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Antidote à l’insécurité des champs, le maraîchage connait un succès fou à Bangui

L'option prise par plusieurs ONG et partenaires dont l'Onu d'orienter les Centrafricains vers le maraîchage pour qu'ils n'aient plus à…

L’option prise par plusieurs ONG et partenaires dont l’Onu d’orienter les Centrafricains vers le maraîchage pour qu’ils n’aient plus à aller dans les champs où sévit l’insécurité, est en train de connaître beaucoup de succès à Bangui. Jamais, les marchés de la capitale centrafricaine n’ont autant regorgé de salade, gombo, concombre, melon, tomate, chou et carotte.Ces produits maraîchers proviennent des jardins ayant poussé un peu partout aux alentours des maisons de Bangui, notamment à l’ouest de la capitale. La plupart de ces producteurs de légumes ont troqué leurs champs, dont l’accès est devenu dangereux à cause de la guerre des milices, contre les petites exploitations familiales.    

C’est suite à plusieurs rapports des agences du système des Nations Unies alertant d’un risque de famine en Centrafrique à cause de l’insécurité empêchant toute activité champêtre que l’idée de se redéployer dans le maraîchage a vu le jour. Pour sa part, le Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao)  s’est mis à distribuer des semences et instruments aratoires aux Banguissois, formés auparavant en techniques maraîchères.

A coup de séances d’apprentissages, beaucoup de Banguissois se sont rendus compte qu’il leur est possible de vivre des produits de la terre sans s’éloigner de leurs domiciles.

Dispensées par des agronomes, les formations durent 3 à 9 mois pendant lesquels les futurs maraîchers apprennent  comment faire des planches (rangées de légumes), semer, et suivre les plantes. Les auditeurs payent 5000 FCFA par mois et se voient délivrer un certificat à l’issue de la formation.

C’est le cas de Godron Taramboya.  Il est sorti du  Centre de formation et de production de la Jeunesse pionnière nationale (JPN), une structure de l’Etat spécialisée dans l’initiation des jeunes déscolarisés à la culture des épinards. Après une formation de neuf mois qui lui a coûté 10. 000CFA, Gordon vit des fruits de son jardin jouxtant sa maison. Il reçoit chaque matin des commerçants, venus lui acheter ses produits et, grâce à ses recettes, il  s’occupe mieux de la santé de sa famille, paye la scolarité des enfants et pourvoit sans problème à leur nourriture.

 Sylvain Mapouya, enseignant de son état, s’y est mis également au maraîchage, avec l’aide de sa fratrie. « Après l’enseignement, moi-même et mes jeunes enfants, nous faisons le jardin. Les semences distribuées par les associations financées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) dans le cadre de la lutte contre la famine en Centrafrique nous servent à planter autour de nous les produits maraîchers », confesse Sylvain.

Une partie de la récolte entre dans la nourriture familiale et l’autre partie est cédée « aux vendeuses de légumes », nombreuses elles aussi à frapper à la porte de l’instituteur. Fier de sa nouvelle activité, il lâche dans un sourire triomphal : « Je ne tombe jamais en panne, côté finances».

Généralement, les vendeuses de légumes achètent par planche (rangée) et ainsi celle de la tomate vaut 15000 FCFA contre 5000 FCFA pour la salade. Les planches des autres produits maraîchers  sont cédées à 10.000 CFA. Plusieurs des vendeuses assurent s’en sortir largement et certaines confient même que la revente d’une planche peut rapporter un bénéfice de 200%.  

On comprend, dans ce cas, pourquoi les jeunes filles dont beaucoup d’écolières en vacances se sont lancées à fond dans la vente des légumes. Une cuvette en plastique ou en aluminium sur la tête, elles s’en vont proposer aux clients divers produits maraîchers.  « Depuis que l’école est finie au mois de juin, j’accompagne maman pour la vente des légumes. Elle a sa cuvette de légumes et moi j’ai la mienne », renseigne Jeanine Sopio, une élève en classe de 5ème  .

Sa confidence est accompagnée d’une légère génuflexion permettant de voir sur son récipient du piment, de la salade et du gombo.   

Ayant préféré garder l’anonymat, ce jeune centrafricain ne vend pas de légumes mais ne voit que du bien dans ce négoce. La raison, il nous la fournit dans un malicieux sourire : « mon amie commerçante de légumes m’apporte toujours dans l’après-midi après sa vente un litre de vin de palme et tout ce qu’elle juge intéressante pour me rentre heureux lorsque nous sommes ensemble. »

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