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Boris Johnson, le Brexit au service d’une ambition

Il agace autant qu'il séduit: l'exubérant Boris Johnson avance en position de favori pour succéder à la Première ministre britannique…

Il agace autant qu’il séduit: l’exubérant Boris Johnson avance en position de favori pour succéder à la Première ministre britannique Theresa May, jouant la carte de sauveur du Brexit, et de son charisme, pour faire oublier ses gaffes et ses excès.

« Bulldozer Boris » est en route. Le député conservateur a posé le premier jalon de la conquête du 10, Downing Street en remportant jeudi très largement le premier tour des votes pour élire le chef du Parti conservateur, qui deviendra in fine Premier ministre.

En raflant les voix de 114 députés tory, Boris Johnson a fait presque autant que tous les autres candidats encore en lice, qui se posent désormais la même question: comment l’arrêter?

Dans un Royaume-Uni déboussolé par les atermoiements sur le Brexit, prévu le 29 mars puis repoussé au 31 octobre, il se pose comme l’ultime recours pour résoudre l’inextricable dossier qui a eu raison de Theresa May.

Pour réussir le Brexit, clame celui qui a grandement contribué à son vote lors du référendum de 2016, il faut « des tripes et du courage ».

Ses détracteurs l’accusent d’esbroufe. Ses fans louent son allant, sa « personnalité unique », dixit le ministre de la Santé Matt Hancock.

A 54 ans, le chouchou des bookmakers n’a jamais semblé aussi proche de satisfaire sa soif de pouvoir.

Car Alexander Boris de Pfeffel Johnson, « BoJo » de son surnom, rêve depuis son plus jeune âge d’être « roi du monde », à en croire les confidences de sa sœur Rachel à son biographe, Andrew Gimson.

– Relooking –

Au fil d’une éducation élitiste, cet aîné d’une fratrie de quatre, né à New York en 1964, n’a eu de cesse d’affirmer ses rêves de grandeur, ayant décroché une bourse pour le prestigieux Eton College et le non moins glorieux poste de président du club de débat Oxford Union.

L’homme à la célèbre tignasse blonde entame ensuite une carrière journalistique au Times, qui le licencie à peine un an plus tard pour avoir inventé une citation.

Le Daily Telegraph le repêche et l’envoie à Bruxelles, où il officiera de 1989 à 1994. Déjà, à coup d’exagérations et parfois d’entourloupes, Boris Johnson bouscule la couverture des institutions européennes et devient « le journaliste favori » de Margaret Thatcher.

C’est également à Bruxelles que son premier mariage, avec Allegra Mostyn-Owen, se délite et qu’il renoue avec une amie d’enfance, Marina Wheeler, avec qui il aura quatre enfants.

Le couple se sépare en 2018 et Boris Johnson fréquente depuis une femme de 31 ans, à qui il doit un look plus moderne, et quelques kilos en moins, selon le Telegraph.

Elu député pour la première fois en 2001, c’est en ravissant la mairie de Londres aux travaillistes en 2008 qu’il acquiert une stature nationale. Réélu en 2012, il a à son actif quelques réussites emblématiques, comme l’organisation des Jeux Olympiques.

– L’anti-diplomate –

En 2016, il choisit le camp du Brexit, et se voit accusé d’agir par opportunisme plus que par conviction.

Dans la campagne référendaire, il joue un rôle décisif en promettant un Royaume-Uni radieux hors du giron de l’UE, préservé d’une vague de millions d’immigrés prêts, selon lui, à submerger les côtes britanniques.

Le Brexit en poche, Downing Street semble lui tendre les bras, mais Boris Johnson, trahi par son meilleur allié Michael Gove, qui se met sur les rangs avant lui, renonce, laissant le champ libre à Theresa May. Il récolte quand même les Affaires étrangères, la dirigeante cherchant à donner des gages aux eurosceptiques.

Sa désignation fait grand bruit, le costume de diplomate ne semblant guère compatible avec son tempérament imprévisible. « Là où la gravité et la maîtrise du détail étaient nécessaires, M. Johnson n’a fourni que des bon mots », estimera le think tank Chatham House.

Exemple? Il juge que la Libye pourrait devenir attrayante pour les touristes si elle parvenait à « se débarrasser des cadavres ».

Il n’épargne pas non plus les institutions européennes. Les milliards d’euros que le Royaume-Uni pourrait avoir à payer en raison de ses engagements en tant que membre de l’UE ? « Ils peuvent toujours courir », lâche-t-il. Quant à Theresa May, il laisse entendre que Donald Trump s’y prendrait mieux pour négocier avec Bruxelles.

Il claque la porte du gouvernement en juillet 2018. Un an plus tard, il est en passe d’y retourner. Mais à sa tête cette fois.

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