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Agente ou militante? Une Russe soupçonnée de complot aux Etats-Unis

Un nouvel épisode des affaires russes se joue mercredi dans un tribunal de Washington où une jeune Russe adepte des…

Un nouvel épisode des affaires russes se joue mercredi dans un tribunal de Washington où une jeune Russe adepte des armes comparaît pour avoir tenté d’infiltrer l’appareil politique américain au profit de la Russie grâce au principal lobby pro-armes des Etats-Unis.

Maria Butina, 29 ans, est accusée d’avoir agi en tant qu' »agente non déclarée d’un gouvernement étranger » et de « complot » pour infiltrer des organisations politiques « en vue de promouvoir les intérêts de la Fédération de Russie », selon l’acte d’accusation, qui fait référence à une « organisation militant pour le droit au port d’arme ».

L’annonce lundi de son inculpation était intervenue quelques heures après le sommet entre les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine à Helsinki, où M. Trump avait semblé exonérer son homologue des accusations de la justice américaine sur l’ingérence de Moscou dans la présidentielle de 2016. Il est depuis revenu sur ses déclarations.

Maria Butina, arrêtée samedi, doit comparaître lors d’une audience préliminaire à 13H30 locales (17H30 GMT) devant un tribunal de Washington. Elle encourt une peine de cinq ans de prison.

Son avocat, Robert Driscoll, a réfuté les allégations, affirmant qu’elle avait « coopéré avec diverses entités gouvernementales depuis des mois », tout en se sachant l’objet d’une enquête depuis une perquisition du FBI à son domicile en avril.

La jeune femme aux longs cheveux roux s’est fait connaître du lobby conservateur en militant pour une organisation pro-armes russe, le « Droit aux armes ». Originaire de Barnaul, en Sibérie, elle apparaît souvent une arme à la main sur les réseaux sociaux, dénonçant la stricte réglementation sur les armes dans son pays.

Mais les enquêteurs s’intéressent à ses multiples contacts depuis 2015 avec des responsables de la National Rifle Association (NRA), le premier lobby des armes américain, largement favorable au parti républicain. Des contacts qu’elle ne cachait pas puisque des photos circulent largement sur la toile. On la voit avec l’ancien président de la NRA, David Keene, le gouverneur républicain du Wisconsin, Scott Walker. Elle a aussi rencontré l’actuel patron du lobby américain des armes, Wayne Lapierre.

– Profondeur et sophistication –

Elle est souvent accompagnée d’un haut responsable du gouvernement russe, identifié par la presse américaine comme Alexandre Torchine.

Ce responsable politique et banquier proche du président Poutine est sous le coup de sanctions américaines depuis avril. Il serait également « membre à vie » de la NRA, selon les médias.

Lors d’une réunion politique de Donald Trump en 2015, elle avait interrogé le candidat républicain à la présidence sur les relations avec la Russie. « Je pense que je m’entendrais bien avec Poutine », avait-il répondu.

Entrée aux Etats-Unis en 2016 avec un visa étudiant pour suivre des cours à l’Université américaine (UA) dans la capitale fédérale, elle était sous surveillance du FBI depuis lors, indique le Washington Post citant des sources proches de l’enquête.

Selon l’accusation, Maria Butina et Alexandre Torchine ont tenté de développer des relations avec des responsables politiques américains pour créer des « canaux officieux » de communication qui pourraient « être utilisés par la Fédération de Russie pour pénétrer dans l’appareil décisionnaire national ».

Il s’agissait d’assister aux conférences de la NRA pour établir des contacts avec des responsables républicains ou d’organiser des dîners « d’amitié et de dialogue » en vue de favoriser une « diplomatie informelle » pour réchauffer des relations très tendues entre les deux puissances.

Selon des responsables américains cités par les médias, ses activités montrent la profondeur et la sophistication des opérations russes d’influence aux Etats-Unis.

L’administration Trump est embarrassée depuis plus d’un an par l’enquête sur l’ingérence russe menée par le procureur spécial Robert Mueller. Le magistrat tente également de déterminer s’il y a eu collusion entre l’équipe de campagne de M. Trump et des responsables russes pour favoriser la victoire du candidat républicain, jugé plus favorable au Kremlin qu’Hillary Clinton. Aucune preuve de collusion n’a été révélée et Donald Trump dénonce régulièrement une « chasse aux sorcières » menée par le FBI et les démocrates.

En mai 2016, M. Torchine avait notamment rencontré Donald Trump Jr., le fils aîné du président américain, lors d’un évènement organisé par la NRA pendant la campagne électorale.

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