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Bolivie: Jeanine Añez compose son gouvernement, Morales prêt à rentrer

Nomination d'un gouvernement, convocation d'élections : dans une Bolivie encore secouée par des manifestations, la présidente par intérim Jeanine Añez…

Nomination d’un gouvernement, convocation d’élections : dans une Bolivie encore secouée par des manifestations, la présidente par intérim Jeanine Añez tentait mercredi de combler le vide politique laissé par le départ d’Evo Morales, qui s’est déjà dit prêt à rentrer pour « apaiser » la situation.

A La Paz, où les habitants tentaient de reprendre une vie normale, les bus étaient de retour dans les rues et la quasi totalité des dix lignes de téléphérique sillonnaient à nouveau la ville, après deux jours d’arrêt complet, a constaté l’AFP.

Seule une ligne à El Alto, ville voisine de La Paz favorable à Evo Morales, restait fermée.

Les banques et les commerces ont également rouvert leurs portes, alors que pillages et saccages ont eu lieu depuis dimanche soir dans la capitale et ses environs après la démission d’Evo Morales.

« Nous mettons tout en oeuvre pour que tout revienne à la normalité », a déclaré le commandant de la police, le général Yuri Calderon, ajoutant que des dizaines de petits commissariats, à La Paz et El Alto, avaient été saccagés et brûlés par des groupes de manifestants pro-Morales en colère. La police s’était déclarée en mutinerie contre l’ancien président vendredi.

Depuis Mexico, où il est arrivé mardi pour y bénéficier de l’asile politique, Evo Morales s’est dit prêt à rentrer en Bolivie pour y « apaiser » la situation.

« Si mon peuple le demande, nous sommes disposés à retourner (en Bolivie) pour apaiser la situation », a déclaré M. Morales lors d’une conférence de presse à Mexico. « Nous reviendrons tôt ou tard », a-t-il assuré, appelant à un « dialogue national » afin de résoudre la crise qui agite son pays.

Il a par ailleurs réfuté la légitimité de la sénatrice Jeanine Añez, à l’image des cultivateurs de coca du Chaparé, le fief de l’ex-président, qui ont appelé à la « mobilisation nationale ».

Des blocages avaient toujours lieu à travers le pays, comme à Yapacani, un village indigène dans la région de Santa Cruz.

Depuis El Alto, quelque 3.000 partisans d’Evo Morales se dirigeaient vers La Paz, dénonçant un coup d’Etat.

– Fermer le Parlement? –

Parallèlement, la nouvelle présidente prépare la composition de son gouvernement, qui devrait être réduit au strict minimum, selon un de ses porte-parole. Cela concerne « les fonctions, les postes les plus importants qui sont (les ministres de): la Défense, l’Intérieur et des Finances », qui « ne peuvent pas cesser de fonctionner », a déclaré à la presse Arturo Murillo, un sénateur de droite.

Jeanine Añez devrait le dévoiler d’ici mercredi soir, a-t-il précisé.

Quasiment inconnue, cette avocate de 52 ans, critique de l’ex-président socialiste, a pris ses fonctions mardi, Bible en main et ceinte de l’écharpe présidentielle, à la faveur d’une vacance de pouvoir provoquée par les démissions successives de M. Morales et de ses successeurs constitutionnels.

Outre la formation du gouvernement, l’autre priorité de la chef de l’Etat par intérim est de nommer une nouvelle autorité électorale en vue de convoquer de nouvelles élections.

En prenant ses fonctions, Mme Añez avait fixé comme limite la date du 22 janvier. Avant la crise, c’est à cette date que la prise de fonctions du prochain chef de l’Etat devait intervenir.

Autre piste à l’étude pour la nouvelle équipe à la tête du pays: la fermeture du Parlement pour contourner le parti d’Evo Morales, le Mouvement vers le socialisme (MAS), majoritaire, afin de gouverner par décrets présidentiels, selon une source proche du dossier.

Une option diversement appréciée par les analystes, certains, comme l’avocat Carlos Borth, y voyant une décision « absolument inconstitutionnelle ».

Le gouvernement vénézuélien de Nicolas Maduro, fidèle allié d’Evo Morales, a rejeté mercredi la « parodie » de proclamation de Jeanine Añez.

Une vague de protestation contre la réélection contestée de M. Morales pour un quatrième mandat lors du scrutin du 20 octobre a fait en trois semaines sept morts et plus de 380 blessés.

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