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Afrique : les cultes s’adaptent au Covid-19

Pour barrer la route au coronavirus, des pays africains ferment leurs lieux de culte pour une durée indéterminée.En Afrique, certains…

Pour barrer la route au coronavirus, des pays africains ferment leurs lieux de culte pour une durée indéterminée.En Afrique, certains Etats se résolvent à interdire les prières en communauté dans les mosquées ou les églises. Le but est de mettre sous cloche leurs populations face à la propagation du Covid-19. Une mesure salutaire pour estime une grande partie des acteurs religieux, politiques et du milieu médical.

« Si l’on tient compte des modes de transmission (du coronavirus) d’après les spécialistes, les prières en groupe présentent un risque réel. Du point de vue de la charia, ce risque est un argument solide pour suspendre les prières », a expliqué Ahmadou Makhtar Kanté, imam d’une mosquée à Dakar.

Au Maroc, en Algérie et au Rwanda où les lieux de culte sont désormais clos, les gouvernements ont tiré la même conclusion. Dans le Royaume du Maroc, les autorités sont appuyées dans leur décision par le Conseil supérieur des oulémas. Celui-ci a émis une fatwa (avis religieux) pour la fermeture temporaire des mosquées pour les « cinq prières quotidiennes et celle du vendredi », à compter du 16 mars.

Mais le sujet est complexe à traiter pour d’autres Etats du continent à cause de l’influence et de l’hétérogénéité des organisations religieuses dans leurs sociétés. Le Mali, par exemple, a pris hier mardi une batterie de mesures pour éviter que le coronavirus n’entre sur son territoire, mais a été très prudent en ce qui concerne les rassemblements à caractère religieux.

Discussions sérieuses

« Le gouvernement engagera incessamment des consultations avec les responsables du Haut Conseil islamique, de la Ligue des imams, des églises catholiques et protestantes ainsi qu’avec d’autres autorités religieuses et cultuelles du Mali afin de convenir des mesures appropriées pour assurer la santé des fidèles », souligne le communiqué de la session extraordinaire du Conseil supérieur de la défense nationale du Mali, où « tous les cas suspects notifiés (…) ont été testés négatifs » jusque-là.

Ce n’est pas le cas pour le pays voisin : le Sénégal. Ce dernier a déjà enregistré 36 tests positifs du Covid-19. Beaucoup de citoyens ont trouvé que le président Macky Sall a traîné les pieds avant de suspendre les manifestations publiques. Cette décision vise entre autres les multiples cérémonies religieuses, à l’exception des offices quotidiens dans les mosquées et églises.

Et même si des confréries religieuses ont suivi la voie tracée par l’Etat en reportant leurs évènements, certains observateurs, comme l’ex-député Moustapha Diakhaté (proche du pouvoir), appellent de leurs vœux la fermeture de « tous les lieux de culte ».

L’Eglise sénégalaise a répondu favorablement par le biais de ses évêques qui ont annoncé, hier mardi, l’annulation ou le report, « jusqu’à une date plus favorable », des manifestations de la communauté catholique qui sont « de nature à drainer beaucoup de monde ».

Pour les pays qui ne sont pas encore passés à l’acte, Ahmadou Makhtar Kanté recommande des « discussions sérieuses entre les autorités sanitaires, étatiques et religieuses ». A travers le monde, plus de 200.000 cas positifs de coronavirus sont répertoriés. La pandémie a provoqué plus de 8000 morts.

Les images saisissantes de l’esplanade de la Kaaba vide ont fait le tour du monde.  Après avoir suspendu la Omra (pèlerinage facultatif en Islam), l’Arabie saoudite, comptant 171 cas, a fermé provisoirement les mosquées à part les deux plus saintes à la Mecque et à Médine. Les appels à la prière, cinq fois par jour, vont néanmoins se poursuivre.

« Le prophète (Mohammed) a dit au muezzin de lancer +priez chez vous+ juste pour éviter aux fidèles des préjudices liés à de fortes pluies, a fortiori pour un risque de contamination d’un grand nombre de personnes lors de ces prières communautaires », a conclu imam Kanté.

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