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Brésil : l’ambition présidentielle de Lula suspendue à la décision des juges

À un peu plus d'un mois de la présidentielle au Brésil, Lula, le grand favori des sondages, devrait savoir vendredi…

À un peu plus d’un mois de la présidentielle au Brésil, Lula, le grand favori des sondages, devrait savoir vendredi s’il sera autorisé ou non à briguer un troisième mandat malgré son incarcération pour corruption.

Après des mois de conjectures et d’incertitudes, le plus grand pays d’Amérique Latine devrait enfin y voir plus clair dans l’élection la plus imprévisible de son histoire récente, même si des recours sont encore possibles.

Le jugement du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui est réuni depuis le début de l’après-midi pour une session extraordinaire susceptible de se prolonger dans la soirée, doit se prononcer sur la validité de la candidature de Luiz Inacio Lula da Silva.

L’ex-président (2003-2010) risque d’être déclaré inéligible en vertu d’une loi qui interdit à toute personne condamnée en appel de se présenter au scrutin du 7 octobre.

L’incertitude sur le sort de l’icône de la gauche emprisonnée depuis avril suscite de nombreuses interrogations au Brésil, même si la plupart des analystes considèrent que sa candidature sera invalidée.

Cette incertitude a notamment agité les marchés et accéléré la dépréciation du real, la monnaie brésilienne, qui a chuté depuis janvier de quelque 20% face au dollar.

– Spots de campagne –

La question de la validité de la candidature de l’ex-président (2003-2010) ne figurait pas initialement à l’ordre du jour de la session extraordinaire qui a commencé en début d’après-midi : elle a été ajoutée au dernier moment.

Une décision férocement critiquée par le Parti des Travailleurs (PT) de Lula.

« Le TSE commet une autre violence judiciaire contre Lula et le peuple qui veut l’élire président », a affirmé le PT dans un communiqué.

L’ex-juge du TSE Henrique Neves da Silva a expliqué que « quel que soit le jugement » vendredi, « des recours sont encore possibles », notamment auprès de la Cour suprême.

Le Tribunal électoral doit également décider si Lula a le droit d’apparaître dans les spots de campagne qui ont commencé à être diffusés à la télévision vendredi.

En attendant cette décision, le Parti des Travailleurs (PT) n’a pas manqué d’inclure des nombreuses images de l’ex-président sur les spots des candidats locaux pour les postes de sénateur et de gouverneur, désignés également le 7 octobre.

Marcia Tiburi, qui brigue celui de gouverneure de Rio de Janeiro, a par exemple promis de « gouverner Rio comme Lula a gouverné le Brésil ».

Des images de son spot de campagne montraient notamment des extraits du dernier discours de Lula avant qu’il ne se rende aux autorités pour purger sa peine de 12 ans et un mois de prison à Curitiba (sud).

L’ancien ouvrier métallurgiste est accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer de la part d’une entreprise du bâtiment en échange de faveurs dans l’attribution de marchés publics.

Il est également visé par cinq autres procédures, mais rejette farouchement toutes les accusations et se dit victime d’un complot politique visant à l’empêcher de briguer un troisième mandat.

– Grand favori des sondages –

Sa défense considère que Lula ne peut être empêché de se présenter dans la mesure où des recours contre sa condamnation n’ont toujours pas été examinés par des instances judiciaires supérieures.

Le 18 août, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a demandé au Brésil de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à Lula (…) d’exercer ses droits politiques de sa prison, en tant que candidat à l’élection présidentielle » d’octobre 2018.

Ce comité d’experts rend des avis mais n’a pas de pouvoir de contrainte.

Le dernier sondage de l’institut Datafolha crédite Lula de 39% des intentions de vote au premier tour, 20 points de plus que le deuxième, le député d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Le PT a lancé sur Tweeter un appel à tous les partisans de Lula à soutenir sur ce réseau social sa candidature avec le hashtag #LulaNasUrnasTSE (Lula dans les urnes/TSE), rapidement devenu viral.

Mais cette campagne s’est vite transformée en guerre de tweets entre pro et anti-Lula, avec l’apparition du hashtag #LulaInelegivel (Lula inélegible), qui a vite talonné #LulaNasUrnasTSE en deuxième position du classement des messages les plus récurrents du réseau social.

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