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Au Soudan, les lutteurs retournent au ring malgré les violences

Autour du ring de sable ocre où s'affrontent deux lutteurs, les spectateurs hurlent cris d'encouragement ou de colère. Après une…

Autour du ring de sable ocre où s’affrontent deux lutteurs, les spectateurs hurlent cris d’encouragement ou de colère. Après une brève interruption due aux violences à Khartoum, les amateurs ont retrouvé leur sport favori.

Pour le plus grand plaisir des fans agglutinés, les lutteurs s’empoignent et se débattent, s’agrippant et s’envoyant au sol, dans un nuage de poussière.

Tradition plurimillénaire originaire des Monts Noubas dans le centre du Soudan, les combats de lutte se sont popularisés au Soudan et attirent des centaines de spectateurs chaque semaine. Ce sport est considéré comme le plus populaire après le football.

Les matchs avaient été interrompus après la dispersion sanglante le 3 juin d’un sit-in de manifestants qui réclamaient aux militaires de transférer le pouvoir aux civils depuis la destitution par l’armée en avril du président Omar el-Béchir.

Mais aujourd’hui, dans le stade Haj Youssef aux abords de la capitale soudanaise, les rencontres ont repris.

« Les fans avaient peur de venir et qu’il y ait des violences », reconnaît Altaib Deifallah, lutteur depuis 1993. « Mais ces derniers jours, les spectateurs ont commencé à revenir pour assister aux matchs ».

– « Peuple soudanais uni »-

Malgré les manifestations qui secouent le Soudan depuis décembre, les rencontres de lutte s’étaient poursuivies.

« Les spectateurs venaient aux matchs, chaque mercredi, vendredi et samedi, et ils exprimaient leurs encouragements même pendant les manifestations », confie à l’AFP le lutteur Yasser al-Daw Harba.

Dans la tradition de la lutte Nouba, les pugilistes s’affrontent sur du sable et la victoire est accordée à celui qui parvient à jeter son adversaire au sol.

En 2010, le gouvernement soudanais avait encouragé la pratique du sport dans la capitale en construisant le stade Haj Youssef, qui a même accueilli des joueurs internationaux.

En 2014, des lutteurs professionnels du Japon ont affronté leurs adversaires soudanais. L’année précédente, un diplomate japonais s’était même pris au jeu en ralliant la compétition, avant de perdre.

« Nous avons aussi participé à des tournois internationaux en Corée du sud, au Japon, au Niger, en Egypte et en Turquie », s’enorgueillit M. Harba, lutteur depuis 1997.

« La lutte a longtemps gardé le peuple soudanais uni, chaque semaine elle rallie des milliers de personnes. Je suis sûr qu’elle va continuer à mobiliser bien plus que n’importe quel autre sport ».

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