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Afghanistan: nouvel attentat taliban à Kaboul, au moins 10 morts

Un nouvel attentat-suicide revendiqué par les talibans, le deuxième en moins d'une semaine, a secoué la capitale afghane jeudi, faisant…

Un nouvel attentat-suicide revendiqué par les talibans, le deuxième en moins d’une semaine, a secoué la capitale afghane jeudi, faisant au moins 10 morts, alors que se poursuivent les tractations en vue d’un accord entre Etats-Unis et insurgés.

L’attaque à la voiture piégée a eu lieu en milieu de matinée dans le quartier théoriquement bien protégé de Shash-Darak, proche de la Zone verte (périmètre ultra-sécurisé où sont situées plusieurs ambassades) et qui abrite notamment le siège du NDS, les services secrets afghans.

« Dix civils ont été tués et 42 blessés et douze voitures civiles ont été détruites », a indiqué à la presse le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Nasrat Rahimi.

Un soldat roumain a aussi été tué dans l’attaque, selon le ministère roumain de la Défense.

Le lieu est proche de celui où un attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique avait coûté la vie à 9 journalistes dont le photographe de l’AFP Shah Marai en avril 2018.

Un premier bilan avait fait état de cinq morts et 25 blessés. « Il y a des civils et des personnels de sécurité parmi les morts et les blessés », a déclaré à l’AFP le directeur de l’hôpital Wazir Akbar Khan, Farid Ahmad Karimi.

Les talibans ont revendiqué l’attentat, a indiqué leur porte-parole Zabihullah Mujahid sur Twitter, affirmant qu’il visait « un convoi d’envahisseurs étrangers » et avait tué « 12 envahisseurs et 8 membres du NDS ». Les forces de la coalition menée par l’OTAN se sont refusées à tout commentaire.

« Un militaire roumain a été tué dans l’attaque alors qu’il effectuait une mission de patrouille mixte près de la Zone verte », a déclaré le ministère roumain de la Défense dans un communiqué. Un autre militaire roumain avait été tué dans l’attaque de lundi. La Roumanie comptait en mars 2019 plus de 700 soldats au sein de la mission Resolute support de l’Otan.

– « Couvert de sang » –

L’explosion de jeudi a eu lieu près d’un poste de contrôle, a indiqué à l’AFP une source de sécurité afghane. Il permet l’accès au complexe du NDS.

Le propriétaire d’un studio photo proche du lieu de l’explosion a dit à l’AFP par téléphone avoir « vu au moins cinq personnes grièvement blessées, l’une était couverte de sang et ne bougeait pas ».

« J’étais dans ma boutique avec deux clients, dont un étranger. Quand l’explosion est survenue je suis tombé de ma chaise et tout est devenu sombre à cause de la fumée et de la poussière », a-t-il dit.

« Je suis sorti juste après l’attaque, le bord de la route était couvert de débris et de corps. Je pouvais entendre des gens blessés crier, appelant leur mère et leurs proches », a-t-il ajouté.

Une vidéo postée sur Twitter montre apparemment le moment de l’attaque.

Sur ces images un minivan gris essaie de forcer le passage en renversant une barrière légère, juste avant une violente explosion. Au moins un civil part en courant à ce même moment, pendant qu’au moins trois gros SUV blancs attendent avant d’entrer dans le complexe du NDS.

– Libertés menacées –

La capitale afghane avait déjà été le théâtre lundi d’un attentat qui a fait 16 morts, lui aussi revendiqué par les talibans.

Selon les analystes, la stratégie des insurgés consiste à accroître leur pression sur Washington au moment où la conclusion d’un accord sur un retrait progressif des forces américaines d’Afghanistan semble très proche.

Ce projet d’accord, en négociations depuis des mois entre talibans et Etats-Unis, vise à mettre fin à un conflit vieux de 18 ans.

Les attaques de lundi et jeudi interviennent en outre alors que l’envoyé spécial américain Zalmay Khalilzad se trouvait en début de semaine dans la capitale afghane.

Il y a communiqué au président Ashraf Ghani les éléments d’un accord « de principe » négocié avec les talibans.

L’accord doit permettre notamment le retrait de plusieurs milliers de militaires américains du pays. Les talibans s’engageraient en échange à empêcher toute activité de groupes terroristes sur le territoire ainsi qu’à engager un dialogue avec l’actuel gouvernement.

Mais de nombreux Afghans craignent que les talibans reviennent sur leurs acquis en matière de libertés publiques et refusent tout partage du pouvoir avec l’actuel gouvernement.

Un autre sujet d’inquiétude est celui de l’avenir des forces de sécurité afghanes, soutenues financièrement et militairement par l’US Army. Un retrait américain fragiliserait encore plus leur position alors qu’elles sont sous la pression croissante d’attaques de talibans.

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