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Brésil: Fernando Haddad, l’héritier de Lula

Fernando Haddad, substitut de l'ex-président Lula dans la course à la présidentielle au Brésil, est loin d'avoir le charisme de…

Fernando Haddad, substitut de l’ex-président Lula dans la course à la présidentielle au Brésil, est loin d’avoir le charisme de son mentor, mais c’est sur lui qui reposent désormais tous les espoirs de la gauche face au candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Il a beau avoir été maire de Sao Paulo, la capitale économique du pays, sa notoriété a du mal à s’étendre jusqu’aux régions pauvres comme le Nord-est, principal fief électoral de Lula.

Avant la campagne, son nom était si peu connu que les Brésiliens le déformaient souvent en « Andrade », à consonance plus familière que le « Haddad » de ce fils de commerçants libanais.

Inscrit initialement en août comme candidat à la vice-présidence sur le ticket de Luiz Inacio Lula da Silva, alors grand favori des sondages, il a été propulsé candidat officiel du Parti des Travailleurs (PT) le 11 septembre.

Ce jour-là, l’ex-président (2003-2012), incarcéré depuis avril pour corruption, a finalement jeté l’éponge, après attendu la date limite, multipliant les recours contre son inéligibilité.

Partant du principe que Lula est si populaire qu’il pourrait faire élire un lampadaire, Fernando Haddad s’est présenté volontiers comme le « lampadaire de Lula ». Un lampadaire qui a réussi à se hisser au 2e tour dimanche.

– « Haddad relax » –

A 55 ans, ce professeur de sciences politiques à l’Université de Sao Paulo, également membre du barreau, est à des années-lumière du style de l’ancien métallo proche du peuple qu’est Lula et il a l’image d’un intellectuel mesuré.

Cela n’a pas empêché le PT de miser sur le slogan « Haddad, c’est Lula ».

L’ex-président est resté très présent dans les spots officiels de campagne, grâce à des messages enregistrés avant son incarcération.

Le fait d’attendre le dernier moment pour lancer officiellement Fernando Haddad dans le grand bain a été jugé handicapant par certains militants du PT, qui auraient préféré qu’il ait plus de temps pour faire campagne.

« Je ne suis pas une personne anxieuse, j’attends que les choses se passent pour prendre mes décisions. Je suis un être politique, dans le sens où je participe à la vie publique depuis que je suis étudiant », avait-il affirmé fin 2016 au journal espagnol El Pais.

Cela ne l’a pas empêché de fortement progresser dans les sondages dès son entrée en campagne, à quatre semaines seulement du vote, pour se situer très vite, et durablement, à la 2e place.

Souriant, affable, les cheveux châtain légèrement grisonnants soigneusement peignés, il est parfois surnommé « Haddad tranquilao » (Haddad relax) en raison de sa sérénité à toute épreuve, loin de la fougue de son mentor.

Pendant la campagne, le candidat du PT s’est d’ailleurs montré peu combatif face à l’avalanche de critiques de ses adversaires, notamment le favori Jair Bolsonaro, qui l’a qualifié à plusieurs reprises de « marionnette de Lula ». Haddad a généralement fait preuve de modération et de patience, trop peut-être.

– À l’ombre de Lula –

Fernando Haddad a fait pratiquement toute sa carrière politique à l’ombre de son mentor, qui l’a nommé ministre de l’Education en 2005.

En 2012, ce père de deux enfants marié depuis 30 ans à une dentiste était loin d’être favori pour l’élection municipale de Sao Paulo, la plus grande ville d’Amérique du Sud, mais Lula l’a soutenu à bout de bras jusqu’à la victoire finale.

Quatre ans plus tard, cependant, il a subi une défaite cuisante dès le premier tour quand il briguait une réélection, n’obtenant que 17% des voix.

À l’époque, le PT avait subi une déconfiture monumentale aux municipales, quelques mois après la destitution controversée de la présidente Dilma Rousseff, dauphine de Lula (2011-2016), pour maquillage des comptes publics.

Plusieurs membres du PT commençaient également à être rattrapés par les affaires de corruption, notamment Lula.

Fernando Haddad lui-même a été inquiété par la justice. Début septembre, il a été mis en accusation pour des faits présumés de corruption liés à sa campagne pour les municipales de 2012.

L’ancien maire a dénoncé des accusations « sans preuve » et le fait que l’affaire soit rendue publique en pleine période électorale.

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