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Autriche : l’improbable tandem écolo-conservateur dévoile son pacte de coalition

L'Autriche va être dirigée par une coalition inédite entre les conservateurs de Sebastian Kurz et les écologistes, deux partis aux…

L’Autriche va être dirigée par une coalition inédite entre les conservateurs de Sebastian Kurz et les écologistes, deux partis aux orientations politiques si éloignées que leur programme commun dévoilé jeudi sera déterminant pour la pérennité de leur alliance.

En annonçant mercredi soir, premier jour de l’année, le succès de ses négociations avec les Verts, le chef de la droite a voulu placer son deuxième mandat sous le signe du renouveau : la participation des écologistes autrichiens au gouvernement est sans précédent et marque un tournant après la rupture de la précédente alliance droite-extrême droite.

Depuis les législatives anticipées du 29 septembre, il a fallu trois mois à Sebastian Kurz, 33 ans, et à son homologue des Verts, Werner Kogler, âgé de 58 ans, pour apprendre à se connaître et conclure qu’une coalition entre les deux partis était possible.

Sur le papier, la droite libérale et anti-immigration de l’ex-chancelier et les écologistes autrichiens, ancrés à gauche, ont surtout en commun d’avoir été les principaux vainqueurs de l’élection : l’ÖVP a renforcé son score (37,5%), sans obtenir de majorité absolue, tandis que les Verts, en quatrième position (13,9%), ont signé un retour en force au parlement.

Pourtant les deux partis sont parvenus à concilier « le meilleur des deux mondes », a assuré Sebastian Kurz à l’issue d’une ultime séance de pourparlers. Comment s’y sont-ils pris ? Ce sera l’objet de la présentation du pacte de gouvernement, à partir de 16h00 locales (15h00 GMT).

L’expérience autrichienne s’inscrit dans la recomposition politiques à l’oeuvre dans de nombreux pays d’Europe où la montée des discours populistes et la poussée des partis écologistes, portés par l’urgence de la question climatique, rebattent les cartes.

Des ministres verts participent au gouvernement en Suède, en Finlande, en Lituanie, au Luxembourg. Les Verts sont en pleine ascension Allemagne, avec l’espoir de pouvoir placer une ou un écologiste à la chancellerie lors des prochaines élections.

En Autriche, le climat s’est installé en tête des préoccupations des électeurs, selon les sondages.

– Verts en minorité –

La question migratoire reste cependant centrale pour l’électorat de M. Kurz qui a bâti son succès sur un durcissement de la politique d’asile et de sécurité. C’est à contrecoeur qu’il avait mis fin, en mai, à ses 18 mois de coalition avec l’extrême droite, compromise dans un scandale de corruption (« l’Ibizagate ») et devenue un partenaire encombrant.

Mercredi soir, le dirigeant a tenté de rassurer son électorat, affirmant qu’il était « possible de protéger le climat et les frontières ». Il a également promis de maintenir le cap des baisses d’impôts et la « lutte contre l’islam politique ».

La droite dominera largement la nouvelle équipe ministérielle, gardant la main sur les ministères de l’Intérieur, des Finances et des Affaires étrangères.

« Kurz et Kogler doivent afficher leur unité tout en préservant leur électorat », observait jeudi l’éditorialiste du journal de centre gauche Der Standard, qualifiant l’entreprise de « pari risqué ». Les écologistes et les conservateurs gouvernent cependant ensemble dans plusieurs provinces du pays.

Les Verts (die Grünen) devraient décrocher quatre portefeuilles, dont un « super ministère » de l’Environnement incluant également Transports, Energie et Technologie.

Parmi les autres attributions devraient figurer la Justice, les Affaires sociales et la Culture tandis que le parti aurait également eu gain de cause sur une loi de transparence et d’éthique de la vie politique ainsi que l’amélioration du droit à l’information.

« Nous avons atteint une entente plus large que nous le pensions en matière de protection du climat », a assuré Werner Kogler, un écologiste modéré qui a pris la tête du parti en 2017. Il occupera le poste de vice-chancelier.

L’incertitude demeure sur la nature du compromis trouvé en matière de fiscalité écologique : les Verts et Sebastian Kurz étaient en désaccord sur l’instauration d’une taxe carbone dans le domaine des transports alors que l’Autriche est l’un des plus mauvais élèves de l’Union européenne pour les émissions de gaz à effet de serre.

Les Verts devraient donner leur accord au pacte de gouvernement lors d’un congrès extraordinaire convoqué samedi. L’investiture de la nouvelle équipe devrait avoir lieu la semaine prochaine.

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