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Assange, sept années d’enfermement dans 18 mètres carrés

L'arrestation de Julian Assange par la police britannique jeudi à l'ambassade d'Equateur à Londres vient mettre fin à une période…

L’arrestation de Julian Assange par la police britannique jeudi à l’ambassade d’Equateur à Londres vient mettre fin à une période de presque sept ans au cours de laquelle il a vécu reclus, privé de compagnie, d’activité physique et de lumière naturelle.

L’Australien de 47 ans, dont la santé physique et psychologique s’est dégradée au cours de cet enfermement volontaire, est apparu affaibli, le visage fatigué, mangé par une barbe blanche hirsute, sur les images qui montrent plusieurs policiers le sortir de force de l’ambassade.

Le fondateur de Wikileaks s’était réfugié en juin 2012 dans ce bâtiment de briques rouges, dans le quartier huppé de Knightsbridge, pour éviter d’être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol et agression sexuelle.

Sa dernière apparition publique remontait à mai 2017, lorsqu’il était apparu sur un balcon, serrant le poing, après l’abandon des poursuites par la justice suédoise.

– « Esprit pas enfermé » –

Durant la première année de son séjour dans l’ambassade, la police britannique avait maintenu une présence 24 heures sur 24 devant l’immeuble, ce qui avait, selon certaines sources, couté des millions d’euros aux contribuables britanniques.

A l’intérieur, l’ancien hacker informatique avait dû composer un semblant de chez-soi dans une pièce de 18 mètres carrés, comprenant un lit, une douche, un ordinateur et un micro-ondes.

Il avait divisé cet espace en deux, entre un bureau et un espace de vie, où il tentait de maintenir un minimum d’exercice physique grâce à un tapis roulant de course. Il disposait également d’une lampe à UV pour compenser le manque de lumière du soleil.

Occasionnellement, il recevait la visite de personnalités, journalistes comme diplomates, ainsi que de certaines célébrités lui ayant publiquement apporté leur soutien, comme la styliste britannique Vivienne Westwood ou la star canadienne Pamela Anderson.

Mais Julian Assange, craignant pour sa sécurité personnelle, ne sortait quasiment jamais sur le balcon. Coincé au cœur de la capitale britannique, à quelques dizaines de mètres du magasin de luxe Harrods, il comparait son quotidien à la vie sur une station spatiale.

« Mon esprit n’est pas enfermé », avait-il déclaré à l’AFP en 2013. « D’un point de vue physique, les circonstances sont difficiles. Malgré tout, je travaille chaque jour ».

Il passait beaucoup de temps derrière son ordinateur, prenant part à des conférences de presse en ligne, exprimant son avis via le réseau social Twitter, et collaborant même avec la chaîne de télévision russe RT.

– « Similaire à de la prison » –

Sa santé mentale et physique se dégradant, ses avocats avaient multiplié les recours en justice pour contester le mandat d’arrêt britannique qui pesait encore sur lui pour violation des conditions de sa liberté provisoire, et dénonçaient sa condition, « similaire à de la prison ».

Mettant en avant la décision d’un comité de l’ONU, qui avait estimé en 2016 que Julian Assange était « arbitrairement détenu », sa défense affirmait que sa vie était en danger sans un accès à des soins médicaux et à la lumière du jour.

Lors d’une audience, ses avocats avaient avancé qu’il souffrait de dépression, ainsi que de problèmes aux dents et à l’épaule.

Peu à peu, ses relations avec les autorités équatoriennes se sont également détériorées. Quito avait coupé l’an dernier son accès à internet et à un téléphone portable, l’accusant d’enfreindre l' »engagement écrit » qu’il avait pris de ne pas s’immiscer dans la politique étrangère de ses alliés.

– Bataille autour du chat –

Une décision qui l’avait amené à lancer une action judiciaire contre le gouvernement équatorien pour violation de ses « droits fondamentaux » et de sa « liberté ».

Il s’était également plaint que l’ambassade exige de ses visiteurs qu’ils révèlent certains « détails privés ou à caractère politique, comme leurs noms sur les réseaux sociaux ».

Même le chat qu’il avait reçu en 2016 était devenu un sujet de discorde, après qu’il lui avait créé un compte Twitter sous l’avatar @EmbassyCat, qui relayait des messages ironiques.

Une note émise par Quito et révélée par les médias équatoriens montrait que les autorités s’inquiétaient pour « le bien-être, la nourriture, l’hygiène et les soins » apportés au chat, et avertissaient que l’animal pourrait être envoyé dans un refuge.

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