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Au Moyen-Orient, l’amour triomphe parfois malgré les conflits

"Ô Amour! Nul but pour nous que d'être vaincus au milieu de tes guerres", écrivait le Palestinien Mahmoud Darwich. Mais…

« Ô Amour! Nul but pour nous que d’être vaincus au milieu de tes guerres », écrivait le Palestinien Mahmoud Darwich. Mais n’en déplaise au poète et malgré les conflits qui ravagent le Moyen-Orient, les amoureux y sont parfois victorieux.

Des champs de bataille syriens aux cités en ruines du Yémen, les reporters sont les témoins de violences inouïes. Mais dans leur quotidien lugubre se glisse parfois une once d’espoir, de beauté et même de romance. Pour la Saint-Valentin, l’AFP a sélectionné une série de photos récentes illustrant ces moments de joie suspendus.

Safin Hamed, photographe pour l’AFP, se souvient avoir accompagné un jeune couple de Yazidis, minorité persécutée par le groupe Etat islamique (EI) en Irak, depuis leur tente dans un camp de réfugiés sordide jusqu’à la modeste salle des fêtes dans laquelle ils ont célébré leur mariage près de Dohouk au Kurdistan irakien dans le nord du pays.

« C’était une fête très simple, il n’y avait pas de dîner, juste un gâteau (…) mais ils voulaient vraiment montrer leur bonheur et danser », raconte-t-il.

Les jeunes mariés étaient encore enfants quand l’EI a pris d’assaut la région du Sinjar, foyer historique des Yazidis, en 2014. Des centaines d’entre eux ont été tués, des femmes ont été transformées en esclaves sexuelles et des jeunes en enfants-soldats avant d’être libérés au compte-gouttes.

Même après avoir vécu six ans grâce à des aides humanitaires, le couple « chérissait la vie et voulait continuer (…) malgré tout ce qui leur était arrivé », ajoute Safin Hamed.

Les invités, vêtus de tenues traditionnelles chatoyantes, ont dansé au rythme des traditionnelles musiques de mariage kurdes, jouées par quelques musiciens. « Même après la fin, ils voulaient que le groupe continue », se souvient le photographe.

« Malgré leur souffrance, ils s’étaient préparés tous avec soin. Ils étaient allés chez le coiffeur et avaient bien choisi leur tenue », décrit-il.

– « Tellement différent » –

Au Yémen, en guerre depuis plus de cinq ans, dans la capitale tenue par les rebelles Houthis, Mohammed Huwais a photographié des hommes dansant dans la rue à l’occasion d’un mariage célébré malgré ce que l’ONU qualifie régulièrement de pire crise humanitaire au monde.

A Idleb, province du nord-ouest syrien et dernier grand bastion dominé par des jihadistes et rebelles, Aaref Watad a lui immortalisé une robe de mariée suspendue à une barre de fer tordue de la devanture d’un magasin, détruit le 7 décembre 2019 par des bombardements imputés à Moscou, allié du régime de Bachar al-Assad.

Plus à l’est, Moustafa Ramadan et Luvin Yusuf avaient dû reporter leur mariage en raison de l’offensive lancée par la Turquie dans le nord de la Syrie en octobre 2019 pour repousser de sa frontière une milice kurde syrienne qu’elle qualifie de « terroriste ».

Ils se sont finalement dit oui à Qamichli, devant l’objectif de Delil Souleiman et un parterre d’invités chantant en tapant des mains et en riant des airs patriotiques kurdes.

« C’était tellement différent de (mon) travail habituel: les bombardements, les déplacés, la mort », raconte ce photographe de l’AFP. « L’air était rempli de musique, de couleurs, de joie et de danse. »

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