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Brexit: le gouvernement présente un compromis pour éviter un échec au parlement

Menacé par un vote défavorable des députés, le gouvernement britannique a mis de l'eau dans son vin mercredi en présentant…

Menacé par un vote défavorable des députés, le gouvernement britannique a mis de l’eau dans son vin mercredi en présentant un amendement qui accorde au Parlement un possible droit de regard sur l’accord avec Bruxelles devant sceller la sortie de l’UE.

Le vote, dans le cadre du projet de loi de sortie de l’Union européenne, doit se dérouler mercredi dans l’après-midi et la Première ministre, Theresa May, qui ne dispose que d’une mince majorité d’une dizaine de sièges, tente de faire rentrer dans le rang les députés europhiles de son Parti conservateur, qui réclament que le dernier mot sur l’accord final du Brexit, prévu fin 2019, revienne au Parlement.

Le gouvernement a donc modifié l’amendement qu’il comptait présenter, a annoncé le ministre du Brexit, David Davis. Alors qu’il se bornait jusqu’ici à offrir aux parlementaires un vote consultatif sur l’accord final, s’il y en a un, qui sera signé avec Bruxelles, sans possibilité de s’opposer au résultat des négociations, le nouveau texte accorde au président du Parlement le pouvoir de décider si le Parlement peut proposer des amendements.

A la suite de cette annonce, l’une des députées tories europhiles, Nicky Morgan, a annoncé sur Twitter qu’elle soutiendrait l’amendement présenté par le gouvernement.

Theresa May doit concilier pour obtenir une majorité les exigences des deux ailes de son parti, entre europhiles, voulant maintenir des liens étroits avec l’Union européenne après la sortie du club, et europhobes qui veulent rompre les amarres de manière nette.

Un autre amendement, adopté lundi soir par les Lords (chambre haute), propose d’accorder un droit de veto et même le pouvoir de réclamer la reprise des négociations avec leurs propres directives.

« Nous ne pouvons pas accepter un amendement (…) qui permettrait au Parlement de dicter l’approche du gouvernement sur la sortie de l’UE », avait rétorqué le porte-parole de Mme May.

« Nous ne pouvons pas laisser les députés qui ont voté pour rester dans l’UE réduire au silence la volonté de la majorité. Il est de notre devoir de mettre en oeuvre le Brexit », voté par 52% des Britanniques lors du référendum de juin 2016, a tweeté la députée conservatrice Andrea Jenkyns, se faisant l’écho des pro-Brexit accusant les europhiles de vouloir l’annuler ou le diluer.

– ‘Besoin de réalisme’ –

Dans le camp d’en face, l’auteur de l’amendement rebelle, Dominic Grieve, a appelé à mettre fin à « l’hystérie » et « aux accusations de trahison proférées contre ceux qui sont en désaccord avec l’approche du gouvernement », sur Sky News.

Anticipant un débat animé devant les Communes, le député conservateur Phillip Lee a dit sur la BBC s’attendre à des manoeuvres « machiavéliques » de la part des eurosceptiques.

Mais la position des europhiles est « solide », a-t-il assuré. « Il s’agit de parvenir à un Brexit qui soit bénéfique pour le pays sur le long terme », a ajouté l’élu, qui avait claqué la porte du gouvernement la semaine dernière pour rejoindre les rebelles.

La confusion qui règne à Londres inquiète de plus en plus à Bruxelles, rendant plus qu’incertaine la conclusion d’un accord en octobre comme initialement prévu. Le sommet européen qui se réunira en fin de semaine prochaine devrait constater le peu de progrès effectués dans les négociations, Mme May ayant elle-même admis que le Brexit ne sera pas la préoccupation principale de ses partenaires, plus focalisés sur l’immigration.

La question irlandaise en particulier – le Brexit menaçant de recréer une frontière entre le Nord rattaché au Royaume-Uni et le Sud membre de l’UE – est loin d’être réglée, car « de sérieuses divergences subsistent », a tweeté mardi Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit.

Et il a retoqué les principales propositions de Londres sur la coopération en matière de sécurité, soulignant que le Royaume-Uni ne pourrait plus continuer à participer aux réunions d’Europol, ni accéder aux bases de données de police communes ou continuer à bénéficier du système de mandat d’arrêt européen s’il continue de refuser la liberté de circulation des citoyens et le contrôle de la Cour de justice de l’Union européenne.

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