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Bolsonaro-Le Drian : un rendez-vous manqué qui fait couler de l’encre au Brésil

Les médias brésiliens se sont émus mercredi du "lapin" posé par le président Jair Bolsonaro au ministre français des Affaires…

Les médias brésiliens se sont émus mercredi du « lapin » posé par le président Jair Bolsonaro au ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, un rendez-vous manqué qui pourrait même selon eux « freiner la ratification de l’accord de libre-échange entre Union Européenne et Mercosur ».

La rencontre, qui aurait dû avoir lieu lundi après-midi, a été annulée officiellement « pour des questions d’agenda ».

Un agenda si chargé que le président brésilien a trouvé le temps de se faire couper les cheveux vers l’heure prévue pour le tête-à-tête et de s’afficher en direct sur pendant 12 minutes sur Facebook en train de peaufiner sa raie sur le côté.

« Bolsonaro a posé un lapin au ministre français, qui avait rencontré des écologistes », a rapporté le journal O Globo, évoquant une rencontra la veille avec l’ex-ministre de l’Environnement de gauche Izabela Teixeira.

Citant des sources diplomatiques, le quotidien Folha de S. Paulo rapporte que « la répercussion de ce geste a été horrible et peut avoir des impacts sur le processus de ratification de l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union Européenne ».

Il y a deux semaines, lors d’un petit déjeuner avec des journalistes étrangers, Jair Bolsonaro avait déjà fait part de sa méfiance à l’égard de cette rencontre prévue avec M. Le Drian, qu’il avait désigné à tort comme le « premier ministre ».

« Je vais recevoir le premier ministre français pour parler d’environnement, mais il ne va pas pouvoir me prendre de haut, il devra comprendre que le gouvernement du Brésil a changé », avait-il déclaré.

Le texte d’accord entre l’UE et le Mercosur comprend un chapitre sur le développement durable qui couvre « la gestion durable et la conservation des forêts, le respect des droits des travailleurs et la promotion d’une conduite responsable des affaires ».

Les pays-membres des deux organisations doivent également s’engager à respecter l’accord de Paris sur le climat, dont M. Bolsonaro avait menacé de sortir peu après son élection.

« Quand je vois que sur l’accord de Paris, il y a un revirement considérable du président brésilien, on demande à ce que ce soit concrétisé dans des orientations précises. Nous demandons à voir », avait prévenu M. Le Drian début juillet.

Le ministre français avait souligné qu’il y avait des « lignes rouges » à ne pas franchir pour la ratification de l’accord entre l’UE et le Mercosur (communauté économique regroupant plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont le Brésil) : « le respect intégral de l’accord de Paris, la protection des normes environnementales et sanitaires, la protection de nos filières ».

L’environnement est un sujet sensible pour le président Bolsonaro, climato-sceptique notoire. Il a récemment suscité un tollé en remettant en cause des chiffres officiels montrant une augmentation récente de la déforestation, et a demandé à être prévenu avant qu’ils soient rendus publics.

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