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Bénin: la « thèse de l’enlèvement se précise » pour les deux touristes français et leur guide

"La thèse de l'enlèvement" des deux touristes français et de leur guide béninois, qui se trouvaient dans le parc de…

« La thèse de l’enlèvement » des deux touristes français et de leur guide béninois, qui se trouvaient dans le parc de la Pendjari, dans le nord du Bénin, « se précise », selon une source sécuritaire de la région.

Leur véhicule a été retrouvé dans l’est du Burkina Faso, ont confirmé à l’AFP dimanche des sources sécuritaires, mais peu d’éléments ont été révélés à ce stade de l’enquête.

« Un Toyota 4 Runner qui transportait les deux touristes français et leur guide a été retrouvé sans les occupants », a expliqué une source sécuritaire de la région, soulignant que « la thèse d’un enlèvement se précise ».

Selon cette source, « le véhicule a été retrouvé dans l’est du Burkina Faso », frontalier avec le parc national béninois de la Pendjari.

Le cadavre d’un homme africain « en très mauvais état », vraisemblablement mangé par les vautours, a été retrouvé samedi au Bénin, mais son identité n’a été divulguée ni par la présidence béninoise, ni par les agents de la sécurité au Bénin et au Burkina Faso. Rien ne prouve à ce stade qu’il s’agit bien du guide des deux Français.

Ils ont disparu mercredi soir et « sont probablement déjà très loin », a confié une source sécuritaire au Bénin, précisant toutefois qu’à ce stade de l’enquête il n’y avait « aucune certitude ».

Selon la chaîne d’information France 24, qui cite des sources mauritaniennes et maliennes, « le chauffeur aurait été retrouvé mort, tué par balles » et « le véhicule qui les transportait est calciné ».

La Pendjari, ce parc de 4.700 km2 est l’un des trois parcs de l’ensemble WAP (W, Arly et Pendjari) qui s’étend sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, et l’un des derniers sanctuaires de la vie sauvage en Afrique de l’Ouest.

– Dégradation sécuritaire –

Il fait partie des grands projets de réhabilitation engagé par le Bénin pour son développement économique depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon, en avril 2016.

Les investisseurs se sont engagés à investir 26 millions de dollars (dont 6 millions par le gouvernement béninois) en dix ans pour faire revivre ce parc, abîmé par des décennies de négligence.

Mais sa situation géographique, limitrophe avec le Burkina Faso était une menace constante, qui est désormais réelle: le pays voisin, est confronté à une dégradation de la situation sécuritaire sur son sol depuis 3 ans, avec une accélération alarmante ces derniers mois.

Le Bénin était considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, une région mouvementée, où opèrent de nombreux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI), mais les parcs sont des zones très difficiles à surveiller, malgré un fort renforcement des équipe de surveillances, entrainées militairement depuis que African Park a repris la gestion de la Pendjari .

« Il vous arrive de rencontrer des gens à pieds dans le parc, mais vous ne savez pas où ils vont ni d’où ils viennent », explique à l’AFP Robert Oké, un guide du parc.

– « Passer facilement » –

« Il y beaucoup de chemin dans le parc où des gens peuvent passer facilement surtout en cette période de saison sèche », poursuit le guide de chasse et touristique, qui a passé toute sa carrière dans la Pendjari.

« J’ai même un groupe de touristes qui venait le 15 mai », se désole le guide. « Ils ont dû annuler. Ils venaient pour six jours dans le parc ».

L’exploitation du parc est l’une des seules sources de revenus dans cette région reculée du Bénin, à plus de 10 heures de route de la capitale économique de Cotonou.

La zone avait récemment été placée comme zone « formellement déconseillée » par le Quai d’Orsay, « compte tenu de la présence de groupes armés terroristes et du risque d’enlèvement ».

Selon des experts et sources sécuritaires, le nord des pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest, comme le Togo et le Bénin, sont devenus vulnérables ces derniers mois face à la stratégie d’expansion et de multiplication des fronts adoptée par les groupes armés.

Dans le parc du W, à cheval sur le Bénin, le Niger et le Burkina, « des combattants originaires du Mali auraient mené dès 204-2015 une reconnaissance » jusqu’au Bénin, selon un rapport publié en mars par l’institut de recherche Thomas More.

Au Burkina, 90% des attaques ne sont pas revendiquées. Elles ont été pour la plupart attribuées à Ansaroul Islam, au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou à l’Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS), mais une dizaine d’autres groupes, « plus petits et sans doute moins structurés » sont également actifs, selon le International Crisis Group (ICG).

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