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Brésil: Bolsonaro écume de rage contre TV Globo qui veut « le détruire »

Quatre heures du matin mercredi en Arabie saoudite. Le président brésilien Jair Bolsonaro, en visite officielle, poste sur Twitter une…

Quatre heures du matin mercredi en Arabie saoudite. Le président brésilien Jair Bolsonaro, en visite officielle, poste sur Twitter une longue vidéo dans laquelle il écume de rage contre TV Globo, qui a lié son nom à l’assassinat de la militante Marielle Franco « pour le détruire ».

La charge contre le mastodonte des médias est stupéfiante: le chef de l’Etat, depuis Ryad, à plus de 11.000 km de Brasilia, et en pleine nuit, lance des cris, des insultes et semble parfois au bord des larmes dans cette vidéo de 24 minutes.

« Toi, TV Globo, tout le temps tu as fait un enfer de ma vie, merde! Maintenant il me lient à la mort de Marielle (Franco); infâmes! canailles! Ca ne marchera pas, je n’ai jamais eu aucune raison de tuer qui que ce soit à Rio de Janeiro », a martelé le chef de l’Etat dans sa vidéo en direct.

« C’est une vraie saloperie, Globo, une saloperie! », a-t-il lancé, hors de lui.

Les commanditaires de l’assassinat de la conseillère municipale noire et lesbienne de Rio de Janeiro, criblée de balles en plein Rio avec son chauffeur, n’ont à ce jour pas été identifiés.

Mais mardi, dans son journal du soir, TV Globo a affirmé qu’un suspect s’était rendu le 14 mars 2018, quelques heures avant l’assassinat, dans le complexe résidentiel de Rio où vivait Jair Bolsonaro, en disant qu’il rendait visite au député et candidat à la présidentielle de l’époque.

Obtenue grâce à une fuite, ces éléments de l’enquête se fondent sur les déclarations d’un concierge du complexe résidentiel.

Mais, TV Globo fait elle même état dans son reportage de « contradictions »: Jair Bolsonaro ne se trouvait pas à Rio ce jour-là, mais à la Chambre des Députés à Brasilia.

– « Journalisme de qualité » –

Le meurtre de Marielle Franco, élue née dans une favela qui dénonçait le racisme, l’homophobie, la violence policière et les milices paramilitaires, avait suscité une vive émotion au Brésil mais aussi à l’étranger.

Dans sa vidéo, Jair Bolsonaro — qui ne porte pas les médias dans son coeur et en particulier le groupe Globo — accuse TV Globo de pratiquer « un journalisme pourri » et « sans scrupule » pour le chasser du pouvoir.

« Quel est l’objectif de TV Globo? » s’étrangle le président, « que le peuple descende dans la rue pour demander ma destitution? »

Dans un communiqué, TV Globo dément « avoir commis la moindre saloperie » et déplore que « le président méconnaisse la mission du journalisme de qualité et (…) insulte ceux qui ne font rien d’autre que d’informer avec précision le public brésilien ».

Le président est allé plus loin, affirmant que TV Globo ne pourrait plus bénéficier de « combines » pour le renouvellement de ses licences de diffusion en 2022.

« Sous les gouvernements précédents, vous tétiez des milliards (de réais) d’entreprises publiques », a-t-il hurlé, en allusion aux publicités institutionnelles diffusées sur l’antenne de la chaîne.

Dans un communiqué, TV Globo a souligné « ne jamais avoir dépendu de l’argent public, même si les publicités institutionnelles sont légales ».

– « Détruire la famille Bolsonaro » –

Jair Bolsonaro s’en prend aussi avec furie dans sa vidéo au gouverneur de l’Etat de Rio de Janeiro Wilson Witzel, avec lequel se profile déjà une lutte sans merci pour la prochaine présidentielle. Le gouverneur aurait, selon la revue Veja, joué un rôle dans la fuite à TV Globo.

« Gouverneur Witzel, aujourd’hui vous devenez un ennemi parce que vous voulez vous présenter à la présidentielle de 2022 », a dit le président, qui a déjà annoncé son intention de se représenter alors qu’il n’est arrivé au pouvoir qu’en janvier.

Quelques heures plus tard, toujours à Ryad, M. Bolsonaro a affirmé lors d’un point de presse que Wilson Witzel l’avait informé le 9 octobre que son nom avait été cité dans le rapport révélé mardi par TV Globo.

Sur Twitter, le gouverneur a de son côté opté pour la modération, regrettant les déclarations « intempestives » du président, qui, en voyage, n’est « peut-être pas dans son état normal ».

Jair Bolsonaro et ses trois fils aînés, Flavio, Eduardo et Carlos, qui sont tous des élus, sont régulièrement aux prises avec des adversaires ou anciens alliés et au coeur de polémiques virulentes. Mais l’un d’eux, le sénateur Flavio, est sous enquête.

« Vous voulez voir condamné un de mes fils? Ce serait ça l’orgasme, pour TV Globo? », a lancé le chef de l’Etat à la fin de la vidéo.

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