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Brésil: « Lui, jamais! », les femmes dans la rue contre Bolsonaro

Des Brésiliennes ont commencé à descendre dans la rue samedi pour scander "Lui non. Lui Jamais!" à l'intention du candidat…

Des Brésiliennes ont commencé à descendre dans la rue samedi pour scander « Lui non. Lui Jamais! » à l’intention du candidat d’extrême droite à la présidentielle Jair Bolsonaro, qui a provoqué une nouvelle polémique en menaçant de ne pas reconnaître les résultats s’il n’était pas élu.

L’offensive des femmes lancée au début septembre avec un groupe sur Facebook baptisé « Les femmes unies contre Bolsonaro » est devenue virale après une mobilisation massive sur les réseaux sociaux, au Brésil et à l’étranger.

La chanteuse américaine Madonna a apporté son soutien sur Instagram à #EleNao (Lui, non), le mot-clé de ce mouvement en portugais.

En début d’après-midi à Rio, des milliers de femmes convergeaient vers la place Cinelandia, a constaté l’AFP.

« Dans l’histoire récente du pays sud-américain, on ne trouve pas la trace d’une mobilisation aussi importante liée aux femmes », observe Ligia Fabris Campos, professeure de droit à la Fondation Getulio Vargas.

Des collectifs de femmes ont également appelé à des manifestations anti-Bolsonaro samedi dans une dizaine de pays: Etats-Unis, Canada, France, Espagne, Royaume Uni, Pays-Bas ou Argentine. A Paris, place de la République, des dizaines de manifestants ont scandé « Non, pas lui! ».

Jair Bolsonaro, député de 63 ans, arrive en tête des intentions de vote du premier tour de la présidentielle du 7 octobre. Il est sorti samedi matin de l’hôpital où il avait été admis début septembre, après avoir été poignardé lors d’un bain de foule, a annoncé l’établissement.

– Diviser le pays –

Le candidat est à l’origine d’une nouvelle polémique: il a menacé de ne pas reconnaître le résultat des élections s’il n’était pas élu.

« De ce que je vois dans la rue, je n’accepte(rai) pas un résultat aux élections qui soit différent de mon élection », a-t-il déclaré vendredi à la chaîne Bandeirantes.

Bolsonaro « montre à nouveau qu’il n’est pas prêt pour la démocratie, il veut maintenir le pays divisé », a déclaré le candidat de centre droit Geraldo Alckmin, quatrième dans les sondages, à 10%.

« Nous ne pouvons permettre une avancée du fascisme au Brésil. Cette candidature est néfaste », a écrit dans un message Ludimilla Teixeira, l’une des administratrices du groupe Facebook, au sujet du candidat, célèbre pour ses saillies misogynes, homophobes et racistes.

L’ancien capitaine de l’armée a par exemple déclaré à une députée qu’elle ne « méritait pas » qu’il la viole ou déploré la longueur des congés maternité.

Il a également récemment justifié les salaires inférieurs des femmes à ceux des hommes tandis que le général Hamilton Mourao, vice-président sur son ticket, a provoqué un tollé en déclarant que les familles monoparentales sans figure paternelle étaient des « fabriques à individus non intégrés qui ont tendance à grossir les rangs des narcotrafiquants ».

– « Les femmes avec Bolsonaro » –

La professeure de droit, Ligia Fabris Campos, fait un parallèle entre M. Bolsonaro et le président américain Donald Trump. « Bien qu’ils diffèrent sur pas mal d’aspects, leurs relations aux femmes sont similaires », dit-elle.

La différence, poursuit-elle, est que les femmes américaines n’avaient pas pris au sérieux l’éventualité d’une élection de Trump. « A partir de cette expérience aux Etats-Unis, les femmes (brésiliennes) se mobilisent pour éviter que cela se produise aussi ici ».

Et comme pour Donald Trump, d’autres femmes se sont à leur tour mobilisées au Brésil derrière M. Bolsonaro, avec un appel à une contre-manifestation samedi à Copacabana, à Rio.

Les « Femmes avec Bolsonaro » veulent montrer qu’il existe « des femmes avec du coeur qui n’ont pas besoin du féminisme ».

Parmi elles, Sara Winter, ancienne de la branche Femen au Brésil, qui a renié le féminisme et tente d’être élue députée avec un discours en faveur de la famille, de la sécurité et contre l’avortement.

« Ce sont des femmes de gauche (qui militent) contre Bolsonaro », assure-t-elle. Les Brésiliennes doivent voter pour lui parce que c’est le seul « qui inspire la peur au violeur, qui a des projets pour que (…) le travail ou la rue soient plus sûrs pour les femmes ».

M. Bolsonaro a proposé la castration chimique des violeurs et une libéralisation du port d’armes pour « les gens bien ».

Le vote des femmes –52% de l’électorat– va être crucial dans cette élection très imprévisible où le nombre d’indécis reste élevé.

Mais le candidat Bolsonaro souffre d’un taux de rejet très élevé parmi les femmes, environ 50% d’entre elles assurant qu’elles ne voteraient jamais pour lui.

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