InternationalAFP




Au Venezuela, la Constituante fête sa 1ère année au service du pouvoir

L'Assemblée constituante du Venezuela, qui célèbre samedi son premier anniversaire, a permis au gouvernement socialiste du président Nicolas Maduro d'asseoir…

L’Assemblée constituante du Venezuela, qui célèbre samedi son premier anniversaire, a permis au gouvernement socialiste du président Nicolas Maduro d’asseoir son pouvoir et de neutraliser l’opposition.

En revanche, la rédaction d’une nouvelle constitution, raison d’être officielle de cette instance législative, semble au point mort.

La Constituante, composée uniquement de partisans du chef de l’Etat et contestée par l’opposition, dispose de prérogatives élargies: elle convoque des élections, destitue des fonctionnaires et vote des lois. Elle s’est attribuée la plupart des compétences du Parlement.

Quel est son bilan et où se dirige-t-elle ?

– La « paix » forcée –

Son installation, le 4 août 2017, calme l’agitation qui secoue le pays. Maduro fait alors face à une vague de protestations de l’opposition qui durent depuis 4 mois, faisant 125 morts, des centaines de blessés et de personnes arrêtées.

Vent debout contre cet organe législatif parallèle, l’opposition refuse de participer au scrutin pour désigner les Constituants. Fragilisée, cette dernière voit alors la mobilisation dans les rues cesser net.

La Constituante « a désarticulé les manifestations », déclare à l’AFP l’analyste Mariano De Alba.

Pour le chef de l’Etat, elle a fait « triompher la paix ».

Dès le 5 août, sa première décision est de destituer la procureure générale Luisa Ortega, ancienne proche du pouvoir devenue une farouche adversaire. L’opposition dénonce « la prise en otage » des institutions.

– Opposition anéantie –

C’est « un organisme qui est au-dessus de tous les pouvoirs (…) et qui a pris les compétences du Parlement », seule institution du pays contrôlée par l’opposition, souligne M. De Alba. La Constituante siège dans le « salon elliptique », à quelques dizaines de mètres de l’hémicycle dans lequel se réunissent les députés élus fin 2015 et majoritairement issus du camp anti-Maduro.

Les députés continuent de travailler mais leurs votes restent purement symboliques, car depuis leur installation, début 2016, la Cour suprême, réputée proche de l’exécutif, a déclaré nulles toutes les décisions adoptées par le Parlement.

L’Assemblée constituante « est devenue un organisme destiné à anéantir l’opposition », juge le politologue Luis Salamanca.

– Maduro renforcé –

Profitant des divisions de l’opposition et de l’échec des négociations avec le gouvernement, la Constituante a avancé l’élection présidentielle, qui a vu, le 20 mai, la réélection de Maduro jusqu’en 2025. Une victoire contestée non reconnue par une grande partie de la communauté internationale.

En 2017, les constituants ont également convoqué des élections régionales, pour désigner les gouverneurs des Etats, et municipales. Le chavisme, le courant politique au pouvoir, s’est largement imposé à chaque fois.

Un des rares gouverneurs de l’opposition élus refuse de prêter serment devant la Constituante. Il est destitué et une nouvelle élection est organisée et remportée par un chaviste.

« La Constituante a été le début de la fin du suffrage démocratique », fait valoir M. Salamanca.

Une fois Maduro réélu, cette instance toute puissante fait un geste en libérant 120 opposants qui étaient derrière les barreaux.

– Mandat indéterminé –

Réforme de la Constitution de 1999 ou texte totalement nouveau, difficile de savoir car il n’y a pas eu, pour l’heure, de débats publics sur le sujet.

Pour M. Salamanca, la future Constitution est en train d’être rédigée « en secret ».

Cette instance permet aussi d’équilibrer les forces au sein du chavisme et éviter une crise interne qui pourrait menacer Nicolas Maduro alors que le pays est en plein marasme économique.

La récente nomination de Diosdado Cabello comme président de la Constituante va dans ce sens.

Ce puissant dirigeant est considéré comme le véritable chef du parti présidentiel et on lui attribue une grande influence au sein de l’armée, pilier du pouvoir en place.

Il pourrait y avoir une « sortie négociée (de Maduro) pour mettre au pouvoir Cabello ou un de ses proches afin d’essayer de redresser l’économie. Mais je ne pense pas qu’il y aura une rupture dans les prochains mois », estime M. Salamanca.

M. Cabello a récemment laissé entendre que l’Assemblée constituante pourrait prolonger son mandat de 4 ans et non arrêter ses travaux en août 2019, comme prévu. « Son mandat va s’étendre jusqu’à ce que l’élite au pouvoir en décide ainsi ou jusqu’au départ » des dirigeants actuels, anticipe M. De Alba.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne