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Brexit: la Première ministre cherche à sauver son accord de divorce

Theresa May cherche jeudi à sauver son accord de divorce avec l'Union européenne, au lendemain d'une nouvelle journée dramatique au…

Theresa May cherche jeudi à sauver son accord de divorce avec l’Union européenne, au lendemain d’une nouvelle journée dramatique au pays du Brexit, qui l’a vue offrir sa démission et qui a montré un parlement inapte à s’entendre sur une autre voie à suivre.

« Son sacrifice sera-t-il vain? », se demandait le Daily Mail après que la Première ministre conservatrice se soit engagée à partir si son accord de Brexit était adopté. « Que doit-elle faire de plus? » pour convaincre les députés, s’interrogeait le Daily Express.

Même si « nous sommes très, très proches du précipice », « il y a encore des cartes à jouer », a assuré jeudi au micro de la BBC Radio 4 le député conservateur Damian Green alors que Mme May doit dire avant la fin de journée si elle représente ou non le Traité de retrait vendredi au Parlement.

L’incapacité mercredi des députés britanniques à dégager une solution alternative à son accord pourrait jouer en sa faveur. Le ministre chargé du Brexit Steve Barclay a aussitôt conclu que ces votes « renforçaient » la position du gouvernement.

– Les yeux rivés sur le DUP –

En sacrifiant sa carrière politique sur l’autel du Brexit, Mme May a cédé aux appels de nombreux élus de son parti qui conditionnaient leur soutien au texte à sa démission.

L’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, son éternel rival et fervent défenseur d’un Brexit sans accord, a annoncé qu’il se rangeait désormais derrière son traité. Et selon un éditorialiste du Sun, quotidien le plus lu du pays, les « rebelles » du Parti conservateur se réduiraient désormais au nombre de 16.

Après un premier rejet massif en janvier, il a manqué 75 voix en mars à Mme May pour que son accord passe. Elle a jusqu’à la fin de la journée pour faire savoir si elle le présentera une troisième fois vendredi, et a déjà signifié qu’elle ne le ferait que s’il a une chance d’être adopté.

Pour cela, elle a besoin du soutien du DUP, dont dépend sa faible majorité au Parlement. Tous les yeux sont donc rivés sur le parti nord-irlandais qui a répété mercredi soir qu’il ne fallait pas compter sur lui.

Ses dix députés bloquent sur le « filet de sécurité », prévu dans l’accord conclu en novembre avec les dirigeants européens. Ce dispositif de dernier recours est censé éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et sa voisine la République d’Irlande. Il maintiendrait le Royaume-Uni dans une union douanière avec l’Union européenne avec un alignement plus poussé sur les normes de l’UE pour Belfast.

Mais pour le DUP, cela « fait peser une menace inacceptable sur l’intégrité du Royaume-Uni ».

– « Non. Non. Non… » –

Quel horizon possible pour le Brexit qui était censé avoir lieu vendredi à 23H00 GMT, avant que Mme May n’obtienne un sursis de l’UE? Les députés sèchent. Mercredi soir, ils ont voté contre huit options qu’ils avaient eux-mêmes proposées, allant d’un divorce sans accord à une révocation de l’article 50 du Traité de Lisbonne qui régit la sortie d’un pays membre de l’UE.

« Le Parlement a finalement eu son mot à dire: Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. », a ironisé le quotidien The Guardian.

Alors qu’une autre série de votes indicatifs sur les options qui ont récolté le plus de voix doit être organisée lundi, deux scénarios se sont toutefois distingués: un nouveau référendum sur l’accord qui sera conclu avec l’UE et rester dans l’union douanière, ce que l’accord de Mme May exclut.

Le monde économique n’a pas mâché ses mots après le spectacle « frustrant » offert par les élus britanniques.

« Vous avez laissé tomber les commerces britanniques », a accusé le directeur général des Chambres de commerce britanniques, Adam Marshall. Avant de les enjoindre « d’arrêter de se bercer d’illusions ».

« L’incertitude a déjà paralysé l’investissement, coûté des emplois et endommagé notre réputation mondiale », a de son côté dénoncé Mike Hawes, le directeur général de l’Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT).

Les dirigeants européens ont eux donné le choix à Mme May: soit son accord est adopté et le Royaume-Uni quitte l’UE le 22 mai; soit l’accord est rejeté, et Londres aura jusqu’au 12 avril pour présenter une alternative. Sinon, ce sera une sortie sans accord.

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