InternationalAFP




Au Vietnam, le changement climatique ennemi des ouvriers des marais salants

Depuis des générations à Hon Khoi au Vietnam, les ouvriers des marais salants se lèvent avant l'aube pour récolter le…

Depuis des générations à Hon Khoi au Vietnam, les ouvriers des marais salants se lèvent avant l’aube pour récolter le sel, un travail difficile aux revenus fluctuants, touché de plein fouet par le dérèglement climatique.

Dans cette petite ville balnéaire située à 350 kilomètres au nord-est d’Ho-Chi-Minh-Ville, l’ancienne Saïgon, une multitude de parcelles d’eau de mer s’étendent le long de la côte, pénétrant les terres sur plusieurs kilomètres.

Nombre d’habitants de la région travaillent dans ces marais salants, premiers pourvoyeurs d’emplois ici, lors de la récolte du sel qui s’étale de janvier à juin, aux mois les plus chauds et secs de l’année.

Mais avec le changement climatique et la multiplication des pluies, souvent violentes, la production est compromise.

« Alors que le changement climatique et les épisodes météorologiques extrêmes ont un impact sur l’environnement de multiples façons, l’agriculture et la production alimentaire en Asie-Pacifique sont parmi les plus durements touchées », souligne l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Avant même que le soleil se lève, à l’aide de longs râteaux de bois, les ouvriers des marais salants cassent la croûte de sel une fois que l’eau de mer a été suffisamment pompée et a fini de s’évaporer sous l’effet de la chaleur.

Coiffés du chapeau conique vietnamien traditionnel, ils transportent ensuite, souvent jusqu’au soleil couchant, le précieux minéral dans des petits paniers de bambou posés en équilibre sur leurs épaules.

Nguyen Thanh Lai, 60 ans, récolte du sel de table qu’il vendra à des commerçants de la région mais aussi du sel industriel utilisé pour produire de l’eau gazeuse ou du nuoc-mam, une sauce à partir de poisson fermenté très populaire en Asie du Sud-Est.

« Ce n’est pas amusant du tout. Nous devons travailler péniblement sous le soleil. Et pendant la saison plus froide, nous ne travaillons pas », soupire-t-il.

« Dans le passé, il n’y avait pas de pertes financières dans la production de sel, il y en a maintenant », ajoute-t-il.

Employé comme superviseur technique, il gagne en général 320 euros par mois pendant la saison de la récolte, soit plus du double de ce que perçoivent les simples ouvriers.

– Chute des prix –

Mais les revenus sont instables.

Le Vietnam, dont la production de sel est souvent excédentaire, continue à en importer, principalement de Chine ou d’Inde, ce qui fait chuter les prix.

Ainsi en 2017, malgré un excédent de 147.000 tonnes, le pays en a importé 500.000 supplémentaires destinées en grande partie au marché domestique, ce qui fait mécaniquement chuter les prix et les revenus des ouvriers des marais salants.

Sollicités sur cette question par l’AFP, le ministère de l’Agriculture n’a pas répondu.

Autre problème: le climat capricieux. La saliculture requiert un temps sec et ensoleillé et le changement climatique amène de plus en plus de journées pluvieuses dans la région.

« Si le temps le permet, nous pouvons travailler pendant six mois. S’il pleut, nous avons tous faim », relève Nguyen Quang Anh, saliculteur depuis 20 ans. Car « la production de sel a besoin d’un climat stable ».

« Le changement climatique a vraiment eu un impact », déplore-t-il.

En 2014, les autorités vietnamiennes se sont engagées à moderniser le secteur pour aider les paludiers en difficulté. Un plan sur 15 ans prévoyait un triplement de la production d’ici 2030, l’utilisation de nouvelles technologies et des aides pour les travailleurs touchés par le changement climatique.

Mais à Hon Khoi, peu de personnes ont ressenti une amélioration depuis sa mise en place. Certains des travailleurs des marais salants n’en n’ont même jamais entendu parler.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne