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Algérie: un mois de fronde inédite contre le pouvoir

L'Algérie est secouée depuis un mois par une fronde inédite née de la candidature à la présidentielle d'Abdelaziz Bouteflika, qui…

L’Algérie est secouée depuis un mois par une fronde inédite née de la candidature à la présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika, qui a finalement renoncé à se représenter, mais confirmé qu’il resterait président après l’expiration le 28 avril de son mandat.

– « Pas de 5e mandat » –

Le 22 février 2019, plusieurs milliers de personnes, répondant à des appels sur les réseaux sociaux, manifestent dans plusieurs villes. « Pas de 5e mandat », « Ni Bouteflika, ni Saïd » (frère du président, souvent perçu comme son successeur potentiel), scandent les protestataires à Alger, où les manifestations sont interdites depuis 2001.

Au pouvoir depuis deux décennies, M. Bouteflika, 82 ans, a annoncé le 10 février qu’il briguerait un 5e mandat, malgré un accident vasculaire cérébral (AVC) l’ayant considérablement affaibli depuis 2013.

– « Pacifiques! » –

Le 26 février, plusieurs milliers d’étudiants marchent pacifiquement à Alger.

Le 28, une dizaine de journalistes sont détenus plusieurs heures après avoir participé à Alger à un rassemblement pour dénoncer les restrictions de couverture « imposées par (leur) hiérarchie ».

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia met en garde contre un scénario comparable à la Syrie, pays déchiré par la guerre.

Le 1er mars, une foule de dizaines de milliers de personnes se rassemble dans le centre d’Alger. « Pacifiques! », « le peuple veut la chute du régime », crient les manifestants. En province, des défilés sont recensés notamment à Oran et Constantine, deuxième et troisième villes du pays.

M. Bouteflika limoge le lendemain son directeur de campagne Abdelmalek Sellal pour le remplacer par Abdelghani Zaalane, qui dépose son dossier de candidature au Conseil constitutionnel.

Le 3, dans une lettre lue à la télévision nationale, M. Bouteflika s’engage, s’il est élu, à ne pas aller au bout de son mandat et à se retirer à l’issue d’une présidentielle anticipée.

– « Chaos » –

Le 5 mars, le chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, déclare que l’armée demeurera « la garante » de la stabilité face à ceux « qui veulent ramener » l’Algérie aux années de guerre civile (1992-2002).

Le 7, M. Bouteflika met en garde dans un message contre les ennemis « insidieux » et ceux « qui conspirent » et veulent semer « le chaos ».

Selon des communiqués publiés dans des médias locaux, il a perdu le soutien des trois importantes associations liées à la guerre d’indépendance, dont il est un ancien combattant.

– Marée humaine –

Le 8 mars, une marée humaine envahit les rues d’Alger dans une ambiance festive. Importante mobilisation dans d’autres villes.

Le 10, M. Bouteflika regagne l’Algérie après deux semaines d’hospitalisation en Suisse pour des « examens médicaux ».

Etudiants et enseignants occupent plusieurs universités du pays, où l’appel à la grève générale est diversement suivi.

Le général Ahmed Gaïd Salah déclare que l’armée « partage » avec le peuple « les mêmes valeurs et principes », dans un discours apparemment plus conciliant.

– Report de la présidentielle –

Le 11, M. Bouteflika renonce à briguer un 5e mandat et reporte sine die la présidentielle, sans donner de date pour son éventuel départ. Il indique que la nouvelle élection aura lieu après une Conférence nationale, chargée de rédiger une nouvelle Constitution.

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia est remplacé par le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui, avec pour vice-Premier ministre Ramtane Lamamra.

– Mobilisation record –

Le 15, une foule impressionnante se retrouve dans le centre d’Alger. Des manifestations sont enregistrées dans 40 des 48 préfectures du pays, selon des sources sécuritaires, et des diplomates évoquent « des millions » d’Algériens dans les rues.

Le 18, M. Bouteflika confirme dans un message qu’il prolongera son 4e mandat au-delà de son terme, le 28 avril, jusqu’à un nouveau scrutin organisé à l’issue d’un processus de révision constitutionnelle.

– Fissures –

Le 19, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du Front de libération nationale (FLN) au pouvoir, déclare que l’Algérie a été dirigée ces dernières années par des « forces non constitutionnelles ».

Le 20, le FLN affirme soutenir la contestation et le « changement » réclamé, tout en prônant le « dialogue » initié par le chef de l’Etat.

– « Dégagez tous ! » –

Le 22, les rues du centre d’Alger sont noires de monde. « Dégagez tous! », proclame une banderole dans le cortège algérois.

Des manifestants se rassemblent également dans de nombreuses autres villes d’Algérie, rapportent médias locaux et réseaux sociaux.

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