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Art contemporain: trois oeuvres étonnantes de la Frieze de Londres

Un excrément divin, un artiste s'improvisant médecin ou des blocs de glace en réalité augmentée: la Frieze, prestigieuse foire d'art…

Un excrément divin, un artiste s’improvisant médecin ou des blocs de glace en réalité augmentée: la Frieze, prestigieuse foire d’art à Londres a présenté à Londres cette semaine les œuvres de 300 galeries, des plus classiques aux pièces contemporaines les plus étonnantes.

– Les anges et la crotte de chien

Impossible de manquer l’imposante installation en céramique de l’Australo-britannique Nicholas Pope, baptisée « Yahweh and the Seraphim », qui questionne notre rapport au profane et au sacré, non sans grotesque.

Six colonnes majestueuses représentant des anges entourent une tout aussi impressionnante figure centrale sur laquelle est inscrit « I’m Yawveh » (Je suis Dieu) et décrite à l’AFP comme une « grosse crotte de chien » par l’artiste. « Et si vous riez, c’est une bonne réaction ! », a ajouté le septuagénaire, taquin.

Cette œuvre a été réalisée en 1995. « Je suis ravi que mon travail soit encore pertinent aujourd’hui », a confié Nicholas Pope. « Je l’ai fait quand les gens en Angleterre ne pensait pas aux croyances, mais la foi est désormais centrale, tout le monde y pense et réagit, de manière positive ou négative », a-t-il estimé.

Nicholas Pope avait représenté le Royaume-Uni à la Biennale de Venise en 1982.

-Réalité augmentée

Trois blocs de glace virtuels, fabriqués par réalité augmentée, flottent au-dessus de l’herbe verte de Regent’s Park : de quoi interroger la définition de la sculpture.

« C’est intéressant de montrer une toute nouvelle technologie dans un contexte aussi conventionnel qu’un parc royal avec des statues », s’est félicité Daniel Birnbaum, qui a collaboré avec son laboratoire Acute Art au projet, mené par l’artiste sud-coréenne Koo Jeong A.

« Bien sûr, pendant la Frieze, il y a d’autres sculptures dans le parc, mais elles restent plutôt conventionnelles: ce sont des objets posés sur l’herbe ».

Au contraire, pour voir les sculptures virtuelles, il faut se munir de son téléphone portable et repérer des écriteaux au sol comportant un QR Code. Puis scanné ce code via une application mobile. Le bloc de glace, très réaliste, apparaît ensuite sur l’écran.

L’œuvre « entièrement générée numériquement (…) interagit avec son environnement », a précisé Daniel Birnbaum. Par exemple, elle « réagit » à la lumière : « A Regent’s Park, le bloc semble très élégant, précieux mais quand on le montrera à Berlin dans une semaine il aura une allure plus brute, urbaine ».

-Pause forcée

Des visiteurs d’une foire d’art se baladent le bras dans le plâtre? Ils sont passés par le stand de l’artiste chinois Tang Dixin. Ce dernier a installé dans la foire une réplique d’une salle d’hôpital chinois des années 60, où il « force les gens à faire une pause » en immobilisant une partie de leur corps par un bandage.

Déguisé en médecin, Tang Dixin explique à l’AFP vouloir « intervenir » contre un quotidien éreintant où « on a l’habitude de constamment travailler ». Notamment dans son pays qui « a grandi si vite », a-t-il estimé.

Sa performance est bien accueillie par les visiteurs qui offrent volontiers leurs doigts, leurs bras, pour l’expérience. Intitulée « Rest is the best way of revolution » (« Le repos est le meilleur moyen de faire la révolution »), il l’a aussi réalisée à Shanghai en 2011 et à Tokyo en 2015.

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