Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi contre les coupes budgétaires dans l’éducation devant un collège militaire de Rio de Janeiro, lors d’une visite du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
« L’éducation n’est pas une aumône, ne t’en prends pas à mon école », criaient les étudiants, enseignants et parents d’élève réunis devant la porte de collège militaire qui célébrait ses 130 ans.
« On assiste à une attaque en règle contre l’éducation publique au Brésil », a affirmé Maurilio Torres, étudiant en droit et ancien élève du collège Pedro II, une des institutions concernées par les coupes budgétaires de 30% annoncées pour tous les établissements dépendant directement du gouvernement fédéral.
« Ces coupes budgétaires m’affectent directement. Cela va compromettre énormément toute l’éducation, la science et les technologies pour toute une génération », déplore Katia Barbosa, professeure universitaire et elle-aussi ancienne élève de Pedro II.
« Si on fait autant d’économies dans l’éducation, on sera riche en ignorance », pouvait-on lire sur la pancarte d’une jeune étudiante noire.
Pour éviter tout contact avec les manifestants, le chef de l’Etat n’a pas emprunté la sortie principale quand il a quitté le bâtiment.
À l’intérieur, quelques anciens élèves du collège qui défilaient en marchant au pas ont fait un geste de la main hostile, baissant le pouce en passant devant le président Bolsonaro, a constaté une journaliste de l’AFP.
Sur son compte Twitter, le chef de l’Etat a préféré publier une vidéo de l’accueil chaleureux qu’il a reçu de la part de quelques dizaines d’élèves et membres du personnel du collège militaire à son arrivée sur les lieux.
« Les collèges militaires sont des exemples d’excellence pour l’éducation brésilienne. Respect, discipline et amour à la patrie sont des valeurs importantes inculquées dans ces collèges », a affirmé dans son discours M. Bolsonaro, lui-même ancien capitaine de l’armée.
Depuis le début de son mandat, il a rendu visite à de nombreuses institutions liées à l’armée, une habitude peu commune pour un président brésilien depuis le retour à la démocratie après la dictature militaire (1964-1985).
La semaine dernière, le ministre de l’Education a suscité une grande polémique en annonçant avoir amputé de de 30% les subventions annuelles de trois universités publiques accusées de « semer le désordre ».
Ces trois facultés avaient accueilli récemment dans leur campus des manifestations anti-Bolsonaro ou des débats avec des élus de gauche.
Mardi soir, le ministère a indiqué que ces coupes budgétaire concernaient en fait l’ensemble des institutions fédérales.
Fin avril, Jair Bolsonaro avait également annoncé sur Twitter qu’il envisageait de diminuer les fonds alloués à la philosophie et la sociologie dans les universités, pour privilégier des filières qui génèrent « un retour immédiat au contribuable ».