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Brexit: après ses ministres, Theresa May devra convaincre son parti et Bruxelles

Les réactions étaient partagées samedi au sein du Parti conservateur de la Première ministre Theresa May, qui a emporté le…

Les réactions étaient partagées samedi au sein du Parti conservateur de la Première ministre Theresa May, qui a emporté le soutien de ses ministres sur sa vision d’une relation commerciale post-Brexit étroite avec l’UE, mais doit encore convaincre Bruxelles.

La cheffe du gouvernement a présenté la veille sa proposition, attendue de longue date par les 27, pour une zone de libre échange et un nouveau modèle douanier, qui doivent permettre de maintenir un commerce « sans friction » avec le continent.

Selon l’exécutif britannique, ces propositions permettront d’éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, question qui constitue le principal point d’achoppement des négociations en cours et une inquiétude majeure pour les habitants de l’île.

Après cette annonce, Theresa May a demandé, dans une lettre adressée aux députés de son parti, de mettre fin aux querelles sur le sujet, qui a profondément divisé les Tories. « J’avais permis aux membres du gouvernement d’exprimer leurs opinions personnelles sur le Brexit, ce n’est désormais plus le cas » a-t-elle prévenu, selon un extrait révélé par le journaliste du Times Sam Coates.

La députée conservatrice Anna Soubry, très critique sur le Brexit, a largement soutenu la proposition du gouvernement, y voyant la possibilité d’un Brexit « favorable aux affaires ». Elle a également félicité Theresa May pour avoir « restauré une responsabilité collective » au sein de l’exécutif.

Les dirigeants du DUP, le parti parti ultra-conservateur nord-irlandais, ont accueilli avec satisfaction la proposition gouvernementale, y voyant une « réaffirmation » de « l’intégrité territoriale » du Royaume-Uni.

Le soutien de cette formation, qui dispose de 10 députés à la Chambre des Communes, est vital pour garantir à Theresa May une majorité au Parlement.

– « Brexit punitif » –

Pour la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, l’exécutif a fait preuve de « davantage de réalisme que ce que nous avons vu jusqu’à présent ». Elle a néanmoins pointé les nombreuses interrogations qui se posent, notamment sur « l’acceptabilité pour l’UE » de cette proposition.

Partisan d’un Brexit sans compromis, le conservateur Jacob Rees-Mogg s’est lui montré plus grinçant sur la solution présentée. Il a dit craindre un « Brexit punitif, qui nous maintiendrait dans l’UE sans le dire ».

Le maintien de règles communes au Royaume-Uni et à l’UE sur les biens industriels et les produits agricoles pourrait selon lui « rendre presque impossibles les accords commerciaux » entre Londres et des pays tiers. « Il est possible que cette solution soit pire » qu’un Brexit sans accord, a-t-il jugé sur la BBC.

Afin d’obtenir le soutien des parlementaires, une réunion, dirigée par le chef de cabinet de Theresa May, Gavin Barwell, a été organisée samedi matin avec dix députés conservateurs, pour exposer les détails de la proposition.

« Je suis venu avec des inquiétudes, elles ont été levées alors que je repars », a expliqué l’eurosceptique James Cleverly, directeur adjoint du parti. Une nouvelle réunion est prévue lundi entre Theresa May et les parlementaires de la majorité.

– « Impatience » de Barnier –

Theresa May devra aussi réussir à convaincre les dirigeants européens d’adopter sa position. La tâche s’annonce ardue: Bruxelles a martelé dans les négociations que la libre circulation des biens n’était pas dissociable de celles des services ou des personnes, auxquelles Londres veut mettre fin.

Ces derniers jours, la Première ministre britannique avait rencontré plusieurs dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, pour lui faire part de sa proposition, selon la presse britannique.

Elle s’est également entretenue avec le président du Conseil européen Donald Tusk et le ministre irlandais Leo Varadkar, qui a indiqué avoir eu connaissance du projet britannique.

Ce plan « mérite un examen détaillé », a affirmé le vice-Premier ministre irlandais, Simon Coveney, sur Twitter. « Beaucoup de travail à venir », a-t-il anticipé.

Le négociateur en chef du Brexit pour l’UE, Michel Barnier, a dit attendre « avec impatience » la publication par Londres du Livre blanc, prévue jeudi, qui doit révéler les détails de la position britannique.

« Nous évaluerons les propositions pour voir si elles sont réalisables et réalistes. Prochaines négociations à partir du 16 juillet », a-t-il annoncé.

Bruxelles et Londres espèrent s’entendre sur un accord de retrait d’ici le mois d’octobre, pour laisser le temps aux divers Parlements de le ratifier. L’accord final fera également l’objet d’un vote au Parlement britannique, où l’exécutif ne dispose que d’une très courte majorité.

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