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Aux Etats-Unis la lutte contre les armes imprimées en 3D s’accélère

Plusieurs Etats américains et les partisans d'un meilleur contrôle des armes à feu tentaient mardi de bloquer in extremis la…

Plusieurs Etats américains et les partisans d’un meilleur contrôle des armes à feu tentaient mardi de bloquer in extremis la mise sur le marché de plans numériques permettant de fabriquer, en toute discrétion, des armes à l’aide d’imprimantes 3D.

Fin juin, après une longue bataille judiciaire, le gouvernement fédéral a autorisé un groupe, Defense Distributed, à mettre en ligne des schémas numériques permettant de fabriquer depuis chez soi une arme à partir d’une imprimante 3D.

L’objet est en plastique, mais fonctionne comme une arme bien réelle. N’étant pas construit industriellement par un fabricant agréé, il ne possède pas de numéro de série, ne sonne pas aux détecteurs de métaux, et est potentiellement intraçable.

« L’âge des armes téléchargeables commence réellement », promet le site du groupe, fondé par Cody Wilson, un libertarien âgé de 30 ans.

La mise en ligne des programmes d’instruction doit intervenir le mercredi 1er août.

Une dizaine de procureurs d’Etats américains démocrates ont saisi la justice lundi pour empêcher la publication de ces manuels.

« Il est simplement fou de donner aux criminels les outils pour imprimer en 3D des armes intraçables et indétectables rien qu’en appuyant sur un bouton », s’est ainsi insurgée Barbara Underwood, procureure de l’Etat de New York.

Les procureurs ont saisi un tribunal fédéral de Seattle, dans l’Etat de Washington, et ont demandé un jugement en référé, compte tenu de l’imminence de l’échéance.

Une vingtaine de procureurs d’Etat ont également écrit au ministre de la Justice, Jeff Sessions, et au secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, pour dénoncer l’accord passé entre l’administration Trump et Defense Distributed. Un accord « profondément dangereux qui pourrait avoir un impact sans précédent sur la sécurité publique », selon eux.

Le pays, où environ 30.000 personnes meurent par an à cause d’armes à feu, est déjà profondément divisé sur la question du contrôle des armes personnelles, notamment à cause des nombreuses fusillades de masse, souvent perpétrées avec des armes achetées légalement.

– Trump consulte la NRA –

Plus surprenant, Donald Trump lui-même a semblé s’opposer à ce nouvezau moyen de s’armer.

« Je me penche sur cette affaire d’armes en plastique en 3D vendues au grand public. J’ai déjà parlé à la NRA, cela ne semble pas faire grand sens », a-t-il indiqué mardi sur Twitter.

La NRTA, le principal lobby des armes à feu, qui rassemble les principaux fabricants d’armes, ne s’est pas encore exprimé sur le sujet mais ne devrait pas voir d’un bon oeil l’arrivée de cette concurrence.

Le décalage entre le tweet du président et l’accord passé par son administration n’a pas manqué de faire tiquer l’opposition démocrate, déjà majoritairement favorable à plus de contrôle des armes à feu.

« En effet, ça ne fait pas grand sens. Et ça ne fait pas grand sens que VOTRE ministère de la Justice et VOTRE département d’Etat aient autorisé la mise à disposition au public d’armes imprimables en 3D », a commenté Ed Markey, sénateur du Massachusetts.

D’autres ont regretté que le président se tourne vers un lobby privé pour régler cette question d’ordre public.

Le sénateur Bill Nelson, élu de Floride, a annoncé qu’il présenterait une proposition de loi pour interdire la publication de ces plans.

La majorité républicaine, opposée à un contrôle renforcé des armes mais proche de la NRA, restait plutôt discrète sur ce sujet.

Cody Wilson s’est lancé dans son combat en 2013, quand il a publié les plans du « Liberator ». Tout en plastique, l’objet, qui a l’apparence d’un jouet, pouvait tirer une seule balle.

Ces schémas ont été téléchargés 100.000 fois avant que la police fédérale ne mette fin à leur libre accès.

Originaire de l’Arkansas et imprégné de la culture sudiste des armes, Cody Wilson entend faire de son projet Defense Distributed « un WikiLeaks des armes », a-t-il résumé au Washington Post.

L’homme ajoute avoir été totalement séduit par les possibilités qu’offrent les imprimantes 3D.

Cette technologie révolutionnaire, également connue sous le nom de fabrication additive parce qu’elle consiste à superposer des couches successives pour former l’objet désiré, permet de confectionner chez soi, avec une imprimante en trois dimensions, toute sorte d’objets, en métal, aluminium ou plastique.

La Nasa l’a déjà utilisée pour imprimer des outils dans la Station spatiale internationale (ISS) mais elle peut aussi servir à construire des maisons, des pièces détachées dans des endroits isolés ou encore des pièces de pâtisserie.

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