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Agglutinés à la frontière mexicaine, des milliers de migrants honduriens espèrent toujours

Après une nuit passée agglutinés sur le pont frontalier séparant le Guatemala du Mexique, des milliers de migrants espèrent toujours…

Après une nuit passée agglutinés sur le pont frontalier séparant le Guatemala du Mexique, des milliers de migrants espèrent toujours samedi que les autorités mexicaines leur ouvrent la voie pour tenter de rejoindre les Etats-Unis.

Hommes, femmes, enfants, pour la plupart honduriens fuyant la violence et la pauvreté, ont passé la nuit dans des conditions très précaires derrière la barrière métallique où étaient déployés environ 200 policiers mexicains anti-émeute.

« Il y a des personnes très agressives, qui n’ont plus de patience », prévient Gina, une étudiante hondurienne de 21 ans, alors que la rumeur enfle sur l’intention d’un groupe de migrants de passer en force.

La veille, les migrants ont enfoncé une clôture métallique du poste-frontière guatémaltèque, puis ont progressé jusqu’au pont frontalier où ils ont été bloqués.

Des médecins de la marine mexicaine traitent à travers les grilles les blessures de plusieurs d’entre eux après les échaufourrées de la veille, ainsi que ceux victimes de déshydratation.

Dans une ambiance de plus en plus tendue, quelques migrants ont tenté d’entamer un dialogue avec un commandant mexicain.

« Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants! », lui lance l’un d’eux.

« Si vous vous organisez, vous allez pouvoir passer pour qu’on vous accorde un document pour rester dans le pays et travailler, mais si vous vous battez ou si vous tentez de forcer la porte, vous ne passerez pas », leur rétorque le gradé.

Quelque 4.000 migrants ont quitté il y a une semaine San Pedro Sula, dans le nord du Honduras, après un appel sur les réseaux sociaux à tenter de gagner les Etats-Unis en masse, et non par petits groupes comme c’est le cas habituellement, pour notamment s’apporter soutien et protection les uns aux autres. Ils ont circulé à pied ou en autobus jusqu’à la frontière guatémaltèque.

Mais face à la situation à la frontière mexicaine, quelques dizaines de migrants ont décidé de retourner dans leur pays à bord d’autobus fournis par le gouvernement guatémaltèque, après un accord avec le Honduras, a constaté l’AFP.

« Il vaut mieux rentrer, c’est très dur, il y a beaucoup de désordre », commente Byron, 25 ans, attendant de monter dans un autobus. Selon un policier, environ 220 migrants honduriens ont préféré rentrer chez eux et 130 autres, actuellement dans un refuge, s’apprêtaient à en faire de même.

D’autres tentent de traverser le fleuve pour rejoindre la rive mexicaine à bord d’embarcations.

« Le Mexique ne permettra pas l’entrée irrégulière sur son territoire et encore moins de façon violente », a prévenu le président mexicain Enrique Pena Nieto dans un message vidéo, qualifiant la situation d' »inédite ».

– ‘Très dur’ –

La plupart des migrants accusent le président hondurien Juan Orlando Hernandez de ne pas régler les problèmes sociaux, à l’origine de ces migrations.

Ce dernier doit s’entretenir de la situation, samedi au Guatemala, avec son homologue Jimmy Morales.

Des centaines de personnes ont défilé vendredi à Tegucigalpa, la capitale du Honduras, en soutien à la « caravane ».

« J’exige du gouvernement (mexicain) qu’il respecte les droits humains des migrants » s’est insurgé sur les réseaux sociaux Alejandro Solalinde, un prêtre mexicain, défenseur des migrants sans papiers, qui demande l’ouverture de la frontière mexicaine.

Jeudi, le président américain Donald Trump avait menacé de fermer la frontière avec le Mexique si les autorités mexicaines ne bloquaient pas l’avancée des migrants.

« Je dois, dans les termes les plus fermes, demander au Mexique de stopper cette marche. Si le Mexique n’y arrive pas, je demanderai à l’armée de FERMER NOTRE FRONTIERE SUD », avait tweeté le président américain.

Le Honduras est considéré comme l’un des pays les plus violents du monde, avec un taux annuel de 43 homicides pour 100.000 habitants. Comme au Guatemala et au Salvador, les gangs font régner la terreur dans le pays, où 68% des neuf millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Plus de 500.000 personnes traversent chaque année illégalement la frontière sud du Mexique pour tenter ensuite de remonter vers les Etats-Unis, selon des chiffres de l’ONU.

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