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Afrique du Sud: les encombrantes casseroles de l’ex-président Zuma

L'ex-président sud-africain Jacob Zuma (2009-2018), sous le coup d'un mandat d'arrêt pour ne pas s'être présenté au tribunal mardi, traîne…

L’ex-président sud-africain Jacob Zuma (2009-2018), sous le coup d’un mandat d’arrêt pour ne pas s’être présenté au tribunal mardi, traîne derrière lui une réputation sulfureuse nourrie de nombreuses accusations de corruption.

Voici les principaux scandales qui ont émaillé sa carrière:

– Une « douche anti-sida »

Alors qu’il n’est pas encore président, Jacob Zuma est accusé de viol par une jeune femme séropositive. Il est blanchi par la justice en 2006, mais scandalise le pays en affirmant pendant son procès qu’il a « pris une douche » pour éviter toute contamination par le virus VIH. Il est alors à la tête du Conseil national contre le sida.

Cette histoire a fait le bonheur de Zapiro, le plus célèbre dessinateur de presse sud-africain, qui croque depuis le président surmonté d’un pommeau de douche.

Le président Cyril Ramaphosa, qui a succédé à M. Zuma après sa démission en février 2018, a relancé la polémique en affirmant « croire » la victime présumée.

– 242.000 euros de pots-de-vin

En 2005, puis 2007, Jacob Zuma est inculpé pour avoir accepté 4 millions de rands – environ 242.000 euros au cours actuel – de pots-de-vin de la société française d’armement et d’électronique Thales, en marge d’un contrat d’armement.

Juste avant les élections de 2009, toutes les charges retenues contre Jacob Zuma sont abandonnées pour vice de forme.

Mais en octobre 2017, la justice, saisie par l’opposition, rouvre la voie à un procès dont la date n’a pas encore été déterminée.

Jacob Zuma devait comparaître mardi lors d’une audience préliminaire. Il s’est fait porter pâle. Coup de théâtre mardi, la justice a émis des doutes sur l’authenticité de son certificat médical et lancé un mandat d’arrêt contre lui, qui sera effectif le 6 mai.

– Trois frères sulfureux

Ses détracteurs accusent Jacob Zuma d’avoir été, pendant ses mandats présidentiels, sous l’influence d’une très riche famille d’hommes d’affaires, les Gupta.

Symbole de cette emprise, l’avion privé de la fratrie est autorisé en 2013 à atterrir sur une base militaire sud-africaine et ses passagers, invités à un mariage, dispensés de contrôle et escortés par la police jusqu’au lieu de la noce. L’affaire fait scandale.

Fin 2016, un rapport de la médiatrice de la République détaille par le menu l’implication des Gupta dans la gestion des affaires de l’Etat, des pressions pour obtenir des contrats publics jusqu’à la nomination de ministres.

Sommé de s’expliquer, Jacob Zuma reconnaît ses liens d’amitié avec la famille, mais dément leur accorder le moindre passe-droit.

Longtemps protégés, les frères Gupta sont désormais dans le collimateur des autorités sud-africaines et américaines.

En Afrique du Sud, une commission d’enquête judiciaire se penche depuis 2018 sur leurs activités et les multiples accusations de corruption au sommet de l’Etat pendant l’ère Zuma.

Aux Etats-Unis, les frères Gupta ont été placés sur la liste noire des sanctions, accusés d’avoir « volé des centaines de millions de dollars à travers des stratagèmes illicites avec le gouvernement » sud-africain.

– Piscine et poulailler

La résidence privée de Jacob Zuma à Nkandla (est), dans la campagne du pays zoulou, est remise à neuf aux frais du contribuable pour 20 millions d’euros, alors qu’il est encore président.

Parmi les travaux figurent une piscine, un enclos pour le bétail et un poulailler. En 2015, face aux critiques, le ministre de la Police, Nathi Nhelko, assure sans se démonter qu’il s’agit de travaux « de sécurité ».

Dans un rapport au vitriol un an plus tôt, la médiatrice de la République dénonçait pourtant un « détournement de fonds » et exigeait un remboursement.

Le chef de l’Etat fait la sourde oreille mais l’opposition saisit la Cour constitutionnelle, qui dénonce un « viol » de la loi fondamentale. M. Zuma est finalement contraint de reverser à l’Etat l’équivalent de 480.000 euros.

– Un ami encombrant

Le président soudanais Omar el-Béchir, recherché par la justice internationale pour génocide et crimes de guerre au Darfour (ouest du Soudan), participe en 2015 à un sommet de l’Union africaine (UA) à Johannesburg.

La justice sud-africaine lui interdit de quitter le pays, mais le gouvernement le laisse repartir en arguant de son « immunité présidentielle ».

La Cour pénale internationale (CPI) a jugé en 2017 que Pretoria avait manqué à ses obligations. Le gouvernement sud-africain a en retour confirmé son intention de quitter le tribunal.

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