InternationalAFP




Benitez, un enfant de la dictature, au pouvoir au Paraguay

Mario Abdo Benitez, qui a pris ses fonctions mercredi comme président du Paraguay, est un parent du dictateur Alfredo Stroessner,…

Mario Abdo Benitez, qui a pris ses fonctions mercredi comme président du Paraguay, est un parent du dictateur Alfredo Stroessner, à la tête du pays de 1954 à 1989, qui promet de négocier avec l’opposition, faute de majorité au parlement.

Il a prêté serment devant une demi-douzaine de chefs d’Etat de la région, dont l’Argentin Mauricio Macri, le Brésilien Michel Temer, l’Uruguayen Tabaré Vázquez, le Bolivien Evo Morales et le Colombien Ivan Duque.

Lors de son discours, le nouveau président de droite a exprimé sa « solidarité avec les peuples du Venezuela et du Nicaragua confrontés aux abus du pouvoir. Nous ne nous tairons pas. Le Paraguay ne sera pas indifférent devant la souffrance de ces peuples frères ».

Formé aux Etats-Unis, ce chef d’entreprise de 46 ans est issu du Parti Colorado, au pouvoir depuis 1947 dans le pays sud-américain, à l’exception de la période 2008-2013.

« Son parti est profondément divisé et l’opposition pourra l’accompagner si ses projets sont authentiques, démocratiques et si son gouvernement fait preuve d’ouverture », a déclaré à l’AFP le leader de l’opposition, Miguel Abdon Saguier (Parti libéral).

Elu pour cinq ans, il succède à Horacio Cartés, un homme d’affaires issu du même parti. Sénateur pendant le mandat de Cartés, le nouveau chef de l’Etat s’était opposé à son initiative de modification de la Constitution pour autoriser la réélection du président.

Signe des tensions au sein de la formation politique au pouvoir, le président sortant n’était pas présent à la cérémonie. Le Parti Colorado compte 17 sénateurs sur 45 et 41 députés sur 80. Il est divisé entre partisans d’Horacio Cartés et l’aile conservatrice, dont le nouveau chef de l’Etat est le porte-drapeau.

Les 100 premiers jours « seront une période clé, qui est importante pour n’importe quel gouvernement. Abdo va devoir se construire une légitimité », explique à l’AFP l’analyste Daniel Montoya.

« Je vais respecter les institutions (…) Je veux démontrer que mon engagement est au service de la République et son avenir », a déclaré à des journalistes Mario Abdo Benitez, en marge de la cérémonie de prestation de serment.

– « Cicatriser les blessures » –

« Je veux cicatriser les blessures, pour la réconciliation des Paraguayens. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise », avait-il déclaré le veille.

Né le 10 novembre 1971, Mario Abdo Benitez faisait partie de la jeunesse dorée d’Asuncion. Scolarité au prestigieux collège San Andrès, puis études de marketing à la Post University, une université privée du Connecticut (Etats-Unis).

Son père Mario Abdo était le secrétaire privé du général-président Stroessner, dont il était également un cousin éloigné. Il avait été poursuivi pour enrichissement illicite pendant la dictature, avant d’être mis hors de cause.

Le fils assume et revendique l’encombrant héritage paternel: il avait fait le déplacement pour assister à l’enterrement du dictateur en 2006 à Brasilia, où ce dernier était exilé.

Il est investi une semaine après une mobilisation citoyenne à Asuncion, qui a dénoncé la corruption politique.

Opposé à l’avortement, officier de réserve de l’armée paraguayenne, avec qui il a appris à sauter en parachute, le nouveau chef de l’Etat a participé le mois dernier à un entraînement des forces spéciales paraguayennes, en tirant au fusil automatique, devant les yeux amusés d’instructeurs américains.

Le Paraguay affiche une croissance de plus de 4% depuis plusieurs années, sans impact sur la réduction de la pauvreté car son modèle économique agro-exportateur ne crée pas d’emplois dans le pays, parmi les plus pauvres du continent.

« Nous nous efforçons de transformer le Paraguay en pays réellement attractif » pour les investisseurs étrangers, souligne le ministre paraguayen sortant de l’Industrie, Gustavo Leite, mettant en avant que 70 usines d’assemblage ont été construites depuis 2013.

Copropriétaire de deux barrages hydroélectriques, un avec le Brésil, l’autre avec l’Argentine, le Paraguay, pays de 7 millions d’habitants enclavé entre les deux géants sud-américains, sans débouché sur la mer, est un exportateur d’énergie électrique.

Parmi les dirigeants qui assistaient à la cérémonie, figurait Tsia Ing Wen, le président taïwanais, le Paraguay faisant partie des pays reconnaissant Taïwan, malgré les pressions de la Chine.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne