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Afghanistan: l’homme fort antitalibans succombe à une énième attaque

Le général Abdul Raziq, qui avait échappé à de nombreuses tentatives d'assassinats, a succombé jeudi a une énième attaque des…

Le général Abdul Raziq, qui avait échappé à de nombreuses tentatives d’assassinats, a succombé jeudi a une énième attaque des talibans qui ont réussi à infiltrer une réunion de hauts responsables et éliminent ainsi un de leurs plus farouches opposants.

Le controversé chef analphabète de la police provinciale de Kandahar (sud), décrit comme « le tortionnaire en chef » par Human Rights Watch, avait gravi les échelons pour devenir l’un des responsables de sécurité les plus puissants d’Afghanistan.

Considéré comme un rempart contre l’insurrection talibane, sa mort laisse un dangereux vide sécuritaire dans le sud du pays, berceau du mouvement taliban. Cette partie du pays pourrait désormais « tomber » dans les mains du groupe insurgé, selon un observateur.

« C’est lui qui garantissait la sécurité à Kandahar », a déclaré un diplomate étranger à Kaboul.

Abdul Raziq, 39 ans, qui contrôlait la région d’une main de fer, était autant adulé de la population afghane que détesté des talibans qui l’accusent d’avoir exécuté sommairement 3.000 de leurs membres.

Et malgré une litanie d’accusations de torture et d’exécutions qu’il a toujours niées, il était « un grand ami » du général Scott Miller, commandant en chef des forces de l’Otan et de l’armée américaine en Afghanistan.

« L’Afghanistan a perdu un patriote, mes condoléances au peuple afghan. Le bien qu’il a fait pour le pays ne sera jamais oublié », a-t-il tweeté jeudi.

Le général Miller se trouvait en compagnie du général Raziq jeudi dans le gouvernorat très protégé de Kandahar pour une réunion consacrée à la sécurité avant les élections législatives samedi en Afghanistan.

Un garde du corps du gouverneur de la province, un « infiltré », selon un communiqué de revendication taliban, a ouvert le feu tuant sur le coup le général Raziq ainsi que le chef des services de renseignements de la province.

Le général Miller s’en est sorti indemne. Un journaliste a également été tué et 13 personnes ont été blessées, dont le gouverneur de la province et le chef de la police du sud du pays.

Abdul Raziq, qui avait trois épouses, combattait les talibans depuis que ceux-ci avaient tué son père et son oncle en 1994, deux ans avant de prendre le pouvoir sur l’ensemble du pays.

Lorsque les Etats-Unis sont intervenus en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001, M. Raziq a aidé à terrasser les talibans dans le Sud et a été nommé chef de la police de district.

Dans une interview accordée à l’AFP l’an dernier, Abdul Raziq avait déclaré que les talibans avaient tenté de l’assassiner « d’innombrables fois ». Il disait se souvenir d’au moins 20 tentatives, dont au moins huit attentats-suicides.

Il avait miraculeusement survécu à un attentat en 2017 qui avait causé la mort de l’ambassadeur des Emirats arabes unis en Afghanistan.

« Quand les talibans sont déterminés à me tuer, moi, mes soldats et mon peuple, je ne peux pas être doux avec eux, et je ne pourrai jamais leur pardonner », disait-il.

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