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Brésil: des tribus du Venezuela en errance elles aussi

Auxiliano Zapata, un chef de la tribu des Warao, rêve avec nostalgie à sa terre du delta de l'Orénoque. Mais…

Auxiliano Zapata, un chef de la tribu des Warao, rêve avec nostalgie à sa terre du delta de l’Orénoque. Mais avec la crise au Venezuela, son avenir et celui des siens se limitent pour l’instant à un refuge pour indigènes au Brésil.

Les membres du groupe ethnique de quelque 20.000 Warao ont été parmi les premiers à franchir la frontière pour se réfugier dans l’Etat de Roraima, fuyant la terrible crise économique et politique dans le Venezuela du président Nicolas Maduro.

Les Warao vivent alternativement dans les villes et dans leur habitat côtier traditionnel, le delta de l’Orénoque, où demeure la majorité d’entre eux.

« Il n’y avait plus de médicaments, de nourriture, de transports, il n’y avait plus rien », explique Auxiliano Zapata à l’AFP, dans le centre de réfugiés de Pintolândia, qui abrite quelque 600 Warao, à Boa Vista, capitale de l’Etat de Roraima.

« Pour arriver jusqu’ici, j’ai dû tout vendre: télévision, réfrigérateur, téléphone », explique-t-il.

Cela fait cinq mois qu’il se trouve là, avec sa femme et leur fils de 12 ans. Peu à peu, le refuge d’urgence — géré par les autorités locales, une ONG, l’armée et le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés — de provisoire, est devenu permanent.

La terre battue a été recouverte par des graviers blancs, et on a installé un terrain de volley-ball, utilisé du matin au soir. Un nouvel abri pouvant accueillir des centaines de hamacs supplémentaires est en construction à côté.

Il n’a toujours pas pu trouver de travail, mais M. Zapata sait au moins que sa famille dispose d’un toit, de quoi manger, de la sécurité et de l’école. Tout ce que la crise leur avait retiré chez eux.

« Je rentrerai au Venezuela, mais je dois attendre de voir si la situation s’améliore. J’y suis retourné il y a trois semaines voir mon père, mais il n’y a plus rien là-bas », dit l’indigène.

« Je ne vais rien vous dire de plus parce que ça me rend triste », ajoute-t-il.

Le Warao se dit très affecté par la situation d’autres membres de son ethnie qui n’ont pas pu fuir, en particulier ceux qui sont atteints de tuberculose ou du sida, dont la prévalence est élevée dans sa tribu.

– Artisanat –

Une majorité des Warao arrivés au Brésil avaient déjà des contacts avec la vie urbaine, en raison de leur nomadisme saisonnier. Ils ont pour habitude de suivre les flux de la saison touristique, vendant leur artisanat, explique l’anthropologue Emerson Rodrigues, qui travaille dans le refuge de Pintolândia.

Nombre d’entre eux se trouvent actuellement dans les villes de Manaus et Belem en Amazonie brésilienne, ou dans le Roraima.

« Ici ils ont un endroit sûr où ils peuvent rester et se construire un peu un avenir », dit M. Rodrigues.

De l’assistance est fournie aux Warao afin qu’ils deviennent autonomes, notamment pour vendre leurs produits artisanaux, obtenir un travail et organiser la vie en commun dans le refuge.

« Ils ne pensent pas à rentrer maintenant », poursuit l’anthropologue. « Ils arrivent ici et travaillent, font des économies, rentrent pour rapporter de la nourriture et de l’argent. Mais ils ne rentreront pas définitivement tant qu’ils n’auront pas de perspective » d’amélioration de leurs conditions de vie au Venezuela.

A 200 km au nord de Boa Vista, dans le camp de réfugiés de Janokoida, à Pacaraima, près de la frontière avec le Venezuela, des enfants sont rassemblés à la tombée de la nuit.

Un haut-parleur crache de la musique, certains jouent au volley ou au football, des adultes préparent du poulet et des tortillas sur des feux de camp.

Comme à Pintolândia, s’exprime souvent, dans le refuge qui abrite 426 personnes, la nostalgie du grand fleuve lointain, et de la chasse et la pêche traditionnelles.

« Récemment on leur a demandé lors d’une activité de groupe de dessiner quelque chose et ils ont tous dessiné de l’eau », dit M. Dos Santos.

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