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Brésil : Bolsonaro s’apprête à assouplir les règles sur la détention d’armes

Deux semaines après avoir pris ses fonctions, le président d'extrême droite du Brésil Jair Bolsonaro doit signer mardi un décret…

Deux semaines après avoir pris ses fonctions, le président d’extrême droite du Brésil Jair Bolsonaro doit signer mardi un décret assouplissant les règles sur la détention d’armes, une promesse-phare de sa campagne, au risque d’augmenter la violence dans un des pays les plus dangereux du monde.

« Le décret sera signé au cours d’une cérémonie au palais présidentiel de Planalto », a annoncé le service de communication du chef du gouvernement Onyx Lorenzoni.

Une source ministérielle a dit à l’AFP que ce décret entrerait en vigueur dès sa signature, sans avoir à être approuvé par le Parlement.

Cette signature est attendue pour dans la matinée, à l’issue du conseil des ministres, qui a lieu tous les mardis.

Peu de détails ont filtré sur le contenu du décret, mais l’objectif est d’assouplir le « Statut du désarmement » de 2003, qui dresse de nombreuses barrières administratives à la détention d’armes.

La validité du permis de détention d’armes pourrait être portée de cinq à dix ans, selon la presse brésilienne.

En vertu de l’actuelle législation, pour être autorisé à posséder une arme à son domicile, il faut avoir au moins 25 ans, un casier judiciaire vierge et passer avec succès des tests psychologique et d’aptitude au tir.

Il faut en principe justifier la nécessité d’une arme pour se défendre, mais chasseurs, tireurs sportifs ou collectionneurs peuvent obtenir une dérogation auprès de l’armée.

Le décret ne devrait porter que sur la détention d’armes et non le port d’armes en dehors du domicile, même si le président Bolsonaro s’est exprimé à plusieurs reprises en faveur de ce dernier, notamment pour les chauffeurs routiers, régulièrement victimes d’attaques armées.

Le port d’armes est actuellement réservé aux militaires, aux policiers et au personnel travaillant dans la sécurité, publique ou privée.

– « Plus d’armes, plus de morts » –

Ex-capitaine de l’armée, Jair Bolsonaro, 63 ans, a promis pendant sa campagne électorale de faciliter l’accès aux armes des « gens bien ». Dans tous ses meetings, il mimait un pistolet avec ses doigts, un geste reproduit par l’assistance, y compris les enfants.

Avec un assouplissement des règles sur la détention d’armes, « vous pouvez être sûr que la violence va chuter », a affirmé le nouveau président la semaine dernière, dans un entretien avec la chaîne de télévision SBT.

Selon lui, dans des pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la Norvège et la Suisse, « il y a des armes à feu dans presque toutes les maisons », mais avec un taux d’homicide bien moindre que celui du Brésil.

Le plus grand pays d’Amérique Latine, qui compte près de 210 millions d’habitants, est un des plus violents du monde, avec 63.880 homicides par an, soit 175 par jour en moyenne.

Le taux d’homicide est de 30,8 pour 100.000 habitants, trois fois supérieur à celui de 10 pour 100.000 considéré par l’ONU comme le seuil de violence endémique.

Le projet de libéralisation de l’accès aux armes est loin de faire l’unanimité dans la population brésilienne.

Pour de nombreuses ONG, comme le Forum de Sécurité publique, le décret du président Bolsonaro risque d' »augmenter l’insécurité ».

« De nombreuses études montrent que l’augmentation de la circulation d’armes à feu a pour conséquence l’augmentation du nombre des homicides commis à l’aide de ces armes », dénonce cette association.

Un sondage dont les résultats ont été rendus publics fin décembre par l’institut Datafolha montrait que 61% des Brésiliens étaient opposés à la détention d’armes par la population, contre 55% au moment de la précédente enquête de ce type, en octobre.

Dès les premiers jours de son mandat, Jair Bolsonaro s’est attaché à répondre aux attentes de ses électeurs, sensibles à ses promesses de lutter sans merci contre la violence et la corruption, avec une approche plus libérale de l’économie et très conservatrice sur les questions de société.

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