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Bangui s’amuse encore, malgré l’insécurité permanente

Bangui, ville à deux vitesses. Sous une insécurité quasi-permanente instaurée par les milices à la gâchette facile que sont notamment…

Bangui, ville à deux vitesses. Sous une insécurité quasi-permanente instaurée par les milices à la gâchette facile que sont notamment les Antibalakas et ex-Sélékas, se cache une capitale centrafricaine à la vie nocturne joyeuse et trépidanteIl faut se rendre au centre-ville de Bangui pour se rendre compte de cette ambiance festive qui, dés la nuit tombée, se répand dans les restaurants, cafés, bar dancings et night-clubs. Rassurés par les forces de l’ordre beaucoup plus présentes au centre-ville, Banguissois et expatriés travaillant notamment dans les institutions internationales, profitent du moindre silence des armes pour s’éclater dans des boîtes de nuit comme ‘’Plantation » et ‘’Casino ».

Les bars ‘’Elé Songo » au rond-point Benzi au 2ème arrondissement, Mamadelle au 6ème arrondissement et Biblos à Bimbo ont aussi leurs fêtards désireux d’oublier, autour d’un verre siroté avec une bande d’amis, les violences dans lesquelles baigne une partie du pays.

L’animation est généralement assurée dans les night-clubs par les orchestres tels que ‘’le Grand Conon Star de Bangui », ‘’Sapéké Musika Maison Mère », ‘’Tropical Fiesta d’Agas » et ‘’La nouvelle écriture d’Ozaguin. Au gré des accalmies, ces formations musicales donnent également des concerts à travers la ville, de vendredi à dimanche, entre 16h et 22h.

En habitué de la ‘’Plantation », Cyriaque Timolo s’y rend tous les samedis pour se contorsionner au son de la musique jusqu’à 5 h du matin. ‘’Il n’y a pas d’agression puisque les forces de l’ordre patrouillent régulièrement », assure le jeune homme, précisant que dans ses moments de détente il côtoie plusieurs étrangers en quête de divertissement.

                                                                                 

Junior, un jeune homme du quatrième arrondissement, n’a hélas pas la même baraka que Cyriaque. D’une part, il a été lui-même victime d’un braquage en rentrant vers 1h du d’un concert d’Ozangui à Elé Songo dans le deuxième arrondissement, et, d’autre part, il a été témoin au bar ‘’Sélection » de l’éclatement d’une grenade ayant fait deux morts et plusieurs blessés.

De quoi ôter le goût des virées nocturnes à Junior qui déclare : ‘’depuis lors, je ne fréquente plus ce lieu de distraction. Malgré les fouilles qui se font à l’entrée des bars, certains arrivent à s’introduire avec des engins de guerre ».

 

C’est presque pour les mêmes raisons que Mathurin Kolossia un jeune du 6ème arrondissement de Bangui fréquente modérément le «Tiringulou», un bar dancing du 5ème arrondissement. Lieu de distraction des miliciens Antibalaka, ces derniers s’y comportent en territoire conquis où les bagarres et vols de portables sont fréquents.

Fêtard impénitent, Mathurin fait tout, lorsqu’il s’y rend, pour quitter les lieux aux environs de 20h, moment où débutent les violences.

En clair, plus on avance dans la nuit plus les exactions se multiplient dans les lieux de divertissement. Surtout ceux éloignés du centre-ville. Cette situation a poussé beaucoup de jeunes à non seulement limiter leurs sorties en deçà de 22h, mais aussi à se cantonner dans leur arrondissement où s’organisent désormais les soirées théâtrales et autres kermesses.

Ainsi, chacun s’amuse dans son arrondissement et seules les activités culturelles organisées dans le cadre de la cohésion sociale ou du vivre ensemble par des associations peuvent pousser les jeunes à se rendre nuitamment hors de leurs zones de résidence. Dans ces cas aussi, c’est l’œil rivé à la montre pour ne rentrer pas à une heure indue qu’on suit la manifestation culturelle…

Dans le sillage des organisateurs de manifestations culturelles, des restaurateurs et propriétaires de motels se sont également repliés dans les quartiers, histoire de se rapprocher des populations. Pour attirer ces dernières, des tenants de bistrot ont fait de leurs caves des lieux de rencontre là où d’autres reçoivent les clients en plein air, à la devanture de leur commerce.

                                                                                      

Une opération qui n’est pas sans risque car les clients sont à la merci des motos et camions de passage ayant du mal à circuler à cause du défaut d’éclairage public.

Une trouvaille qui fait tout de même fureur à Bangui : les barbecues qu’offre chaque week-end à ceux qui fêtent leur anniversaire un promoteur de distractions. Organisés dans la banlieue banguissoise, les célèbres barbecues de Maitovo sont d’agréables moments de fête où l’on boit et mange à satiété.

Mais là aussi, comme d’habitude presque partout, à 20h pile on remballe tout, on ferme et tout le monde rentre vite à domicile…

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