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Birame Coulibaly et Maodo Ndiaye : les Jean Mermoz sénégalais prêts à décoller

Malgré leur importante différence d'âge, les Sénégalais Birame Coulibaly, 36 ans, et Maodo Ndiaye, 25 ans, initiateurs du projet Flightsen,…

Malgré leur importante différence d’âge, les Sénégalais Birame Coulibaly, 36 ans, et Maodo Ndiaye, 25 ans, initiateurs du projet Flightsen, vivent à fond leur passion de l’aviation et entendent aller au bout de leur rêve en traversant une seconde fois des frontières, d’Europe en Afrique, durant quatre jours, pour le retour dans leur pays prévu le jeudi 11 juillet 2019.Sur le parking de l’aéroclub Iba Guèye, logé dans l’ancien aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar, Birame Coulibaly, barbe touffue, fait les cent pas ce vendredi matin. Dans cette atmosphère jonchée de petits avions, cet agent public du marketing, vêtu d’un t-shirt blanc floqué du logo de Flightsen, s’y sent très détendu avec son jeune compère Maodo Ndiaye, pilote professionnel.

Ces deux profils totalement différents sont liés par l’amour de l’aviation. Ils ont relevé le 29 juin dernier le défi aéronautique de rallier Saint-Louis du Sénégal à Lognes en France, dans le sillage des pionniers qu’étaient Mermoz et Saint-Exupéry, à bord d’un Piper PA-28, un avion quadriplace « sans pilote automatique ».

De retour au Sénégal pour régler quelques affaires après la première étape de cette aventure exceptionnelle, ils sont retournés samedi dernier en France pour être en vol à partir de ce lundi 8 juillet pour rallier Dakar, la capitale de leur pays.

Au départ de ce « défi physique et mental », ils ont fait au total « 28 heures de vol », un voyage nécessitant en effet plusieurs escales. Le binôme a traversé « la Mauritanie, le Maroc, l’Espagne » avant d’arriver en Hexagone.

Pour le retour du 11 juillet 2019 prévu dans l’après-midi, « on estime faire la même chose, entre environ 25 et 28 heures de vol », déclare Birame, qui souhaite en même temps que les vents soient « un peu plus favorables ».

L’appareil, loué « à 130.000 FCFA pour l’heure de vol », a « 5h30 d’autonomie ». Mais ils s’efforcent de n’en utiliser que quatre « pour parer aux soucis ou quand on est déroutés vers un autre aéroport », explique Birame, se rappelant en même temps l’ambiance de leur atterrissage dans cette localité parisienne.

« Quand on a atterri, Maodo et moi, on s’est regardé et on s’est dit : +Mais putain on y est+. Quand on a roulé pour aller au parking, on ne se rendait pas compte qu’il y avait autant de monde qui nous attendait. (…) On a vu énormément de gens qu’on ne savait pas et ça nous a énormément touché », a-t-il indiqué avec l’accent d’un Français, là où Maodo Ndiaye souligne qu’ils ont eu « les larmes aux yeux » quand ils ont vu leurs familles venir les accueillir ainsi que le maire de Lognes.

Comme Birame, Maodo a été formé à l’aéroclub Iba Guèye après son baccalauréat en 2012. Il est allé ensuite se perfectionner comme pilote de ligne en Afrique du Sud, avant de devenir aujourd’hui agent de la compagnie privée sénégalaise Transair. Cependant, il trouve plus passionnant « l’engouement » dans le pilotage privé avec ses appareils « rustiques ». Dans ce monde, explique-t-il, le pilote est plus libre car, assurant « la maintenance tout seul » de l’avion.

Malgré que Mermoz et Saint-Exupéry soient les pionniers dans ce domaine, ils n’en sont pas moins les premiers modèles du duo d’aviateurs sénégalais.

« On pense tous à Jean Mermoz qui a lancé (cette expérience) il y a des années entre Toulouse (France) et Saint-Louis (Sénégal). Sinon le meilleur modèle qu’on a eu, c’est le président de l’aéroclub, Ernest Discacciati qui a 15.000 heures de vol à son actif. C’est lui qui nous a transmis cette grosse passion », a confié Birame Coulibaly, marié et père de trois enfants, également très complice avec son jeune partenaire.

« Il faut bien s’entendre (dans cette expérience). On a une très bonne complicité. Pour faire un voyage comme ça, il faut choisir un partenaire avec qui on s’entend bien, avec qui on a une bonne affinité. Il peut y avoir des moments de stress et de désaccords, il faut qu’on arrive à écouter l’autre et trouver un juste milieu », a-t-il soutenu.

Flightsen, « un rêve nourri depuis nos premiers vols à l’aéroclub », a réellement commencé sa matérialisation en février dernier, d’après Maodo Ndiaye. Ainsi poussés par leur passion et leurs sponsors privés, « on a fait toutes les choses dans les délais », s’est-il réjoui.

« C’est un gros budget, d’où la nécessité pour nous d’avoir des sponsors. (…) Pour l’instant, aucune administration (publique) ne nous a aidés. On a eu des soutiens de leur part, c’est-à-dire qu’ils nous ont reçus (ministère du Tourisme) et encouragés. Mais c’est vraiment le secteur privé qui nous a aidés à réaliser le projet », a précisé Birame Coulibaly, soulignant que le projet vise à « promouvoir la destination Sénégal ».

« Le fait de se poser dans pleins de pays avec notre drapeau et identité… on parle d’abord du Sénégal. Deuxièmement, c’est de montrer que l’aviation sénégalaise a des pépites et inciter des jeunes à épouser les métiers de l’aviation sénégalaise », a poursuivi l’aîné du duo d’aviateurs de Flightsen, qui pense également associer dans ce projet « les forces vives » de ce secteur.

« L’idée à terme, c’est de faire tous les continents toujours avec le même avion. (…) Mais on espère cette fois-ci ramener deux avions. On pense aussi associer l’armée de l’air, qui est un gros acteur de l’aviation au Sénégal », a-t-il expliqué.

Birame et Maodo ne pensent toutefois pas se limiter à cette action car, partager leurs expériences avec les écoles sénégalaises est une chose qui leur « tient à cœur » aussi.

Ils comptent s’y rendre pour « surtout faire comprendre à la jeunesse : il faut qu’ils aillent au bout de leur rêve, a indiqué Birame. Il ne faut pas qu’ils se disent que c’est impossible. On a les moyens et les ressources au Sénégal. On peut réussir par nous-mêmes. On n’a pas besoin d’aller à l’étranger chercher des compétences ».

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