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Afrique du Sud: la médiatrice accusée de malhonnêteté par la Cour constitutionnelle

La Cour constitutionnelle sud-africaine a estimé lundi que la médiatrice de la République avait été "malhonnête" dans une affaire impliquant…

La Cour constitutionnelle sud-africaine a estimé lundi que la médiatrice de la République avait été « malhonnête » dans une affaire impliquant la banque centrale et l’a condamnée à payer sur ses deniers une partie des frais de justice.

Busisiwe Mkhwebane est une juriste indépendant chargée de contrôler les actions de l’exécutif et d’enquêter sur la corruption publique mais elle est considérée par certains comme une alliée de l’ex-président Jacob Zuma. Ce dernier, dont la présidence a été éclaboussée par de nombreux scandales, l’a nommée à ce poste avant d’être contraint à la démission en février 2018.

Le président Cyril Ramaphosa, qui a succédé à M. Zuma à la présidence du parti au pouvoir, l’ANC, puis du pays, a annoncé dimanche qu’il allait poursuivre Mme Mkhwebane en justice. Il lui reproche d’avoir affirmé dans un rapport qu’il avait délibérément trompé le Parlement concernant une donation à sa campagne électorale pour la présidence de l’ANC.

Lundi, la Cour constitutionnelle a débouté Mme Mkhwebane qui demandait l’annulation d’une décision d’un tribunal l’ayant condamnée en 2018 à payer 65.000 dollars à cause d’un autre rapport, jugé partial par la justice.

Selon la Cour constitutionnelle, Mme Mkhwebane a été « malhonnête » et a agi avec « mauvaise foi » lorsqu’elle a enquêté dans une affaire impliquant une banque locale, Absa, dont le prédécesseur, Bankorp, avait reçu une aide illégale de la Banque centrale, sous le régime de l’apartheid.

La médiatrice avait ordonné à l’Unité spéciale d’enquête sur la corruption de récupérer 1,125 milliard de rands (environ 80 millions de dollars actuels) auprès de la nouvelle banque centrale post-apartheid.

« C’est tout le modèle d’enquête de la médiatrice qui présentait des défauts », affirme la Cour constitutionnelle dans son jugement.

« Elle n’a pas été honnête au sujet de son engagement pendant l’enquête ». « Ce genre de comportement est loin d’être à la hauteur des exigences élevées de son poste », ajoute-t-elle.

Ce jugement intervient 24 heures seulement après que le président Ramaphosa a dénoncé comme « irrévocablement biaisé » le rapport de la médiatrice le concernant. Il a annoncé dimanche qu’il était « décidé à obtenir en urgence un examen judiciaire » de ses conclusions.

Un membre respecté du gouvernement, le ministre des Entreprises publiques Pravin Gordhan, a lui aussi mis en cause un rapport de Mme Mkhwebane le concernant.

Après le jugement de la Cour constitutionnelle, la médiatrice a affirmé à la presse qu’elle « ne disait jamais de mensonges sous serment ».

Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a annoncé son intention d’agir pour accélérer le départ de la médiatrice, nommée en 2016.

« Le jugement d’aujourd’hui prouve que les manquements de la médiatrice vont beaucoup plus loin que de simples erreurs techniques », affirme le parti dans un communiqué. « Elle n’est pas qualifiée pour le poste qu’elle occupe et est en fait largement incompétente ».

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