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Afrique du Sud: un témoin-clé contre la corruption mis à mal par ses propos racistes

Le témoin-vedette de la commission d'enquête qui planche sur les affaires de corruption lors du règne de l'ex-président sud-africain Jacob…

Le témoin-vedette de la commission d’enquête qui planche sur les affaires de corruption lors du règne de l’ex-président sud-africain Jacob Zuma a été déstabilisé mardi par un enregistrement audio où il désigne deux de ses ex-collègues noirs avec une insulte raciste.

Depuis plus d’une semaine, Angelo Agrizzi, l’ancien dirigeant de la société de sécurité Bosasa, livre un témoignage accablant sur les pots-de-vin que l’entreprise a versés pendant des années à des ministres, élus et hauts fonctionnaires proches du Congrès national africain (ANC) au pouvoir.

Lundi, il a ainsi affirmé que Bosasa avait versé des enveloppes mensuelles de 300.000 rands (19.000 euros) en liquide à la fondation Jacob Zuma.

Jusque-là très disert, Angelo Agrizzi a perdu de sa superbe mardi lorsque la commission dirigée par le juge Raymond Zondo a diffusé la bande-son d’une de ses conversations avec son ex-patron Gavin Watson.

Dans cet enregistrement, le témoin a qualifié deux de ses anciens collègues de « kaffir », le terme le plus insultant utilisé pour désigner les Noirs sous le régime de l’apartheid.

« Quand des gens vous menacent, vous faites des choses stupides », a réagi Angelo Agrizzi, manifestement très embarrassé. « Je ne cherche pas d’excuses, je suis très gêné, j’ai honte d’avoir dit ça. »

Angelo Agrizzi a affirmé à plusieurs reprises avoir fait l’objet de menaces de la part d’anciens dirigeants de Bosasa.

Pressé par l’un des avocats de la commission, Paul Pretorius, Angelo Agrizzi a catégoriquement réfuté l’idée qu’il ait témoigné parce que la plupart de ceux qu’il a dénoncés étaient noirs.

Gavin Watson, ancien PDG de Bosasa, « n’est pas noir, c’est pour cela qu’il est important d’écouter les faits que je dénonce », a bredouillé Angelo Agrizzi qui a beaucoup mis en cause, lors de ses témoignages, son ex-patron.

« Je suis raciste, je suis d’accord, vous pouvez me juger pour ça », a-t-il ajouté.

« Ce que vous avez dit est excessivement offensant et totalement inacceptable », lui a froidement fait savoir Raymond Zondo, un magistrat noir. « Mais ça ne signifie pas que je n’examinerai pas vos preuves pour déterminer si vous avez dit la vérité ou pas », a-t-il immédiatement poursuivi.

Un quart de siècle après la fin officielle de l’apartheid, l’Afrique du Sud reste déchirée par les tensions raciales.

En 2018, une agente immobilière blanche, Vicki Momberg, avait été condamnée à deux ans de prison ferme, pour avoir traité un agent de police noir de « kaffir », une peine d’une sévérité inédite dans le pays.

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