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Brexit: le jeu d’équilibriste de May face aux différentes factions de son parti

Depuis deux ans et le vote des Britanniques pour sortir de l'Union européenne, la Première ministre Theresa May tente de…

Depuis deux ans et le vote des Britanniques pour sortir de l’Union européenne, la Première ministre Theresa May tente de rassembler son Parti conservateur autour d’une position commune sur la future relation commerciale avec Bruxelles, sans succès.

Vendredi, elle réunit son gouvernement pour des discussions cruciales qui doivent aboutir à une proposition précise à Bruxelles. Portrait des différentes factions en présence.

– Les Brexiters du gouvernement-

Pressenti pour devenir Premier ministre au lendemain du référendum sur le Brexit en juin 2016 avant de faire machine arrière faute des soutiens nécessaires, le ministre des Affaires Étrangères Boris Johnson n’a eu de cesse de défier publiquement la stratégie européenne de Theresa May.

Figure de proue de la campagne pro-Brexit, celui dont l’ambition d’atteindre la fonction suprême ne s’est pas évanouie défend une vision optimiste d’un Royaume-Uni libéré des règles de l’UE et enfin souverain.

Le ministre de l’Environnement Michael Gove, qui se verrait bien aussi calife à la place du calife, est un pro-Brexit convaincu. Il est considéré comme la personnalité que Mme May doit convaincre en priorité pour avoir le soutien des eurosceptiques.

Ministre chargé du Brexit, David Davis a souvent menacé de jeter l’éponge à cause de ses désaccords avec la Première ministre, dernièrement parce qu’il refusait la solution envisagée par Mme May pour éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et sa voisine la République d’Irlande.

Le nouveau ministre de l’Intérieur Sajid Javid avait, lui, voté pour rester dans l’UE mais a tourné casaque depuis, se rangeant dans le camp des eurosceptiques qui refusent un accord douanier exhaustif.

– Le « cœur du Remain » –

Taxé de « coeur du Remain » par Boris Johnson, le ministre des Finances Philip Hammond a exprimé de manière répétée ses craintes de l’impact négatif sur l’emploi et la croissance qu’aurait une coupure nette des liens avec l’Europe. Les eurosceptiques l’accusent de pousser les entreprises à rendre publiques leurs propres inquiétudes.

Le ministre de l’Industrie Greg Clark a défendu l’intervention des entreprises, soulignant qu’elles apportaient « une véritable expérience sur le commerce avec l’Europe et le reste du monde, pas une vision théorique ».

– Vieux « salauds » et Rees-Mogg –

Une partie de l’aile droite du Parti conservateur, que l’ancien Premier ministre John Major avait surnommé les « salauds », combattent l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE depuis des décennies.

Mais l’europhobe qui compte le plus à la Chambre des Communes est désormais Jacob Rees-Mogg, président d’un groupe de parlementaires -l’European Research Group (ERG)- composé de 60 députés conservateurs.

Surnommé « le député du XIXe siècle » à cause de ses manières désuètes et de ses opinions socialement très conservatrices, M. Rees-Mogg veut que Mme May coupe tous les ponts avec Bruxelles faute de quoi il serait prêt à mener une cabale contre elle.

– Les mutins pro-européens –

Une majorité des députés britanniques se sont opposés au Brexit, dont nombre de députés conservateurs qui le combattent toujours.

Surnommés les « mutins » par la presse conservatrice pro-Brexit, ces députés, dont Anna Soubry, veulent conserver des liens économiques étroits avec l’UE.

Ils se sont alliés avec des députés pro-européens de l’opposition travailliste pour tenter de forcer le gouvernement à adoucir la rupture en utilisant des amendements lors de l’examen du texte de loi devant organiser le retrait de l’UE.

David Grieve a dirigé la rébellion sur le rôle du Parlement dans le processus du Brexit, avant d’y mettre fin le mois dernier alors qu’il aurait pu sévèrement fragiliser la position de Theresa May.

Ces députés ont toutefois prévenu qu’ils étaient prêts à se rebeller contre d’autres projets de lois sur le Brexit si le gouvernement n’écoutait pas leur inquiétudes.

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