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Bolsonaro, le nostalgique de la dictature brésilienne

Avec son discours sulfureux, le député d'extrême droite brésilien Jair Bolsonaro, grièvement blessé lors d'une attaque à l'arme blanche durant…

Avec son discours sulfureux, le député d’extrême droite brésilien Jair Bolsonaro, grièvement blessé lors d’une attaque à l’arme blanche durant sa campagne jeudi, suscite la haine, mais il est aussi adulé par des millions de Brésiliens qui en font le favori du 1er tour de la présidentielle.

Celui qui obtient le plus d’intentions de vote le 7 octobre, selon le dernier sondage, a été opéré jeudi en fin de journée après avoir subi une attaque au couteau à l’abdomen alors qu’il faisait campagne à trois heures de route de Rio de Janeiro.

Pour ses détracteurs, le député de 63 ans fait figure d’épouvantail d’extrême droite, qui exacerbe les tensions dans un Brésil fortement polarisé avec ses dérapages misogynes et homophobes et sa nostalgie affichée de la dictature militaire

Mais ses partisans le voient comme le sauveur de la patrie en danger. Ses fans les plus ardents le surnomment « o mito » (le mythe). Un mythe entretenu par un savant usage des réseaux sociaux et des petites phrases provocatrices pour les médias.

Regard vert perçant et cheveux grisonnants soigneusement peignés, cet ancien capitaine de l’armée épargné par l’avalanche de scandales de corruption qui ronge le Brésil aime tester sa popularité dans les aéroports, où il est régulièrement arrêté pour des pauses selfie.

Jair Bolsonaro obtient 22% d’intentions de vote, ce qui le place en tête du premier tour de la présidentielle, mais les sondeurs ne le voient pas remporter le 2e tour.

Il fait notamment un tabac chez les jeunes (26%) et les classes les plus aisées (34%), tout en flirtant avec les évangéliques, avec notamment un discours farouchement anti-avortement.

La ligne politique de Jair Bolsonaro est floue, en témoigne ses nombreux changement d’étiquette au fil des années. En matière économique, son programme est tout aussi nébuleux.

Sa proposition-phare pour lutter contre l’insécurité: « Donner l’accès au port d’arme aux gens biens », a-t-il affirmé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

– Dérapages en série –

Reprenant le discours classique du « tous pourris » de la droite radicale, il tente de se placer au-dessus de la mêlée. Mais contrairement à Donald Trump, auquel il est souvent comparé, Jair Bolsonaro a déjà une longue carrière politique derrière lui: il siège à la chambre des députés depuis 1991.

« Il parle des ‘politiciens’ comme s’il ne faisait pas partie de ce monde. Il a réussi à faire passer l’image d’un homme fort, adepte de la ligne dure, qui va combattre la corruption », explique Michael Mohallem, professeur de droit à la Fondation Getulio Vargas.

Né en 1955 à Campinas, près de Sao Paulo, dans une famille d’origine italienne, Jair Bolsonaro a fait l’essentiel de sa carrière politique à Rio, où il a été élu conseiller municipal en 1988 et obtenu son premier mandat de député fédéral trois ans plus tard.

En tant que parlementaire, Jair Bolsonaro s’est davantage illustré par ses dérapages dans l’hémicycle que pour les projets de loi qu’il a fait approuver, seulement deux en 27 ans.

En 2014, il avait fait scandale en prenant violemment à partie la parlementaire de gauche Maria do Rosario, lui lançant qu’elle « ne méritait pas » qu’il la viole car elle était « très laide ». Deux ans plus tard, il a fait l’éloge d’un tortionnaire de la dictature militaire (1964-1985).

M. Bolsonaro a également multiplié les déclaration homophobes: dans un entretien au magazine Playboy en 2011, il a affirmé qu’il préférerait que son fils « meure dans un accident » plutôt que de le savoir homosexuel.

Même si son discours est plus policé depuis quelques mois, cela ne le rend pas forcément fréquentable aux yeux des partis traditionnels en vue d’une possible alliance avant un second tour.

« Comme l’électorat est très éparpillé, sans aucun candidat qui ne se dégage largement dans les sondages, on ne sait pas s’il pourra récupérer les voix de ceux qui sont éliminés au premier tour. Ce n’est pas un candidat rassembleur », affirme Michael Mohallem.

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