asiatiques, qui proposent des abonnements à BeIN pour un minimum de 1.400 riyals (330 euros), alors que le montant officiel est de 1.125 riyals (270 euros).

« Du moment qu’on ne peut pas traiter avec le Qatar (…), nous proposons de renouveler les abonnements via des agents à l’étranger ou par des récepteurs de contrebande », explique un vendeur sous le couvert de l’anonymat.

– « Piratage de masse » –

Les autorités saoudiennes n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP sur le boycott de beIN et la possibilité de le lever.

beIN accuse l’Arabie d’organiser le « piratage de masse » de ses programmes via son opérateur satellitaire ArabSat et une chaîne se faisant appeler beoutQ.

La Fifa a, à plusieurs reprises, pointé du doigt cette chaîne pirate, dont Ryad nie être à l’origine.

beoutQ a cessé d’émettre en août mais reste accessible sur internet.

De nombreux cafés de Ryad ont recouru à cette chaîne pour répondre à la demande de leurs clients.

« Pendant longtemps, montrer beIN Sports c’était comme se livrer à un trafic de drogue », ironise Mohammed, en rappelant que les autorités avaient confisqué les récepteurs du bouquet dès le début de la crise en 2017.

« L’Arabie saoudite était de loin notre plus grand marché au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », a souligné un porte-parole de beIN Sports qui a requis l’anonymat.

Pour lui, les Saoudiens sont les « premières victimes » de la situation actuelle, même si beIN Sports déplore des pertes « de plus d’un milliard de dollars par semestre ».

« Perte d’abonnés, de publicités, énormes frais juridiques et d’experts techniques » expliquent ce montant, selon ce porte-parole.

« En juin de l’année dernière, nous avons été obligés de licencier près de 20% de notre personnel dans la région », dit-il.

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