InternationalAFP




Afghanistan: confusion à Ghazni, coupée du monde après l’entrée des talibans

Le gouvernement afghan et les talibans affirment contrôler Ghazni mais la situation demeure confuse samedi dans cette ville de 280.000…

Le gouvernement afghan et les talibans affirment contrôler Ghazni mais la situation demeure confuse samedi dans cette ville de 280.000 habitants à deux heures de Kaboul, disputée depuis plus de 24 heures, dont les élus avaient régulièrement alerté sur les risques d’attaques.

« Le gouvernement de Kaboul affirme que la situation est sous contrôle, mais les contacts que nous avons eus avec les responsables sur place indiquent que les combats continuent dans les faubourgs de la ville », a déclaré samedi à l’AFP Shah Gul Rezaye, députée de Ghazni.

« Malheureusement les communications ont été coupées vendredi après-midi par les talibans et il n’y a plus non plus d’électricité en ville », a ajouté cette élue qui ne parvient plus depuis à établir le contact avec sa circonscription.

C’est la deuxième fois en moins de trois mois que les talibans parviennent à s’emparer, même brièvement, d’une capitale provinciale après la chute de Farah mi-mai, rapidement reprise par les forces armées.

Vendredi soir, le ministère de la Défense a annoncé que Ghazni était sous le contrôle de l’armée qui procédait à des fouilles maison par maison pour déloger les talibans cachés chez les civils, mais cette information n’a pas pu être confirmée de source indépendante.

Un responsable cité par la télévision Tolo news affirme que « la situation est calme dans les trois quarts de la ville avec des tirs épars à l’ouest. Des boutiques ont rouvert samedi ».

Le ministère de l’Intérieur a annoncé une conférence de presse à 14H00 (9H30 GMT) et prévenu qu’il ne dirait « rien » d’ici là.

De leur côté les talibans multiplient les communiqués triomphants: « Les moudjahidines ont pris un bataillon entier la nuit dernière et saisi des armes et munitions et quatre camions… Ils protègent la ville de Ghazni bloquant l’avancée de l’ennemi » (les forces afghanes, ndlr), a indiqué leur porte-parole Zabihullah Mujahid.

Il a également annoncé en fin de matinée la prise de nouveaux checkpoints et celle de « la prison de Ghazni (dont) tous les prisonniers ont été libérés et emmenés en lieux sûrs ».

L’unique bilan disponible après 36 heures de combats remonte à vendredi à la mi-journée: 16 morts dont 14 soldats et 33 blessés dont 25 membres des forces de sécurité et huit civils avaient été acheminés à l’hôpital.

Des photos circulant sur le réseau Twitter montrent également des corps de talibans tués.

Selon le chef de la police locale, Farid Ahmad Marshal, les talibans ont lancé leur assaut jeudi soir entre 23H00 et minuit, en attaquant les barrages de sécurité qui ceinturent la ville.

– Renforts au sol et par hélicotpère –

Les forces américaines sont rapidement intervenues en menant des raids aériens, par drone et par hélicoptère pour soutenir les troupes au sol en attendant l’arrivée des renforts militaires.

La ville de Ghazni est située sur l’axe stratégique Kaboul-Kandahar, desservie par l’autoroute circulaire, le ring, qui relie les grandes villes du pays entre elles.

« Le gouvernement nous a annoncé hier soir vers 22H30 l’arrivée de renforts au sol et par hélicoptère mais nous sommes inquiets et nous l’avons dit » a poursuivi Mme Rezaye.

Selon elle, les élus de la ville ont plusieurs fois mis en garde les autorités ces dernières semaines contre la vulnérabilité de Ghazni et demandé l’envoi de renforts pour la protéger.

« Même avant le début des combats nous avons eu des réunions entre les six élus de Ghazni et les membres du conseil provincial chez le chef de l’Exécutif, Abdullah Abdullah et le ministre de l’Intérieur. On leur a dit qu’on craignait la chute de Ghazni ».

« Notre dernière réunion a eu lieu la veille de l’attaque » (mercredi), a-t-elle insisté.

La province de Ghazni est l’une des plus instables du pays, avec une forte présence des talibans qui dressaient ces dernières semaines des barrages tout autour de la capitale. Au point qu’aucun candidat n’a souhaité s’enregistrer pour les législatives d’octobre.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne