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Autriche : Sebastian Kurz lance la bataille des législatives

Premier chef de gouvernement autrichien renversé par le Parlement, Sebastian Kurz a fait les frais de l'Ibizagate qui a emporté…

Premier chef de gouvernement autrichien renversé par le Parlement, Sebastian Kurz a fait les frais de l’Ibizagate qui a emporté ses anciens alliés d’extrême droite. Mais le dirigeant conservateur prépare déjà son retour aux législatives de septembre, fort d’une popularité intacte.

A 32 ans, Sebastian Kurz est devenu le plus jeune ex-chancelier de son pays et celui dont le mandat aura été le plus court. Après 18 mois à diriger l’Autriche à la tête d’une coalition avec le FPÖ, la motion de censure votée de concert lundi par ses anciens partenaires et les sociaux-démocrates (SPÖ) a des allures de désaveu.

Et pourtant. Quelques heures après le vote de défiance au Parlement, M. Kurz était l’invité d’honneur d’une fête organisée par son parti conservateur, l’ÖVP, avec force drapeaux, ballons et militants venus en cars spécialement affrétés pour l’occasion.

Pour la formation de l’ex-chancelier, c’était « l’occasion de faire jouer ses muscles », décrypte le quotidien Die Presse, et de rappeler qu’elle est la mieux placée pour remporter les élections législatives qui se dérouleront en septembre.

L’ÖVP a recueilli dimanche le meilleur score jamais réalisé par un parti autrichien à des élections européennes depuis l’adhésion de l’Autriche en 1995, avec 34,6% des suffrages selon les résultats définitifs. Les conservateurs autrichiens sont au pouvoir depuis 32 ans, au sein de différentes coalitions, et devancent le SPÖ et le FPÖ dans les intentions de votes pour les scrutins nationaux.

Plusieurs analystes suggèrent même que son retrait du devant de la scène va servir les intérêts de Sebastian Kurz, à la communication extrêmement rodée. « Il va perdre le +bonus du chancelier+, les photos des déplacement à l’étranger, des rencontres entre dirigeants internationaux, mais il va avoir plus de temps pour la campagne électorale (…) et pourrait prendre le rôle de +victime+ » des tactiques de l’opposition qui l’a renversé, souligne pour l’AFP Sylvia Kritzinger, enseignante en sciences politiques à l’Université de Vienne.

Le chef des conservateurs a d’ailleurs annoncé mardi qu’il ne souhaitait pas retourner siéger en tant que député, comme il en a la possibilité, et allait entamer une tournée électorale en Autriche.

– Agressivité –

Depuis que la coalition ÖVP-FPÖ a volé en éclats avec la diffusion le 17 mai d’une vidéo tournée sur l’île espagnole d’Ibiza, au contenu compromettant pour l’extrême droite autrichienne, M. Kurz s’est efforcé de rester maître du jeu.

Il a contraint à la démission le chef du FPÖ et numéro deux du gouvernement, Heinz-Christian Strache, que ce film montre en train d’offrir à la fausse nièce d’un oligarque russe d’importants marchés publics en échange de financements illégaux. Il a ensuite écarté sans ménagement les autres ministres FPÖ du gouvernement.

L’harmonie qu’affichaient conservateurs et extrême droite au sein de la coalition a fait place à des attaques cinglantes de la part du FPÖ contre son ancien allié.

L’extrême droite estime avoir limité la casse aux élections européennes avec ses 17,2%, en recul d’un peu plus de deux points par rapport à 2014.

« Il faut s’attendre à une campagne électorale très dure, agressive », pronostique le politologue Thomas Hofer.

Ce climat conflictuel et la marginalisation d’une extrême droite devenue infréquentable après l’Ibizagate risquent de compliquer la formation d’une coalition à l’issue des législatives, dont la date exacte reste à fixer.

« Ce n’est pas un phénomène uniquement autrichien. On voit que dans tous les pays européens, la formation de coalitions devient de plus en plus difficile », observe Mme Kritzinger.

Pour gérer les affaires courantes jusqu’au scrutin anticipé, un gouvernement de transition sera nommé dans les prochains jours. C’est le ministre des Finances Hartwig Löger qui assure l’intérim au poste de chancelier dans l’attente de la constitution de cette nouvelle équipe, le chef de l’Etat, Alexander Van der Bellen, consultant actuellement les partis à la recherche de ministres qui fassent consensus.

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