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Au Malawi inondé, les déplacés s’entassent dans des camps bondés

Il n'y a plus de place dans les tentes dressées à Bangula, au Malawi, pour les milliers de personnes déplacées…

Il n’y a plus de place dans les tentes dressées à Bangula, au Malawi, pour les milliers de personnes déplacées par des inondations meurtrières. Alors avec sa fillette de 2 ans, Pilirani Andulu dort en plein air, sans couverture ni moustiquaire.

Depuis le début mars, le système dépressionnaire associé au cyclone Idai, qui a frappé jeudi soir les côtes mozambicaines, a noyé le Malawi et le Mozambique sous des pluies diluviennes.

Encore provisoire, le bilan est lourd. Plus de 120 morts, 100.000 déplacés et un gros million de sinistrés dans les deux pays, dont plus de 900.000 sur le seul sol malawite.

La maison de Pilirani Andulu n’a pas résisté aux intempéries, dans la vallée de la Shire (sud), la principale rivière du pays.

La jeune mère de famille a accroché avec un grand pagne son bébé dans son dos et gagné la petite ville de Bangula, à 15 kilomètres de là, où s’entassent quelque 1.700 familles.

Mais à son arrivée, les tentes blanches et bleues dressées à la hâte sur un terrain public étaient déjà toutes occupées. « On dort en plein air. La nuit, on est dévoré par les moustiques », raconte la jeune mère, cheveux courts tressés.

Mary Amidu a également trouvé refuge, avec ses cinq enfants, à Bangula.

« Les inondations sont arrivées très vite (…) La maison a été détruite. On n’a pas eu le temps de sauver quoi que ce soit, sauf notre peau », explique la mère de famille. « On a trouvé un petit coin dans une tente. On dort par terre mais on en a fait notre chez-nous ».

Dans un hangar sans mur, les secours distribuent du riz, donation du gouvernement chinois. Des femmes emballent la précieuse nourriture dans des tissus.

« On a de la nourriture, mais on n’a pas d’ustensiles pour cuisiner parce que tout a été perdu dans les inondations », se lamente Mary Amidu, le visage fatigué.

Dans le camp, deux petits garçons ont trouvé la parade, ils utilisent un épis de maïs comme spatule dans une vieille casserole cabossée qu’ils ont pu sauver in extremis.

– Besoins énormes –

« On va rester ici le temps que la situation se normalise. On n’a pas d’autre choix », soupire Mary Amidu.

Dans la campagne autour du camp, les champs de maïs sont noyés, les récoltes prévues en avril-mai perdues. De gros engins de chantier sont enfoncés dans la boue.

Dans le seul district de Nsanje, où se trouve Bangula, les autorités ont dressé 21 camps de déplacés. Mais sur les 14 districts touchés par les intempéries – sur les 28 que comptent le pays -, 187 camps ont été ouverts.

Au total, 82.725 personnes ont été déplacées au Malawi, selon le Département de gestion des risques.

« On a d’énormes problèmes de financement pour obtenir de la nourriture et des produits non alimentaires », prévient Humphrey Magalasi, chargé de la coordination des secours dans le district de Nsanje.

« Ce dont on a besoin en urgence, c’est de la nourriture, des tentes, des médecins et des moustiquaires ».

Depuis l’aérodrome de Bangula, des secours s’affairent pour charger dans un hélicoptère des vivres et du matériel.

« On achemine par les airs des provisions à Makhanga (dans le district de Nsanje), où quelque 3.000 familles sont affectées. A cause des inondations, la région est accessible uniquement par bateau et par les airs », détaille M. Magalasi.

Devant l’ampleur des dégâts, le président du Malawi, Peter Mutharika, a décrété l’état de catastrophe naturelle.

« Notre pays ne pourra pas seul se relever de ce désastre », a prévenu le ministre de la Sécurité intérieure, Nicholas Dausi. « Nous avons déclaré l’état de catastrophe pour que ceux qui le souhaitent puissent nous prêter main forte. »

D’autant que le pays se prépare à de nouvelles précipitations. Celles amenées par le cyclone Idai.

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