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Brésil: un millionnaire mormon vient en aide aux migrants vénézuéliens

Pour les Brésiliens, Carlos Wizard Martins est un self-made man mormon qui a fait fortune avec une franchise d'écoles d'anglais,…

Pour les Brésiliens, Carlos Wizard Martins est un self-made man mormon qui a fait fortune avec une franchise d’écoles d’anglais, mais pour les migrants vénézuéliens, c’est une main tendue pour prendre un nouveau départ.

Le grand patron, qui vient d’implanter des franchises du géant du fast-food tex-mex Taco Bell au Brésil, a décidé de quitter à 62 ans sa vie agitée d’homme d’affaires à Sao Paulo, la capitale économique du pays, pour déménager à la frontière vénézuélienne, à Boa Vista, capitale de l’Etat de Roraima.

Un élan de solidarité guidé par la foi. En août 2018, il s’est lancé dans une mission de l’Eglise mormone de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, qu’il fréquente depuis l’adolescence.

Sa mission: aider les migrants du pays voisin à s’intégrer en facilitant leur transport vers d’autres Etats du Brésil où ils auront plus de chances de trouver un emploi.

Né à Curitiba (sud), aîné de sept enfants et fils d’un chauffeur routier et d’une couturière, Carlos Wizard Martins sait à quel point il est difficile de débarquer dans un pays inconnu sans argent. A 17 ans, lui-même est parti vivre deux ans aux Etats-Unis.

Mais à la différence de ceux qu’il aide au quotidien, le grand patron devenu missionnaire n’a pas quitté son pays pour fuir une crise économique et politique de grande ampleur, avec de graves pénuries de médicaments et de produits de première nécessité.

Son téléphone n’arrête pas de sonner. « Souvent, j’ai l’impression d’être un employé de centre d’appel », plaisante-t-il, montrant les nombreux groupes de la messagerie Whatsapp grâce auxquels il coordonne ses réseaux d’accueil.

– « Sans dépenser un centime » –

Depuis l’aggravation de la crise vénézuélienne en 2016, plus de 120.000 vénézuéliens ont afflué vers le Brésil, traversant la frontière terrestre très poreuse de Roraima.

Environ 7.000 migrants sont logés dans des centre d’accueil publics, mais des milliers d’autres vivent dans les rues de Boa Vista ou de Pacaraima, ville la plus proche de cette frontière.

Depuis février 2018, le gouvernement brésilien a déjà transféré près de 9.000 migrants vers d’autres Etats. Grâce à M. Martins et son réseau de bénévoles, 3.000 autres ont trouvé une nouvelle destination en moins d’un an.

« Nous y sommes parvenus sans dépenser un centime », explique-t-il. Pas de recette miracle, mais des accords savamment noués avec des compagnies aériennes qui ont accepté de céder les places disponibles de leurs vols en partance de Boa Vista.

Le missionnaire mormon analyse avec soin le profil de chaque famille pour choisir la nouvelle ville d’accueil et ses bénévoles implantés localement se chargent de leur venir en aide pour trouver un travail. Dans 90% cas, les migrants sont employés en moins de deux mois, assure-t-il.

– Pas d’assistanat –

Son crédo: ne pas verser dans l’assistanat. Lui-même a fait fortune en donnant des cours d’anglais le soir après son travail dans une multinationale de fabrication de papier.

De fil en aiguille, il est devenu un des pionniers du système de franchises d’école de langues au Brésil avec la marque Wizard (magicien en anglais), qu’il a ajoutée à son patronyme.

Il a depuis considérablement diversifié ses activités, investissant aussi bien dans les boutiques d’aliments bio que dans le fast-food ou les chaussures de sport.

Mais à Boa Vista, celui que les Vénézuéliens appellent « le frère Carlos » passe pratiquement inaperçu.

« C’est un homme très généreux, c’est impressionnant à quel point il fait en sorte qu’on se sente bien », affirme Alfredo Munoz, ancien agent de sécurité de Caracas qui vit aujourd’hui à Sao Paulo avec sa femme et ses deux enfants.

Il a rejoint la mégalopole brésilienne grâce au réseau de l’entrepreneur, qui l’a aidé à obtenir des papiers et un appartement, même s’il n’a pas encore trouvé d’emploi.

Curieusement, M. Martins, qui a déjà voyagé dans une cinquantaine de pays, n’a jamais mis les pieds au Venezuela. « Même pas à la frontière ». Sa mission à Boa Vista se termine en 2020. Il espère faire des émules en incitant d’autres églises à faire comme lui.

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