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Afghanistan: l’armée se déploie à Jalalabad, meurtrie par les attentats

L'armée s'est déployée en urgence mercredi dans les rues de Jalalabad, la grande ville de l'est de l'Afghanistan, cible d'attentats…

L’armée s’est déployée en urgence mercredi dans les rues de Jalalabad, la grande ville de l’est de l’Afghanistan, cible d’attentats répétés du groupe Etat islamique, dont les combattants sont chassés de leurs fiefs par des opérations militaires et les talibans.

Quelque « 150 combattants de Daech (acronyme arabe de l’EI), avec leur commandant et son adjoint », se sont rendus mercredi à Jawzjan, s’est félicité le ministère de la Défense, ce qu’a confirmé le gouverneur de cette province du nord du pays.

A Jalalabad, la crainte de l’EI était pourtant à son comble. Dès la matinée, des soldats étaient visibles aux carrefours, où de nouveaux check-points ont été dressés après une énième attaque mardi qui a fait au moins quinze morts – dont une employée de l’Organisation internationale des migrations (OIM) âgée de 22 ans – et autant de blessés.

« Les terroristes ont changé de tactique et s’en prennent de plus en plus aux civils. Pour mieux protéger la population, l’armée va prendre en charge la sécurité en ville », a déclaré à l’AFP Attaullah Khogyani, le porte-parole du gouverneur du Nangarhar, province dont Jalalabad est la capitale.

« Des renforts sont envoyés des provinces voisines. Ils seront soutenus par la police et les autres services de sécurité », a-t-il expliqué, ajoutant que les forces spéciales ont été appelées en renfort sur ordre de la présidence.

Le président Ashraf Ghani a tenu « une réunion d’urgence » par visio-conférence avec les responsables civils et militaires de la région, ordonnant que « soit assurée la sécurité de le population et des institutions civiles », ont annoncé ses services.

– ‘Hors de contrôle’ –

L’opération, qui a visé le département des réfugiés et rapatriés mardi, n’a pas été revendiquée. Mais les talibans ont affirmé n’y être pour rien, désignant implicitement l’EI qui a installé ses premières et principales bases en Afghanistan dans trois districts de la province.

Samedi une école de sages-femmes avait été attaquée pendant près de sept heures, faisant trois morts parmi les gardes. Là encore les talibans avaient nié toute implication.

Depuis le printemps, les attentats-suicides se répètent à Jalalabad, avec des opérations majeures comme celle qui a visé le 1er juillet la communauté sikhe (21 morts dont 17 Sikhs) et tué l’un de ses principaux représentants, Atvar Singh.

« Nous allons défendre cette ville jusqu’à la mort », assurait mercredi matin Mohammad Ali à un barrage. Son unité a été appelée en renfort depuis la province voisine de Kunar. « Nous avons établi neuf barrages supplémentaires. Nous sommes mieux équipés (que la police), nous allons fouiller tous les gens et les véhicules. »

« La police fait de son mieux mais elle n’est pas aussi bien équipée que l’armée. Et puis certains policiers sont liés à des gens puissants et ne veillent qu’à la sécurité de leurs maîtres », accuse Hadi Niazi, un responsable administratif de Jalalabad.

La présence des soldats trahit « l’urgence », relève l’ancien général et analyste militaire, Hadi Kkhalid : « l’armée est généralement envoyée quand la situation est pratiquement hors de contrôle, ce qui est le cas à Jalalabad. »

– ‘Cibles faciles’ –

Pour lui, « l’EI subit actuellement la double pression de l’armée et des talibans (qui le combattent dans le nord notamment). Ils ont perdu beaucoup d’hommes et leur seule stratégie pour se maintenir à flot, c’est d’attaquer des cibles faciles. »

Depuis le cessez-le-feu de trois jours mi-juin entre l’armée et les talibans, les principaux attentats visant la population civile se sont tous produits à Jalalabad et ont été revendiqués ou attribués à l’EI.

Les talibans en revanche ont annoncé mi-juillet qu’ils ne conduiraient plus d’attaques suicide en ville s’ils ne sont pas sûrs de ménager les civils.

Ils combattent actuellement l’EI dans les provinces septentrionales de Jawzjan et Sar-e-Pul où les islamistes de Daech s’étaient progressivement installés à l’été 2017.

La reddition dans la nuit des 150 combattants de l’EI à Jawzjan est « la plus importante » depuis que ce groupe s’est installé en Afghanistan en 2015, même si ce n’est pas la première, a souligné le porte-parole militaire de la région Nord, Mohammad Hanif Rezaee.

Le groupe comprenait « des familles, dont une trentaine de femmes et d’enfants », a-t-il ajouté.

De leur côté, les armées afghane et américaine ont multiplié les raids aériens sur cette région et dans l’est, chassant progressivement l’EI de ses bases arrières frontalières du Pakistan.

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