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Argentine: le FMI va avancer ses versements pour soutenir le programme économique

Le Fonds monétaire international (FMI) va avancer ses versements à l'Argentine afin de soutenir le programme économique du gouvernement, a…

Le Fonds monétaire international (FMI) va avancer ses versements à l’Argentine afin de soutenir le programme économique du gouvernement, a annoncé mercredi le président argentin de centre droit Mauricio Macri, qui tente de rassurer les marchés.

Le FMI va avancer « tous les fonds nécessaires afin de garantir l’exécution du programme financier de l’année prochaine », a déclaré le chef de l’Etat juste avant l’ouverture de la Bourse en dévoilant l’accord conclu avec le Fonds.

Dans un communiqué publié quelques heures plus tard à Washington, la directrice du FMI, Christine Lagarde, a indiqué que l’institution allait examiner un renforcement de son aide à l’Argentine et une accélération des versements d’un prêt accordé en juin.

« J’ai donné instruction au personnel du FMI de travailler de concert avec les autorités argentines pour renforcer le plan soutenu par le Fonds et de réexaminer le calendrier du programme financier », a déclaré Mme Lagarde dans ce communiqué, précisant s’être entretenue mercredi avec le président Macri.

Elle a assuré que le FMI allait essayer de faire les choses le plus rapidement possible.

Ces annonces interviennent après des journées de grande volatilité et de chute du peso. Une nouvelle dépréciation de la monnaie est intervenue mercredi, plongeant de 6,99% pour s’échanger à 34,48 pesos pour un dollar à la fermeture.

Mi-août, la Banque centrale de la République argentine (BCRA) a relevé son taux directeur de 40 à 45%, qui est un des plus élevés au monde, pour tenter de freiner cette chute.

« L’annonce a été vague et a été faite par le président, ce qui présente des risques », a déclaré à l’AFP Lorenzo Sigaut, du cabinet Ecolatina, qui estime que le ministre de l’Economie aurait dû apporter des précisions.

D’après M. Sigaut « les doutes concernant un défaut (de paiement) ont été levés mais uniquement jusqu’à la fin du mandat de Macri (en décembre 2019), mais ils restent d’actualité pour 2020 ».

Depuis le début de l’année, le manque de confiance dans le peso argentin s’est accentué et la chasse au dollar a fait perdre plus de 40% de sa valeur au peso. La première poussée de fièvre du peso était intervenue après la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis.

En juin, le FMI a accordé un prêt de 50 milliards de dollars à l’Argentine. Un premier versement de 15 milliards de dollars a été déjà effectué.

« La semaine dernière, nous avons eu de nouvelles marques de méfiance des marchés, particulièrement concernant notre capacité à consolider un financement pour 2019 », a admis M. Macri en expliquant les raison de cette demande au Fonds.

« Garantir le financement pour 2019 va nous permettre de renforcer la confiance et reprendre le chemin de la croissance au plus vite », a ajouté le président argentin.

Pour l’économiste Matias Carugati, ces informations sont insuffisantes pour pouvoir calmer la crise.

– Défaut d’informations –

« On sait désormais que le FMI nous avance de l’argent pour être couverts l’année prochaine, mais en quelle quantité et à quelles conditions, ça, on ne le sait toujours pas », a-t-il déclaré à l’AFP.

« L’Argentine n’a pas un problème de solvabilité, mais plutôt de liquidité à court terme. Il est urgent de revenir au calme financier, on verra après comment on répare les dégâts », a-t-il estimé.

Vendredi, la Bourse de Buenos Aires a chuté de 5,11% à la suite d’une dégringolade de 30,5% des actions du groupe financier Supervielle qui avait annoncé des mauvais résultats la veille.

Supervielle avait fait part d’une baisse de son bénéfice net part du groupe de 46% au deuxième trimestre 2018 par rapport au trimestre précédent et de 63% sur un an.

L’économie argentine est au bord de la récession, avec une inflation cumulée en juillet de 19,6%. Fin 2018, la hausse des prix est attendue à 30%, ce qui inquiète les syndicats.

La CGT, principale centrale du pays, a donc appelé à une grève générale de 24 heures le 25 septembre.

Le gouvernement a mis en place un plan d’austérité à la demande du FMI, qui prévoit notamment des suppressions de postes de fonctionnaires et une réduction des baisses d’impôts pour les exportations d’huiles et farines de soja.

Historiquement, le déficit budgétaire de l’Argentine est élevé, ce qui alimente l’inflation. Les gouvernements de Nestor Kirchner puis de son épouse Cristina (2003-2015) finançaient ce déficit par l’émission monétaire, alors que le gouvernement Macri comble le déficit, qu’il a ramené de 6 à 4%, par la prise de dette et une limitation des dépenses publiques.

Dans son plan initial de relance de l’économie, Mauricio Macri tablait sur un afflux d’investissements étrangers dans les infrastructures, l’énergie, mais la prudence reste de mise. Les sociétés étrangères hésitent à investir dans un pays où la valeur d’un investissement peut être amputée de 20% en quelques semaines.

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